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J’ai fini le Mooc la semaine dernière.

Alors voila un premier petit retour, mais en gardant l’optique du fil de discussion. Autrement dit, il y a de nombreux autres points qui ont mobilisé mon intérêt durant ce Mooc, mais pour ce fil, je me suis limitée à certains d'entre eux qui me semblent pouvoir alimenter le "rôle d’un soignant et d'une institution de santé".
Les fonctions des classifications ne sont pas simplement médicales.
Cette partie a en quelque sorte pu étoffer les données philosophiques qui exploraient la nosologie/les entités nosologiques (cf un peu plus haut dans le fil de discussion). Ça a été un enrichissement d’avoir pu entendre que les fonctions des classifications ne sont pas
"simplement médicales et purement de connaissance. "
Des intervenants ont soulevé une autre fonction, celle de
"langage commun", qui permet à des gens de communiquer entre eux, et
" au fond d'être sûrs qu'ils parlent de la même chose quand ils parlent de certains cas".
J’y ai eu confirmation également que nous pouvons rencontrer des fonctions des classifications d'ordre plus
"biopolitique, pour gérer des populations ".
C’était particulièrement intéressant d’entendre parler de la perspective historique du DSM , où on apprend que la visée du DSM était initialement épidémiologique et que l'idée « primitive » était de créer un système qui permettait aux praticiens de correspondre entre eux. Puis d’entendre que les enjeux ne sont pas tous des enjeux cliniques, et que l’évolution du DSM a été fortement influencé par des enjeux qui occupent les Etats unis (assurances).
"et ce pour des raisons qu'on comprend mal cliniquement en France mais qui s'expliquent dans le monde anglo-saxon parce que toutes ces catégories sont des repères qui donnent des moyens aux assurances."
"C'est complètement différent aux États Unis où l'absence de sécurité sociale nationale, le rôle de payeur va être pris en charge par des assurances qui vont, pour le coup, pas du tout hésiter à encadrer fortement les pratiques médicales, donc en demandant des comptes "
Quand on chemine dans des parcours médicaux, nous ne recevons (la plupart du temps) pas cette information sur les fonctions des classifications, ce qui nous permettrait pourtant (il me semble) une prise de recul par rapport aux entités nosologiques et sans doute une utilisation quelque peu différente de celles-ci.
Comment les évènements politiques et sociaux influencent les sciences médicales ?
J’ai trouvé passionnant de mesurer combien les contextes et évènements politiques et sociaux ont pu influencer la psychiatrie. Et si le Mooc donne un aperçu historique des représentations de la folie, je reste persuadée que l’ensemble des sciences médicales et sciences (tout court) ont été et demeurent influencées par les contextes sociaux-politiques.
Exemple 1 : dans le Mooc, ils développent le contexte de la guerre froide et l’émergence d’une définition de la santé mentale en lien avec la résolution de conflits et le fait de nouer des relations harmonieuses.
Exemple 2 : le mouvement de libéralisation de la psychiatrie dans l'immédiat après-guerre, la contestation du système concentrationnaire asilaire (devenu insupportable après l’expérience des camps).
Les chutes d’idéaux, les claques et l’apprentissage du métier
J’ai été touchée par le témoignage du Dr Chemla (pour moi, très émouvant), en conclusion du cours sur les lieux de la folie.
"J'ai beaucoup appris en fin de compte des différentes claques que j'ai prises au fur et à mesure et je dirais des chutes d'idéaux en quelque sorte à chaque fois."
"C’est là que je me dis qu’il ne suffit pas de bons sentiments pour soigner la folie, ni de donner des appartements clés en main, et qu’il va falloir quand même que j’apprenne mon métier."
Oui, je trouve ces mots profondément touchants par rapport à ce qu’on peut vivre tout le long d’un parcours de soignant. Cette chute d’idéal, je l’ai vécu de l’intérieur. On peut s’enfermer dans un idéal, qui peut d’ailleurs être entretenu par un collectif. Puis un jour, réaliser qu’un individu ne rentre pas dans le cadre de cet idéal qu’on s’était fabriqué. Et qu’il va bien falloir le revoir cet idéal. Idéal pour qui d’ailleurs ? Pour soi-même ? Pour l’autre ? Et que quand on chute d’un idéal, la chute fait mal, oh oui ! Mais derrière la chute, il y a aussi l’espoir d’apprendre, de réviser son jugement, d’être plus nuancé, subtil et tolérant dans le soin.
Bon mon retour n'est pas exhaustif : le Mooc est riche, et de nombreux autres points pourraient encore alimenter le fil de discussion. C'est un premier retour; j'espère que d'autres suivront!
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