C’est une problématique auquel on a tous, je pense, été confronté plus ou moins directement : la notion de supériorité intellectuelle qui se rattache au fait d’être surdoué. Pourtant, il est plutôt admis sur AS que la douance n’a rien à voir avec une quelconque supériorité : il s’agit avant tout d’une différence, et ça n’a pas sa place sur une échelle quelconque.
Seulement voilà, une échelle il y en a bien une, et c’est même celle qui sert à définir si oui ou non on est surdoué : l’échelle de QI. Alors on peut argumenter pendant des heures sur le fait que le QI ce n’est pas l’intelligence, que la supériorité intellectuelle c’est autre chose, qu’il y a 17,4 intelligences différentes, et le quotient émotionnel, et, et que mon larousse il dit que, mais le fait est que le surdoué se définit de la manière la plus pragmatique qui soit en une supériorité en terme de score par rapport au non-surdoué, score qui correspond à une valeur de QI, valeur qui tends à représenter le mieux possible ce que l’on entend communément par « intelligence ».
Au-delà de cet aspect purement chiffresque, c’est quelque chose que l’on peut également retrouver dans bon nombre de comportements autour de soi. Je vais raconter un peu ma vie, mais autant illustrer par des exemples, et je vous invite par ailleurs à faire de même. C’était à l’IUT, à la restitution des résultats d’un partiel de thermodynamique, matière particulièrement ardue pour tout le monde, à laquelle j’avais miraculeusement réussi à avoir un 20/20 (le prof était généreux). J’étais à cette époque (et toujours maintenant, je l’avoue) considéré un peu comme un branleur, puisque toujours à faire le con au fond de la classe, et la première de promo est venu vers moi me lancer avec un air un peu dégouté par son 16/20 ayant nécessité facile 4 fois plus de travail que moi « Pff, j’aimerais trop avoir un cerveau comme le tiens ». Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres, que j’ai perçu comme une forme de jalousie. Je suscitais la jalousie comme si j’étais plus riche, plus beau, plus populaire, plus quelque chose. Un « plus » que je vois en parfaite adéquation avec cette notion de supériorité qui va avec le fait que 130 c’est supérieur à 100. Cette même notion de supériorité qui rendait si fière ces mamans d’enfants EIP au conseil de classe au collège. Cette même notion de supériorité qui voit des gens s’émerveiller devant un documentaire sur des petits génies au QI à 4 chiffres qui connaissent toute les communes de France par cœur.
Et si à un moment on s’aperçoit que d’un point de vue purement factuel il y a une notion de supériorité dans la douance et que dans la manière dont celle-ci est perçue par autrui, une même notion de supériorité ressors également, est-ce qu’il est vraiment pertinent de laisser la bien-pensance nous interdire cette notion ? Est-ce qu’il est vraiment pertinent de refuser de se considérer comme supérieur intellectuellement parlant pour la simple raison que ce n’est pas politiquement correct ? Peut-être serait-il plus judicieux de réfléchir à ce qui est, plutôt qu’à ce qu’on voudrait voire être.
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