Et bien, voilà un sujet qui ne peut que m'interpeller. Aussi, j'aimerais apporter mon humble pierre à cet édifice des angoisses ^^
Etant un éternel angoissé, et ceux depuis ma prime jeunesse, je ne peux que bien connaître la difficulté de gérer ces tempêtes émotionnelles qui bouillonnent en permanence. Les mains moitent (même en dehors d'une situation anxiogène). Les pensées qui palpitent. Le cœur qui s'emballe. D'où le fait qu'il existe effectivement ce genres d'angoisses diffuses et constantes. Oscillant en permanence d'une heure à l'autre, d'un jour à l'autre. Sans nécessairement provoquer de crises d'angoisse, elle est toujours en arrière-fond. Comme une bête tapie dans l'ombre qui parfois s'éveille et s'agite et rugit, tantôt s'endort. Se repose. Mais omniprésente. Toujours omniprésente. Dans ce cas, il s'agit bien évidemment de TAG. Contrairement à un sentiment d'angoisse isolé ne se présentant que dans un contexte bien précis (face à un objet craint, auquel cas il s'agira d'une phobie, ou d'un événement particulier comme un entretien d'embauche ou un examen, mais ici ce genre d'appréhension est « normale », c'est un stress positif). Mais comme tout cela à déjà été soulevé, je vais plutôt me borner à exposer quelques réflexions (tout à fait personnelles, celles-ci n'engagent que moi), au regard de mon vécu et de mon expérience.
Car, ayant l'avantage, d'être un naturel anxieux, j'ai aussi eu le privilège (si tant est qu'il en soit un), d'avoir pu expérimenter les périodes d'angoisses mais aussi les phases de rémission. Et les TCC peuvent effectivement être un bon outil sans pour autant être la seule solution. En tout cas, je ne les ai jamais vu que comme un « outil ». Cela à d'ailleurs été évoqué dans les commentaires plus haut. Je pense également qu'il est parfois nécessaire de s'attaquer au problème de fond. Dans mon cas, à chaque fois que je suis passé par une période d'accalmie c'est toujours parce que j'avais accompli un « acte de libération » par rapport à une problématique bien précise.
L'exemple le plus flagrant fut lors de mon passage du collège au lycée. Car nous ne pouvons pas dire qu'au collège je débordais de joie de vivre. Harcèlement scolaire, phobie scolaire, et j'en passe, m'abattaient quotidiennement au point de m'envahir d'un stress permanent. Toujours crispé. Toujours sur la défensive. Toujours sur le qui-vive. Au point que c'en est devenu un « mode de vie ». Je ne me rendais même plus compte du caractère anormale de la chose. D'ailleurs, plus qu'une boule au ventre, il m'arrivait de vomir le matin, tant j'étais rongé par l'angoisse et le stress. Quatre ans. C'est long quatre ans...
Puis je suis entré au lycée. Abandonnant l'environnement toxique du collège, j'ai pris sur moi. Etouffer le cercle vicieux du harcèlement scolaire dans l'oeuf. L'occasion de redémarrer une nouvelle vie (puisque tout semblait être sur le point de recommencer, et ce dès le premier jour). Mes camarades de classe eurent la brillante idée de m'affubler du doux surnom de « Roméo ». Ironique bien évidemment. Histoire de me rappeler que je suis pas une gravure de mode... Après trois jours, j'ai dit « non, hors de question que je retombe là-dedans »... Aussi, dans la mesure où j'abhorre la violence physique, je m'en sortirais avec la force de l'esprit. « Vous n'arrêtez pas, je vous jette un sort ! ». Attaque simple mais efficace. La raison se trouve dans ; premier point : lycée de banlieue. Deuxième point : la majorité des élèves sont originaires du moyen-orient (donc une culture où la croyance en la magie noire est très ancrée). Je ne souhaitait pas que l'on me craigne. Ni que l'on m'admire. Je voulais juste qu'on me laisse tranquille. Et bien croyez-le ou non, le respect s'est imposé de lui-même. Pourtant, ce n'était pas gagné. La frontière entre eux et moi était une véritable crevasse. Eux et leurs : « Tu l'as bouillave ? » « Wallah, sur l'Coran d'la Mecque » et moi avec mes « Nonobstant, nous pourrions spéculer qu'au regard des propos que tint Descartes en son temps,... ». Et bien malgré cela, ce furent les deux plus belles années de ma vie :'(
En m'affirmant j'ai construit un environnement plus vivable. Mon esprit et mon corps se sont relâchés. J'étais plus serein. Joyeux. Sifflotant même, en allant en cours. Malheureusement, on ne se refait pas. C'est la raison pour laquelle je gardais toujours quelques inquiétudes (peur d'être en retard, peur de ne pas avoir correctement fermé la porte à clé, etc..), mais avec une intensité si moindre qu'affronter ces peurs, à ce stade, devenait presque un jeu. Percevoir nos limites. Voir jusqu'où nous pouvons les dépasser. Finir par mieux se comprendre et enfin s'accepter. N'est-ce pas ce qui a de plus amusant et instructif ? Je répondrais que « si » ^^
Puis, plus tard, je suis retombé. Puis tombé encore plus bas. Avant de tomber encore. Je me demande d'ailleurs quel AD ou anxio, je n'ai pas encore testé. Puis je suis remonter ; arrêté AD et anxio... Pour retomber encore. Là j'attends de remonter à nouveau, mais ça,... C'est une autre histoire
Donc, oui. Il est possible de se sortir de ces Ténèbres tout comme il est possible d'y re-sombrer. Ne nous le cachons pas. Parce que cette bête, ce dragon (si bien décrit dans les anciens « textes »), lui, ne meurs jamais. Il reviendra toujours. Le combat ne s'arrête jamais. Oui, il a un instinct de survie, ce dragon. Il va se défendre. Et il revient, plus belliqueux. Plus fort à chaque fois... Son attaque est violente, son souffle sulfureux, mais la lutte mérite d'être conduite, car à « vaincre sans péril, l'on triomphe sans gloire ». C'est l'opportunité qu'il nous donne : devenir des héros, mes amis. Des héros, vous dis-je ! A l'instar de Jason et sa quête de la Toison d'or. D'Hercule et l'Hydre de Lerne. Nous pouvons aussi citer « Le conte des deux frères » (des Frères Gimm et reprit d'un ancien conte égyptien) dans lequel la lutte avec le dragon est terrible au point que la princesse s'en évanouit. Bref, autant de combats dans lequel il est rapporté la pénibilité de la tâche.
Mais, je pense aussi que le tout est de ne pas prendre cela trop au sérieux. Un peu comme l'enfant qui, parce qu'il a peur du noir, descendra lui-même à la cave pour trouver en lui les ressources nécessaires pour affronter l'inconnu. Jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il n'y a rien à craindre... Et surtout pas de l'obscurité. Et nous tous, adultes que nous sommes, avons déjà emprunté ce chemin, enfant. Pourquoi les choses seraient différentes aujourd'hui ? Elles prennent peut-être une autre forme mais au final, tout ça... Ce ne sont que des « peurs »
Alors, prends ton épée, jeune guerrier(e). Aux armes ! Et que force et courage guide tes pas.
Après, je pourrais digresser bien plus et approfondir le sujet d'avantage, mais nous partirions trop loin. Sans compter que la problématique autant que la solution doit, à mon sens, être prise au cas par cas. Aussi je crois que je vais m'arrêter là pour aujourd'hui ^^