Le clinicien regarde le fonctionnement d'un individu, je pense qu'il est essentiel de se rappeler que l'outil psychométrique est avant tout un outil clinique, destiné à l'observation d'une personne. Le HP recouvre des réalités et individus extrêmement différents en terme de capacités, stratégies, personnalités (sinon, il n'y aurait pas de subtests et un seul indice aux échelles).
"Les surdoués", de fait, est rarement suffisamment fin en terme de catégorie pour y corréler quoi que ce soit d'autre. L'intelligence est multi-déterminée, et dynamique (on n'utilise pas les mêmes stratégies cognitives selon les contextes, situations, motivation...). Une fois cela posé, comment imaginer d'une mesure figée d'un indicateur qui regroupe des tas de déterminants qu'elle puisse être reliée fiablement à quoique ce soit d'autre? Je trouve que ce n'est pas prendre la question par le bon angle, ni le bon modèle.
Après, moi j'ai de souci avec personne ni avec aucune théorie.
Sauf que je pense essentiel de préciser le cadre dans lequel on affirme quelquechose.
Si c'est un cadre scientifique, eh bien il faut que ce qui est décrit provienne bien d'une démarche scientifique, de concepts scientifiques. Ce n'est pas parce que quelquechose ne se mesure pas qu'il est automatiquement exclus du cadre scientifique. Il n'est pas question de méthode, ni de résultats, mais de méthodologie. De démarche. Par exemple, une publication ne vaut pas consensus scientifique... et une étude scientifique ne peut pas être "sans appel". C'est un des éléments de définition de la démarche scientifique : l'hypothèse doit pouvoir être réfutée. On n'est jamais "certain", on a "un niveau de consensus et de preuves qui fait que statistiquement c'est très probable".
Les auteurs grand public sont des... auteurs. Ils avancent des hypothèses, ce qui peut être très stimulant, très intéressant. Ils peuvent faire avancer. Malheureusement, ils peuvent aussi faire reculer, en diffusant de l'information incorrecte en la prétendant vérité, et du coup en prônant et faisant accepter par des professionnels ou des décideurs politiques des choix non pertinents dans les prises en charge. Et pour moi, là, il cessent d'être des scientifiques en sortant de la démarche et de sa déontologie.
Sur l'arborescence : Je n'ai pas encore rencontré quelqu'un qui ne réfléchit pas en arborescence dans le sens JSFien du terme, personnellement. Je n'ai pas non plus trouvé au cours de mes études de modèle scientifique des fonctions cognitives qui la décrive (mais si tu as des sources, je prends!!). Le fonctionnement de la mémoire de travail et des apprentissages nous montre plutôt qu'on a tendance à fonctionner en séquençant, puis en appariant nos apprentissages séquencés pour les assimiler à des expériences passées stockées dans la mémoire à long terme (analogies et associations). Ça, je comprends. Arborescence, je ne comprends pas. (pour le moment, qui sait?) D'ailleurs, il y a un topic sur l'arborescence où on tente à plusieurs de définir ce contour...et c'est pas clair!
Autre exemple :
Moi aussi je discute avec des surdoués autour de moi. Moi aussi je peux observer des points communs.
Mais comment identifier et évaluer l'impact des biais suivants, parmi d'autres :
- mes biais perceptifs, notamment mon biais de confirmation
- le fait que ce sont des amis (même zone géographique, mêmes intérêts, même milieux sociaux)
- le fait qu'ils ont été diagnostiqués, donc qu'un jour qqchose ou qqun les ait envoyés passer un wechsler..
Dire : les HP diagnostiqués autour de moi semblent tous être "caractère A" ou "capacité B", et déduire "les HP sont qualitativement différents des pas HP"... s'pas pareil.
Et puis pourquoi vouloir absolument en sortir une règle/conclusion générale? quel est l'intérêt? (le questionnement des buts et intentions est souvent révélateur

)