samjna a écrit :rien ne t'empêche de développer cet aspect de ton coté - je serai ravi de lire ça - si tu penses que les autres ne le font pas ou bien pas assez vite ou bien pas assez bien...
Merci.
Tu as du zapper mon texte (en page 1 de ce fil), où j’avais repris un exemple tiré d’un autre fil.
Là il était question d’un malentendu quant à la "souffrance", et la façon dont chacun a de s’en faire une idée qui pour moi ne peut
que provoquer des malentendus. Je remets donc le raisonnement (un peu amélioré) :
Disons que la vie à fait que j'ai beaucoup souffert et toi peu.
Je prétends qu’on ne pourra que très difficilement parler toi et moi de la même chose en parlant de souffrance et qu’on ne pourra aboutir qu’à un malentendu, parce que tu ne comprendras jamais ma souffrance à moi.
Tu ne comprendras pas la part que la souffrance peut arriver à faire dans ma vie, voire de ma vie, parce qu’au sein de ma façon de voir les choses, de voir le monde, la souffrance prendra une part infiniment plus grande chez moi que chez toi.
… et comme toutes les choses sont en interaction dans la pensée, n’importe quel modification d’un repère de pensée entraîne un (ré)aménagement des autres. Aussi un type qui n’a jamais souffert ne peut pas voir le monde avec le même œil qu’un autre qui est plongé dans la souffrance. C’est comme ça.
(
et il en est de même pour tout autre repère de pensée)
Tu pourras bien imaginer les pires souffrances, ça restera dans le cadre de ton imagination et non par rapport à ce que tu ressens et ce que tu connais toi, de la souffrance.
Et là, j’avais pris pour illustrer un exemple certes extrême mais parlant, celui de l'aveugle.
Ça fait peur à tout le monde
être aveugle ; les types disent : tout mais pas ça... mais ça reste de l'imagination. Les gens qui deviennent aveugles par exemple, passent évidemment un très mauvais moment, mais ensuite le fait est qu’ils s'habituent (un peu), c’est comme ça (
disons qu'ils s’habituent plus ou moins).
Mais le type qui a peur d’être aveugle lui, en général et même en imagination, il n'imagine pas jusque là : il imagine non pas ce que ça pourrait être d’être aveugle, mais la souffrance qu’il aurait lui
de passer de l’état de voyant à celui d’aveugle. Et ça, forcément, il trouve ça abominable, ça lui fait très peur.
… et du coup, quand un aveugle parle de la souffrance d’être aveugle, son interlocuteur a de bonnes chances de parler lui de la peur d’être aveugle.
Malentendu.
Ce type de malentendu (
celui de la souffrance plus généralement pour y revenir) est causé par le décalage entre le terme de souffrance en matière de communication et l’emploi du concept de souffrance en terme de pensée. On croit qu’on parle de la même chose mais la communication est basée sur le sens commun quand le travail de la pensée est justement d’aller au delà. Ça veut dire que s’il fallait expliquer jusqu’où chacun va en terme de pensée, il faudrait s’arrêter sur chacun des termes quon emploie... puisque chaque terme est relié aux autres dans chaque univers mental.
... autant dire que ça pourrait prendre un moment !
Aussi la seule façon d’avoir une chance d’échapper au malentendu, c’est en gros d’être capable de comprendre à peu près la totalité de la façon de penser de l’autre. C’est d’ailleurs précisément le genre de truc qu’on demande aux étudiants en philosophie (par rapport aux philosophes).
Et moi, je prétends que c’est valable pour n’importe qui, dans la mesure où chacun a sa propre vision du monde, vision qu’il envisage comme cohérente (
quoi qu’en pensera son voisin).
Bref, le problème du malentendu, c’est celui de l’incompréhension.
(
sinon on parle de simple quiproquo)