Petit live report de ma soirée d'hier au Stereolux de Nantes :
SUNN O)))
Sunn O))) est un groupe dit de drone metal / drone doom dont le nom est tiré du logo d'une marque d'amplis. Pour caractériser l'effet provoqué par cette musique, les trois ))) après Sunn O))) sont ce qui se fait de plus explicite : une onde de choc. Tout d'abord on se trouve face à un véritable mur d'amplis dans un salle qu'un seul d'entre eux suffirait à sonoriser efficacement, une quantité industrielle de fumée emplit l'espace, des types à capuche genre Jedis dépressifs entrent, on sent déjà les amplis souffler à vide.
Premières notes. Tout tremble et ça va durer une heure et demi comme ça. On sait que les bouchons enfoncés au plus profond des oreilles ne sauveront rien et que sentir ses vêtements vibrer n'est pas rassurant du tout.
Le drone (ou bourdon) c'est une musique lancinante, oppressante, pas de chant, pas de batterie, juste des distorsions proches de l'abstraction totale, un bruit qui parfois vous embarque loin et par moment vous laisse en rade épuisé. On est plus proche de l'expérimentation bruitiste que de la musique. La mise en scène joue énormément, c'est totalement ritualisé.
Au niveau des images : premièrement je me suis demandé si la salle était mécaniquement en mesure d'accepter ça, s'il n'y avait pas un risque de se manger le plafond au bout d'un moment. Ensuite passée la première image de Retour vers le futur avec Marty qui vole sur le premier riff, eh bien on se dit qu'on sait ce que serait une traduction sonore du big bang, ou au moins d'une supernova, on pense au souffle d'Hiroshima, à la faille de San Andreas, à la fin du monde, à la fission atomique, à des morceaux de banquise qui s'effondrent.
Les bouchons ont sauvé ce qu'ils pouvaient. L'impression est forte car un moment je me suis laissé glisser dans la proposition et je m'interrogeais sur la capacité de ces types à porter cette radicalité, me disant qu'une telle radicalité devait pouvoir opérer aussi en écriture.
Finalement, après un concert très long (les cons ont fait un rappel...de 25 mins !), ce matin mon pote et moi-même étions totalement sonnés comme après une journée marathon dans un festival, groggys...
Je conseille vivement cette expérience, à condition d'être surprotégé, et très ouvert d'esprit. Et il faut aborder la chose plus comme une performance qu'un concert.
Je vous laisse une vidéo, pas tournée hier, mais tout à fait similaire. Quelle que soit la sonorisation dont vous disposez chez vous pour l'écouter, dites vous que par rapport à la réalité, c'est l'équivalent d'un pet de moustique face à un tremblement de terre de 8 sur l'échelle de Richter.
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