jul a écrit :ça m'a juste étonné un tel silence (de plomb), j'ai (eu) l'impression d'avoir franchi la ligne rouge...
Exactement Jul, tu as franchi la ligne rouge. On est sur AS ici ou bien. Alors couic
Non mais bon, cette question mérite qu'on se pose un peu pour répondre. Ors c'est les vacances, et il fait trop chaud pour travailler, alors forcément, on procrastine
Le clinique
Par rapport aux "signes cliniques", on va dire que la dessus, il y a une sorte de consensus mou provenant de l'observation clinique des surdoués qui consultent dans la sphère psy.
On a des listes là :
-
dans le topic : Dans quelles caractéristiques ne vous retrouvez-vous pas
- Il y a l'
inventaire de Terrassier
- Et il y a les sommaires des livres de Gauvry, JSF, Bost & Co.
Et puis il y a les travaux de Ramus et Gauvrit, qui ont à la fois utilisé des matériaux existants pour faire une synthèse des travaux scientifiques sur le HQI, et qui mènent également des travaux eux-mêmes, et ils ne trouvent rien de significatifs. Tout s’effriterait donc ?
On peut le penser. On peut aussi se dire qu'il n'y a à ce jour pas assez de données. La douance est un aspect récent dans la recherche, et pour avoir des certitudes, il ne faut pas une seule étude isolée, mais plusieurs qui concordent et dont la méthodologie est indiscutable.
Ils avouent également que leur analyse a des limites. Par exemple pour la personnalité, ils se basent sur le modèle OCEAN, qui est un modèle global. Ils indiquent donc que s'il existe des différences qui ne sont présentes que sur des axes mineurs du modèle, comme une hypersensibilité émotionnelle, elle sera noyée dans le modèle employé.
Personnellement, j'ai toujours trouvé bizarre que l'on puisse suggérer que la douance puisse être responsable de l'anxiété. En effet, que dit-on aux gens anxieux, mais pas surdoué ? On leur dit de travailler sur leurs angoisses, pour tenter de les désamorcer, de mieux les gérer. Alors quoi, le surdoué on lui dit "Mon pauvre, vous êtes mal. Il faut vous habituer, vous êtes atteint de douance, alors vous serez angoissé toute votre vie". Et bien non, on doit aussi lui dire de travailler sur ses angoisses, de la même manière.
NdR : Dans ce dernier paragraphe, vous pouvez remplacer anxiété par d'autres caractéristiques de la douance.
Pour simplifier : j'ai toujours trouvé bizarre que l'on puisse définir un portrait-robot du surdoué à partir des personnes qui consultent, tout en ayant le discours : "la douance n'est pas une pathologie". Et bien non, si l'on veut partir d'une étude clinique pour définir une catégorie de personne, l'on doit dire : toute personne présentant les signes suivants (ou X signes dans la liste des Y signes présents) sont surdoués, les autres non. Mais on ne peut pas dire : Il y a 2,3% de surdoués, soit beaucoup plus que ceux qui consultent, mais en regardant ces derniers, on doit avoir une bonne idée du portrait clinique du surdoué. Cette dernière assertion serait l'équivalent de déterminer un portrait du français moyen à partir des gens qui consultent des psys. Je pense que là, la levée de bouclier serait universelle, donc pourquoi l'accepterait-on pour le surdoué ?
Mais alors Bradeck, toi aussi tu dis que c'est du vent ? Mais mais mais... t'es modo sur AS !
Et bien non. Je ne dis pas cela. Je dis, tout comme Ramus et Gauvrit, qu'il y a des gens qui tentent de rendre la douance responsable de bien des maux, qu'il y a une pathologisation de l'intelligence. De ce que j'en comprends, leur combat est là : que l'on cesse de faire porter le chapeau à la douance, particulièrement sur des éléments qui eux méritent une attention particulières pour qu'il y ait remédiation (troubles dys, TDA/H, etc.).
Et accessoirement que l'on cesse de prendre le surdon comme excuse pour des traits de caractère. Si on a besoin d'une excuse, c'est qu'on ne les assume pas, et c'est peut-être cela qu'il faudrait travailler. Et dans cette démarche d'acceptation, si le fait de se savoir surdoué aide, tant mieux.
Pour les signes cliniques, pour avoir un avis tranché, j'ai besoin de plus de données. Par exemple, dans les ouvrages qui mettent ces caractéristiques en avant, dans l'introduction, il est dit : "J'ai remarqué que parmi les gens ayant un QI hors norme qui consultent, beaucoup présentent les mêmes caractéristiques, souvent sources de souffrances".
J'en prends une : Hypersensibilité gênante dans le quotidien.
Ce que j'aimerais bien voir, c'est : cette hypersensibilité est-elle surreprésentée dans la population surdouée qui consulte par rapport à la population non-surdouée qui consulte ?
Je dis aussi, que comme pour beaucoup de choses, cela dépend de comment on l'aborde. Exemple : l'anxiété.
Là je vais peut-être me tromper car je n'ai pas le temps de regarder les sources. Dans les études sur l'anxiété, les conclusions sont : "Les enfants HPI sont en général moins anxieux que la moyenne". Donc exit le côté : Si je suis anxieux c'est parce que je suis surdoué.
Reste qu'il me semble avoir lu dans ces études, si ma mémoire ne me joue pas des tours : "Si l'enfant surdoué est capable de percevoir plus de choses à même de l'angoisser, il a également plus de ressources pour lutter contre l'angoisse". Nous serions donc là dans un cas ou "plus par plus fait moins".
On peut ne regarder que la conclusion : moins d'anxiété.
On peut ne regarder que les différences (voire une par une) :
- perception de plus de choses à même de provoquer l'angoisse. C'est de là qu'est partie la présomption que les surdoués étaient en général plus anxieux
- Plus de ressources pour lutter contre ladite anxiété : cet élément est, à priori, moins présent chez les gens qui vont consulter pour angoisse, d'où l'erreur dans l'interprétation clinique.
L'erreur dans ce cas, même lorsque l'on a dans les mains que la partie "Le surdoué perçoit plus de choses propre à l'angoisser", est de rendre le surdon responsable de l'angoisse. Non, ce qui pêche est le mécanisme de lutte contre lesdites angoisses.
Moi de là où je suis, j'en tire la conclusion suivante :
- Le surdoué perçoit plus de choses étant à même de l'angoisser. S'il apprend bien à gérer cette émotion, l'angoisse, grâce à un environnement sain qui va l'aider à aller puiser dans ses ressources, alors il sera moins angoissé que la moyenne. Si la seconde partie pêche, il va peut-être s'en sortir tout seul, ou peut-être devenir quelqu'un de plus angoissé que la moyenne. (Mais après, je ne suis pas psy, je dis donc peut-être des grosses bêtises).
Ainsi, je ne balaye pas d'un revers de la main ces listes de caractéristiques. Je n'en fais juste pas les tables de la loi. Parfois ici l'on dit bien "dans mon entourage, il y a des gens pour lesquels je me pose la question, je mettrais ma main à couper qu'ils sont surdoués".
Là on se raccroche à l'idée que l'on se fait de la douance et de l'intelligence. C'est peut-être indicible, mais quelque part, cela marche. Et combien en sont-ils arrivé à se poser la question par ce biais. Pour qu'on vous lâche : "Vous, je vous verrais bien HQI", ce n'est pas sortit par hasard. Et l'échantillon, certes biaisé, de ce forum, nous dit que parmi ceux qui viennent sur AS et qui se posent la question, la majorité ayant passé le test ressors avec un diag+.
La neurobiologie
Après le clinique, j'ajouterai que je suis de biologiste de formation. Et je suis avant toute chose, un cérébral. Dès mes premiers pas dans la sphère de la douance, ce qui m'a frappé, et qui n'est à ce jour pas contesté, c'est qu'il y a à la fois des différences de constitutions et de fonctionnement au niveau cérébral chez les surdoués. (NdR : attention, tout comme pour le QI, nous sommes dans un continuum). Pour moi, cela a donc obligatoirement des incidences dans la vie quotidienne (je ne nous perçois que comme des machines biologiques).
On sait par exemple que le cerveau des HQIs est à la fois plus économe lorsqu'il doit exercer une tâche (il dépense moins d'énergie tout en faisant appel à plus de zones), mais également qu'il a une activité basale plus élevée (plus d'activité même lorsqu'il n'est pas en mode "résolution de tâche"). Si l'on parlait de supériorité, je pourrais dire : plus puissant et plus efficient.
Il y a également les travaux sur les complexes et les laminaires (les profils hétérogènes et les profils homogènes).
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Pour étayer mes propos en utilisant un autre sujet : le TDA est une différence comportementale, qui peut-être handicapante. On en a trouvé l'origine une anomalie neurobiologique. Donc une différence, tout d'abord perçue de manière clinique, et pour des gens en souffrance à qui l'on disait : "Tu es gentil, mais fait un effort quand même, quand on veut, on peut !", il s'est avéré que la source est une différence cérébrale.
Je ne conçois pas qu'une différence cérébrale n'ait pas d'incidence dans notre comportement. Ainsi : à différence égale, il doit y avoir des conséquences probablement proches.
Mais j'avance là dans un terrain glissant. La plasticité cérébrale montre que l'environnement, ce que l'on fait, etc.. a une incidence sur la constitution de nos réseaux neuronaux. Et nous ne sommes pas assez avancés dans ces études pour savoir ce qui est présent de naissance et le reste. Mais, à la fin de la vidéo donnée en lien par Cyrielle, M. Habib indique qu'il y a des différences qui sont présentes dès la naissance entre les surdoués et les autres. Il y a également des études qui montrent que l'évolution du cortex préfrontal est différent chez les surdoués, il s'épaissit moins vite et n'atteint sa taille finale que plus tard.
Mais à ce jour, nous ne savons pas faire le lien entre ce que l'on voit du cerveau et de son fonctionnement et la personnalité.
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D'ailleurs, en écrivant cela, je me demande si c'est souhaitable, les applications pourraient être désastreuses... cela me rappelle bienvenue à Gataca dans un autre genre
Le QI
J'avouerai ne pas bien te comprendre, surtout parce que tu as ajouté :
Ne serait-il pas judicieux de mettre ce concept entre parenthèses et n'en faisant plus usage, le temps d'avancer sur la question, et s'en tenir aux seuls résultats statiques afin d'apporter un éclairage sur les points forts et points faibles d'une personne.
Un peu comme l'idée d'une fiche technique objective, ne retenant que le système de graduation: Très faible (jusqu'à 69), Faible (70-79), Moyen faible (80-89), Moyen (90-109), Moyen fort (110-119), Elevé (120-129), Très élevé (130 et plus...).
C'est déjà, normalement, ce qu'il se passe. Si on a plusieurs subtests, c'est pour cela. Mais voilà, le néophyte veut avoir son QI, parce qu'à placer en conversation, c'est plus difficile de parler d'IRP, d'ICV, d'IVT et d'IMT que de QI.
Mais c'est de par du mauvais usage du QI qu'il y a le discours, non pas de l'abandon total du QI, mais de réserver son usage aux spécialistes, ceux qui savent ce qu'il recouvre.
Quand à ton idée de la fiche technique objective avec des intervalles : nous sommes ici dans un lieu où l'on parle majoritairement de douance, donc nous ne regardons que l'intervalle au-dessus de 130 (avec parfois l'idée de continuer : 145, 160, 175...). Mais cette notion d'intervalle est présente dans la courbe de Gauss :
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http://melanie-rodriguez.fr/wp-content/ ... ormale.jpg[/thumbnail]
Déjà : arrêtez avec le truc : A 129 je ne suis pas surdoué, à 131 oui. Ce n'est pas un argument contre le 130, c'est un argument contre la mesure elle-même et ses intervalles, car on peut le ressortir à n'importe quelle borne de n'importe quel intervalle.
Et cette "limite arbitraire" ne l'est pas vraiment. On a l'impression car le 130 n'est pas utilisé universellement, mais il correspond à 2 écarts types, ce qui est une justification en soi largement suffisante pour l'employer plutôt qu'autre chose. Quant-à la phrase de Gauvrit, il faut la prendre pour ce qu’elle est : à gauche on parle de pathologie, et donc là il faut fixer une limite, à droite, on ne parle pas de pathologie, donc c'est moins important.
Mais si l'on veut étudier le surdon, un moment il faut bien une définition, et la définition consensuelle est : QI > 130 (maintenant peut-être plus IAG > 130)
Et peut-être qu'en l'étudiant, à un moment on arrivera à nous dire qu'au final, il n'y a rien derrière si ce n'est "un cerveau plus puissant et plus efficient"

Ce qui en soit peut être intéressant. Cela peut déboucher sur des catégories de métier à priori plus approprié.
Pour faire une analogie foireuse : Si le cerveau du surdoué est un cerveau de compétition, il est "mal employé" lorsqu'il n'est pas sur un circuit.
NdR: j'utilise le terme compétition dans le sens : qui ne peut s'exprimer pleinement que dans des conditions bien particulières. Pour moi une voiture de compétition (F1, de rallye, de 24h du man) n'est en rien supérieure à ma voiture quotidienne. La voiture de compétition coûte plus cher à l'achat et à l'entretien, ne roule bien que sur des circuits adaptés et si on lui fournit des éléments au top, enfin bref, c'est une voiture
casse couilles, mais qui, dans un environnement adapté et avec un pilote de qualité, peut procurer des sensations sans pareilles.
Et je ne vais pas revenir sur le fait qu'il n'y ait pas d'effet de seuil, c'est la même chose dans quasiment tout ce qui est mesurable. Quand on va faire une prise de sang pour regarder la glycémie, on a bien : si vous êtes en dehors de l'intervalle x < taux < y, il y a un problème allez voir votre médecin (mince, à y-1 je ne suis pas malade, à y+1 je suis malade

)
Enfin, la fin
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Ouf, il commençe à nous saouler l'autre là, avec son post interminable
Je ne sais pas si tout le monde ici s'est un jour posé la question dans les termes que tu emploies Jul.
Reste qu'il me semble que beaucoup de ceux qui ont cheminé le long de ce questionnement (suis-je surdoué ?) ont un moment pris du recul lors de la "digestion du résultat", pour en arriver à une conclusion que la douance, qui un moment fut si importante, voire dévorante, dans leur esprit, n'est au final une part de ce qu’ils sont. C'est un élément qui n'a d'importance que dans le sens où cela colore leur approche de la vie, mais qui n'est pas l'élément déterminant, ni la source première de tous les maux.
Mais pour s'en rendre compte, il faut tout d'abord avoir voulu la rendre responsable de quelque chose, et fouiller pour se rendre compte qu'au final, ce n'est pas si sûr.
Chacun en arrive à avoir une image personnelle, un peu comme l'intelligence (bizarre autant qu'étrange, non ?).
On peut arriver à la conclusion qu'en effet, le surdon provoque des manifestations cliniques qui nous correspondent. On s'était posé la question à cause de ces manifestations cliniques, qui quelque part nous posent suffisamment question pour qu'on souhaite en trouve la cause. Puis on se découvre surdoué, cela explique. Cela permet surtout par la suite de mieux les assumer, et donc d'aller mieux. Donc :
Intelligent ET heureux (ce cheminement peut être identique même si l'on ne se reconnait pas dans les caractéristiques du surdoué, en fait).
On peut arriver à la conclusion que le HPI, c'est gentil mais dans les faits ne correspond à rien d'avéré (au niveau clinique), qu'on ferait mieux de juste parler de ce pourquoi on se pose la question au lieu de focaliser sur le QI.
Pour moi, à ce jour, nous n'avons en fait que des éléments partiels en ce qui concerne les caractéristiques cliniques communément associée à la douance. Et selon la position de l'interlocuteur d'en face, je peux jouer les avocats du diable et dire que la douance, c'est n'importe quoi, ou inversement. C'est super pratique

Mais en vrai, le fait que je sois ici, violet en plus, c'est un élément pour dire que j'y crois un peu quand même, mais que j'ai dépassé le stade de : "C'est la faute à la douance si ceci et cela", tout en considérant que la douance est un des éléments constitutifs de l'identité. (Il me semble que souvent, adulte, la recherche de la douance fait partie d'une quête identitaire, ou tout du moins d'un questionnement touchant à l'identité).
Je modérerais cela pour les enfants : Pour les enfants, on utilise aussi le terme de précocité, car sur certains aspects, ces enfants sont en avance. Ors, dans l'enfance, toute différence trop marquée peut servir de prétexte de rejet. Je ne peux pas véritablement m'exprimer là dessus, n'étant pas parent. Je sais que je tiens le discours : "Le principal en tant que parent est de tenir compte de la personnalité entière de votre enfant, de ne pas focaliser sur la précocité". Cela ne veut absolument pas dire ne pas en tenir compte.
Nous avons beaucoup de témoignages ici, de personnes qui même si elles n'ont pas souffert dans leur enfance, étaient malgré tout "hors norme". Si j'enlevais tout mon discours précédent, rien que pour cela, la douance, j'y crois, car il y a bien des enfants qui sont ostracisés et qui souffrent uniquement à cause de cette particularité. (Et il se trouve que cette particularité ne s'efface pas avec l'âge.)
Et dans cette adversité, c'est la manière dont on réagit, mais aussi dont l'entourage réagit, enfin tout ce qui fait notre environnement, qui va influer sur le devenir de notre personne. C'est dans ce sens où je dis aussi que la douance n'est responsable de rien en elle-même, car je pense que tout comme pour l'anxiété, elle nous fournis les armes pour lutter contre ses "inconvénients". Mais cela peut ne pas suffire lorsque l'environnement nie ce que nous sommes.
Personnellement, dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres : Je ne perçois que l'immensité des choses que je ne connais pas. (Histoire d'être taquin, il paraît que c'est un signe d'intelligence, vite, il faut le mettre dans la liste

)
En raison du manque d’intérêt suscité, la journée de demain est annulée (Ministère du nihilisme)
Pour raison d'économies, la lumière du bout du tunnel va être éteinte (Ministère du budget)