je suis inscrit sur ce forum depuis quelques jours seulement mais il me tardait vraiment de pouvoir débattre et échanger avec vous autour de sujets divers. En fait, j'aimerais pouvoir partager ici une réflexion que je me suis faite; je ne crois pas avoir trouver un topic semblable ici ( mais peut-être n'ai-je pas été assez rigoureux dans ma recherche^^). Je serais heureux d'entendre vos avis sur la question, car je ne suis pas du tout certain de ce que j'affirme. C'est vraiment spéculatif. Si j'ai quelque part un peu raison, je pense qu'on pourrait en tirer des enseignements intéressants dans la façon de gérer le diagnostic de surdoué.
Je me lance donc :
Pour qu'une catégorie soit pertinente, il faut non seulement que les éléments qui la composent présentent des traits communs mais aussi qu'il existe une différence significative (en terme de grandeur et d'intérêt explicatif) entre eux et ceux qui n'appartient pas à cette catégorie. Or, du point de vue de la douance, s'il est plutôt clair que des éléments communs existent, les différences sont plus subtiles. J'ai été frappé en lisant le topic "un surdoué, c'est quoi?" de voir les difficultés qu'il y avait, in fine, à bien saisir la notion. De toute évidence, si on compare un THP avec l' "homme moyen" (aucun sens péjoratif), des différences criantes dans le type de fonctionnement feront jour. Mais on tombe justement trop facilement dans ce piège et on voit souvent affirmer des choses comme : "un problème qu'un non-surdoué aurait du mal à résoudre serait facilement compris par un surdoué", "là où un non-surdoué ne voit rien, un surdoué observe une multitude de choses", etc. Comme si la réalité était aussi simple! Comme s'il n'existait que deux alternatives! Dans les faits, il existe une multitude de types de fonctionnement, une multitude d'intelligences, de caractères émotifs, etc. Et de ce fait, les frontières entre douance et non-douance me semblent plutôt poreuses. Et en un sens heureusement... il serait étrange de savoir que l'humanité est scindée de la sorte. Alors, y a-t-il vraiment un fondement naturel au concept de surdoué?
Sauf erreur de ma part, la douance est un concept récent. Selon Wikipédia, le mot "surdoué" est apparu en 1946. Et je me demande : l'apparition du concept de surdoué concorde-t-elle avec la découverte d'un phénomène (aux fondements biologiques) bien précis (un peu comme la découverte de l'oxygène)? Ou bien, découle-t-elle d'une logique sociale? En fait, il me semble que, tout comme le concept de "déficience mentale", celui de douance exprime le besoin des sociétés de nommer des catégories qu'elle a du mal à intégrer. Mais de ce fait, le contour de ces catégories n'est pas "ontologiquement" fondé. L'a-normalité du surdoué comme celle de l'handicapé n'est pas écart à une norme de l'humain conçu de façon abstraite mais relativement à l' "homme moyen" dans une société et une époque données. On ne doit penser la déficience (comme son pendant, la douance) qu'en tant qu'elle désavantage certains individus pour accomplir leur vie sociale (entendu dans un sens très large de vie en société), non en tant qu'elle décrit un handicap absolu. C'est la société qui nous a appris à penser en terme de douance. Et comment ne pas lire (en partie) la délivrance du diagnostic dans une logique de reconnaissance ou de reconstruction de l'identité sociale?
On m'objectera sans doute qu'il y a des fondements neurobiologiques à ce phénomène. Je n'ai pas les connaissances pour répondre de façon appropriée à cette dernière objection. Cela dit, la découverte de ses fondements est venu après la création du concept de douance. On a vu qu'il y avait bien quelque chose qui se passait au niveau de cerveau. Mais ça ne veut pas dire qu'il existe une différence significative entre 2% de la population et le reste (comme on peut le lire sous la plume de certains journalistes). Il y a sans doute des fondements du même type à un caractère irritable, on ne crée pas pour un concept qui recouperait x% de la population, appelé les "irritables". Mais je ne maîtrise pas assez la question pour m'étendre plus
![ne sait pas :nesaitpas:](./images/smilies/dontknow.gif)
Une objection, moins forte à mon sens, serait de dire qu'il y a une différence claire entre surdoué/non-surdoué définie par la barre des 130 au test de QI. Mais si cette différence n'est pas rattachée à un phénomène concret, elle n'est pas significative d'un point de vue explicatif ou heuristique. Il ne suffit pas de prendre une tranche numérique sur l'échelle de QI (par exemple, de 110 à 120) pour dire qu'on tient là une catégorie intéressante.
Voici mon hypothèse : le concept de "surdoué" renvoie moins à une distinction naturelle (au sens de possiblement intéressante pour un biologiste, en dépit des fondements neuro de la chose) qu'à une étiquette sociale. Je précise bien que je ne veux absolument pas dire que rien de pertinent ne se cache derrière ce qu'on appelle la douance. Ce serait aller contre le bon sens. Quelque chose est bien en jeu derrière la douance. Mais c'est pourquoi avoir créé une catégorie qui me questionne.
Cela dit, j'avoue ne pas réussir à anticiper vos réactions
![Sweating :sweat:](./images/smilies/emoticon-0107-sweating.gif)