J’ai écrit ce livre depuis la perspective de quelque qui a le syndrome de stress traumatique complexe (CPTSD), and qui a ressenti une grosse réduction de ces symptomes au fil des années. J’ai aussi écrit ce livre du point de vue de quelqu’un qui a découvert énormément de subtilités lors de ce long, chaotique et orageux chemin de guérison. J’ai également observé ce genre de guérison chez un bon nombre de mes amis et de mes clients fidèles.
D’abord, les bonnes nouvelles concernant le CPTSD. C’est un ensemble de réponses apprises, et un échec dans l’accomplissement d’étapes de développement importantes. Cela veut dire que c’est environnemental et pas génétique. En d’autres termes, contrairement à la plupart des autres diagnostiques avec lequel on le confond, le CPTSD n’est ni génétique ni un trait de charactère. C’est un trait appris. Ce n’est pas dans votre ADN. C’est un trouble causé par le lien social (ou plutôt son absence), pas par la nature.
C’est une particulièrement bonne nouvelle parce que ce qui est appris peut être désappris, et vice-versa. Ce que vos parents ne vous ont pas fourni peut être apporté par vous-mêmes et pas d’autres personnes.
La guérison du CPTSD a d’importants composants relationnels et de développement personnel. Cet élément relationnel vient d’auteurs, d’amis, de partenaires, de professeurs, de thérapeutes, de groupes thérapeutiques et d’une combinaison de tout cela. J’aime appeler le ré-élevage en comité [NDT : « reparenting » en anglais, « refaire le travail de parent »].
Je dois cependant mettre en avant que certain survivants de familles générant du CPTSD ont été tellement profondément trahis par leurs parents qu’il peut leur falloir un temps très long avant qu’ils puissent faire suffisamment confiance en une autre personne pour commencer le travail relationnel de guérison. Lorsque c’est le cas, les animaux, les livres et les sites web thérapeutiques peuvent fournir un important travail de guérison relationnel.
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Ce livre décrit une approche multimodale de traitement du CPTSD. Il est orienté vers la forme la plus courante du CPTSD, qui vient de grandir dans une famille sévèrement abusive et/ou négligeante. Dans cet esprit, le livre décrit un voyage vers la guérison des dégâts qui résultent de souffrir d’abus traumatique et d’abandonnement. L’abus traumatique et l’abandonnement peut survenir de façon verbale, émotionnelle, spirituelle et/ou physique. Les abus sexuels sont particulièrement traumatisants.
Je crois qu’on fait face à une épidémie de familles traumatisantes. Les estimations actuelles sont qu’une fille sur trois et qu’un garçon sur cinq sont sexuellement abusés avant d’entrer dans l’âge adulte. Des statistiques récentes de la Kim Foundation rapportent que 26% des américains de plus de 18 ans sont diagnostiqués avec un trouble mental.
Quand l’abus et la négligence sont suffisamment sévères, un seul élément peut causer seul le développement du CPTSD chez un enfant. C’est le cas également de la négligence émotionnelle si les deux parents y participent comme nous le verrons au chapitre 5. Quand l’abus et la négligence est multi-dimensionnelle, la sévérité du CPTSD s’aggrave également. [NDT : Le chapitre 5 souligne que si un des parents, ou un adulte, est une source de sécurité et de soutien pour l’enfant, il peut être largement épargné même si les autres adultes sont nocifs].
Définition of Complex PTSD
Le CPTSD est la forme la plus sévère de syndrôme de stress post-traumatique (PTSD). Il se distingue de son cousin plus connu, le PTSD, par cinq éléments : les flashbacks émotionnels, la honte toxique, l’auto-abandonnement, un critique interne vicieux et l’anxiété sociale.
Les flashbacks émotionnels sont peut-être la charactéristique la plus facile à reconnaître du CPTSD. Les survivants d’abandonnements traumatiques sont très susceptibles de vivre des flashbacks émotionnels douloureux, qui n’ont typiquement pas de composants visuels. Le PTSD en a souvent.
Les flashbacks émotionnels sont des régressions bruques et souvent prolongées vers les états-émotions provenant des épisodes ou on était abusé ou abandonné enfant. Ces états-émotions peuvent comprendre une panique qui nous dépasse, de la honte, de l’aliénation, de la rage, de la peine et de la dépression. Ils comprennent des déclenchements inutiles de notre réflexe de fuite/lutte.
Il me semble important de préciser que les flashbacks émotionnels, comme la plupart des choses dans la vie, ne sont pas tout-ou-rien. Les flashbacks varient en intensité de subtil à horrible. Ils peuvent durer quelques instants ou des semaines jusqu’à évoluer dans ce que nombreux thérapistes appellement une régression.
Finalement, une description plus clinique et extensive de la définition de CPTSD peut être trouvée page 121 de l’ouvrage de référence Trauma and Recovery de Judith Herman.
Exemple d’un flashback émotionnel
Alors que j’écris ce texte me revient le premier flashback émotionnel que j’ai identifié, même si je ne l’ai identifié que 10 ans après l’épisode. A l’époque, je vivais avec ma première partenaire sérieuse. La lune de miel de notre relation s’arrêta brusquement lorsqu’elle commença à me crier dessus sans crier gard, pour une raison que j’ai oublié. Je me rappelle en revanche comment ses cris m’ont fait me sentir. Comme un vent brûlant et violent. J’ai eu l’impression d’être soufflé au loin- comme si mes entrailles étaient balayées comme on balaie la flamme d’une bougie.
Plus tard, lorsque j’entendis parler pour la première fois d’auras, je me rappelai brusquement cet épisode, et il me sembla que mon aura m’était arrachée complètement.
A l’époque, je me retrouvai totalement désorienté, incapable de parler, de répondre ou de penser. J’étais terrifié, tremblant et me sentais minuscule. A un moment, je parvins à passer la porte d’entrée, à quitter la maison et je parvins à retrouver mes esprits lentement.
Il me fallut dix ans pour comprendre que ce phénomène dérangeant était un flashback émotionnel intense. Je compris quelques années plus tard la nature de ce type de régression. Je compris que c’était un flashback vers les centaines de fois ou ma mère, le visage tordu par une rage meurtrière, m’explosait sa rage à la figure jusqu’à ce que je me sente honteux, terrifié, abandonné sans secours possible et que je dissocie.
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Les flashbacks émotionnels sont aussi accompagnés d’excitations intenses du réflexe de fuite/lutte accompagnés d’une activation excessive du système nerveux sympathique, la moitié de notre système nerveux qui contrôle l’excitation et l’activation. Quand la peur est l’émotion dominante d’un flashback émotionnel, la personne se sent anxieuses, paniqués et même suicidaire. Quand le désespoir domine, un sens profond de déconnection, de paralysie, et de désespoir.
On se sent souvent petit, jeune, fragile, sans pouvoir et sans soutien lors d’un flashback émotionnel, and tous ses symptômes sont typiquement ajoutés à une honte toxique humiliante et écrasante.
La honte toxqiue : le vernis d’un flashback émotionnel
La honte toxique est explorée par John Bradshaw dans son livre Healing the shame that binds. Elle réduit en poussière l’estime de soi d’un survivant de CPTSD en la remplaçant par le sentiment qu’il est ridicule, moche, stupide et qu’il a des défauts impardonnables. Un écrasant sentiment de dédain envers lui-même est un flashback typique vers les ressentis qu’il a eu lorsqu’il souffrait du dédain et de l’embrochement visuel de ses parents traumatisants. Une honte toxique peut aussi être créée par une négligence parentale récurrente et par les réjections.
Au début de ma carrière j’ai travaillé avec David, un élégant gentleman, intelligent, et qui était un acteur professionnel. Il débarqua un jour après une audition échouée. Hors de lui, il s’exclama : « JE ne le dis jamais à personne, mais je sais que suis vraiment moche. Je suis un imbécile à essayer d’être un acteur alors que me regarder est si dégoûtant ! » Je n’oublierai jamais le sentiment de choc et d’incrédulité que je ressentis, à voir une personne si belle qui se sentait moche, mais notre conversation m’offrit des clés de compréhension.
L’enfance de David avait été charactérisée par un large ensemble d’abus et de négligence. Il était le petit dernier non désiré d’une grande famille, et son père alcoholique l’attaquait et le regardait régulièrement avec mépris. Pire : les autres membres de la famille se mirent à imiter le père, et se mirent à l’humilier régulièrement avec de grosses doses de dédain. La remarque préférée de son grand frère : « je n’arrive pas te regarder, ça me donne la nausée ! ».
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La honte toxique peut détruire l’estime de soi en un clin d’œil. Dans un flashback émotionnel vous pouvez régresser immédiatement à vous sentir et vous pensez sans importance et dédaignable, comme votre famille vous percevait. Quand vous êtes coincés dans un flashback, la honte toxique se transforme en une aliénation douloureuse du mélange d’abandon, un cocktail bouillant de honte, de peur et de dépression.
Le mélange d’abandon [abandonment mélange] est la peur et la honte toxique qui nous entourent et qui interagissent avec la dépression de l’abandon. La dépression d’abandon elle-même est le sentiment mortel de désespoir et d’impuissance qui est infligée aux enfants traumatisés.
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La honte toxique nous empêche de rechercher confort et soutien. Lorsque nous répétons les scènes d’abandon de notre enfance via un flashback, nous avons tendance à nous isoler et à nous rendre sans combat à un sentiment écrasant d’humiliation.
Si vous êtes bloqué à vous sentir sans valeur, défectueuse, ou méprisable, vous êtes probablement dans un flashback émotionnel. C’est aussi typiquement vrai lorsque vous vous trouvez perdu dans un cycle de haine de soi, et d’auto-critique virulente. Des techniques immédiates pour gérer ses flashbacks émotionnels se trouvent au début du chapitre 8 avec les 13 étapes pratiques pour résoudre des flashbacks.
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De nombreux clients répondent sur mon site pour me dire que le concept de flashback émotionnel leur a apporté un sens d’apaisement. Ils racontent qu’ils sont capables pour la première fois de donner du sens à leur vie troublée. Une remarque régulière est : « maintenant je comprends pourquoi toutes les approches psychologiques et spirituelles que j’ai entamé m’ont apporté si peu de réponses ». Beaucoup indiquent aussi se sentir libéré d’une liste humiliante de mauvais diagnostics qu’ils se sont donnés et que d’autres leurs ont donné. Au contraire, cela les a aidé à arrêter la pratique auto-destructrice qui consiste à amasser des preuves de leur propre défectivité ou folie. Beaucoup ont rapporté un saut de géant dans leur motivation à se défaire de ses habitudes de haine de soi et de dégoût de soi.
Liste de symptômes courant de CPTSD
Les survivants ne vivent pas forcément tous ses symptômes. En général, on retrouve des combinaisons variées, dépendant de votre type de 4F et des schémas d’abus et de négligence de votre enfance.
Flashbacks émotionnels
Un critique intérieur ou extérieur tyrannique [NDT : le critique intérieur est cette voix dans votre tête qui vous dit combien vous êtes inutiles et sans valeur. Le critique extérieur s’attaque aux autres, en expliquant combien ils sont méchants, inutiles, etc.]
La honte toxique
L’auto-abandon
L’anxiété sociale
Un sentiment répugnant de solitude et d’abandon
Une estime de soi fragile
Des problèmes relationnels
Un développement arrêté [NDT : ne pas être passé par toutes les étapes de développements de l’enfant]
Des difficultés affectives
Des changements d’humeur radicaux (eg, pseudo-cyclothymie. voir Chapitre 12)
La dissociation par des activités distrayantes et des procédés mentaux
Une réponse de fuite/combat qui se déclenche très facilement
L’idéation suicidaires [NDT : l’idéation est l’acte de créer des concepts ou des idées]
L’idéation suicidaire
L’idéation suicidaire est un phénomène commun de CPTSD, particulièrement durant des flashbacks intenses ou prolongés. Elle s’exprime par des pensées et des fantasmes ou l’on souhaite mourir. Cela peut aller des idéations passives aux idéations actives.
Les idéations passives sont les plus communes aux survivants de CPTSD que j’ai connu, et vont de souhaiter être mort à fantasmer sur des façons de mourir. Perdu dans leurs idéations de suicide, les survivants peuvent même prier d’être délivrés de cette vie, ou fantasmé sur un accident calamiteux et libérateur. Il peut même penser obsessivement (sans le considérer sérieusement) à marcher devant une voiture ou sauter d’un immeuble.
Ces fantasmes se terminent sans intensions sérieuses de se tuer, par opposition à l’idéation active ou la personne agit dans la direction de prendre sa vie.
Je parle ici d’idéation passive parce qu’elle ne demande pas le même type d’inquiétude que l’idéation active. L’idéation passive est typiquement un flashback vers la petite enfance ou notre sentiment d’abandon était si profond qu’il était naturel pour nous de souhaiter que Dieu ou quelqu’un vienne y mettre fin.
Quand le survivant remarque qu’il se trouve dans une rêverie suicidaire, il a intérêt à le voir comme un symbole de la douleur dans laquelle il se trouve, et comme un signe d’un flashback particulièrement intense. Il peut donc se diriger vers le chapitre 8 et les étapes de gestion d’un flashback.
Si ces étapes n’aident pas, et que les sentiments suicidaires deviennent plus actifs, appelez s’il vous plaît une ligne téléphonique d’aide, ou trouvez des ressources sur internet. C’est un flashback pour lequel vous avez peut-être besoin d’aide à contrôler, et vous trouverez un soutien solide.
Les thérapeutes et personnes de soutien compétents apprennent à différentier entre les idéations passives et actives, et ne paniquent pas lorsqu’ils rencontrent des idéations passives. Au contraire, la conseillère va inviter la survivante à explorer ses pensées suicidaires et ses sentiments en sachant que dans la plupart des cas, vocaliser à voix haute la douleur derrière le flashback va résoudre les idées suicidaires. Dans le cas moins courant d’idéation active, vocaliser le problème aide le thérapeute à estimer si le risque est réel et si des actions doivent être entreprises pour protéger la survivante.