J'ai été envoyée ici, alors je viens vous embêter un peu !
J'ai lu vos précédents messages et on dirait que la question de la définition est ce autour de quoi tout le monde tourne.
J'avoue que, personnellement, le terme
polyamour ne me parle pas. J'ai au fond de moi la sensation qu'on a inventé un joli mot avec "amour" dedans pour mieux faire passer la pilule en parlant de quelque chose qui se fait déjà plus ou moins (en disant ça, je mets de côté la question de savoir si c'est un modèle durable ou non).
Je vais essayer de reprendre les points qui m'ont marquée :
Rainbow a écrit : ↑dim. 5 nov. 2017 14:55
Pour moi ça revient à s'affranchir des frontières entre les relations amicales
(où on n'est sensé ne pas avoir de relations sexuelles) et les relations amoureuses... tout est possible tant que tous y trouvent leur compte.
Vivre les choses sans se demander dans quelle « case » mettre la personne... en sachant que la nature de la relation risque d'évoluer...
Si on veut jouer sur les mots, je trouve que c'est un non-sens :
le polyamour c'est s'affranchir des cases "amour" et "amitié", mais n'y a-t-il pas le mot "amour" dans polyamour ?

Je rejoins le fait que définir "amour" et "amitié", et aussi de se demander pourquoi la différence existe et persiste, permettrait d'avoir une base plus claire sur laquelle s'appuyer afin de définir le polyamour. Malheureusement, je ne saurais définir ni l'un ni l'autre, et j'ai la sensation que ça reste finalement des choses plus ou moins subjectives (suivant le vécu, les bagages, l'héritage...).
Daysofwonder a écrit : ↑mar. 31 oct. 2017 11:11Mais polyAMOUR ? On en vient alors à la définition même de l'amour.
Qu'est-ce qu'être amoureux ? Peut-on être amoureux de plusieurs personnes à la fois ? Être amoureux est un sentiment tellement puissant et fort, nos pensées sont dirigées vers une seule personne, c'est à elle qu'on se réfère dès qu'on a besoin de partager quelque chose, à elle qu'on pense en se réveillant le matin et en se couchant le soir.
Je conçois parfaitement que lorsqu'on est amoureux de quelqu'un, on peut avoir ENVIE d'avoir une relation sexuelle avec d'autres. Mais être amoureux-se d'autres ? Vraiment amoureux ?
Est-ce que des personnes sur ce forum l'ont déjà été ? Est-ce qu'elles pourraient nous parler de leurs expériences ?
Je bloque globalement sur la notion d'amour. Aime-t-on ses amis différemment de son/ses conjoint(e)(s) ? D'où vient ce sentiment qui nous fait penser à quelqu'un du matin au soir, qui nous donne envie de passer tout notre temps avec une personne, de nous confier à elle, de partager notre intimité ? Partage-t-on la même intimité (sexuelle ou non) avec un ami qu'avec un amant ?
Je n'ai pas d'expérience personnelle d'amours multiples, sachant qu'en amour comme en amitié je n'ai pas l'énergie nécessaire pour me couper en 2 ou plus. J'ai déjà plusieurs fois vécu des situations où, en couple, je me sentie attirée émotionnellement par quelqu'un d'autre, et il s'est avéré qu'à chaque fois ma relation de couple battait de l'aile. Etrangement, une fois mes problèmes avec mon conjoint réglés ou dépassés, l'attirance pour la personne tierce disparaissait instantanément.
En amitié, il y a des personnes avec qui j'aime échanger, passer du temps, me confier également. Mais je différencie cela d'une relation amoureuse dans le sens où je n'aimerais pas non plus passer trop de temps avec, l'alchimie n'est pas la même, et l'attirance physique est bien souvent consciemment (je pense aux adeptes de la psychanalyse qui pourraient passer

) inexistante.
dani a écrit : ↑lun. 9 oct. 2017 19:19
Aujourd'hui, et j'ai peut-être tort et je ne m'interdis pas de changer d'avis, je me demande si le besoin de vivre totalement sa liberté et vivre plusieurs amours en même temps ne s'explique pas par le fait que l'on n'est, juste là, profondément amoureux de personne. Ou que l'on ne s'avoue pas clairement que l'on s'ennuie un peu dans sa relation (que ce soit sur le plan intellectuel ou sensuel ou les deux) et que l'on préfère "compléter" ce que l'on a que de le bousculer, le faire grandir, au risque de le perdre (je suis une grande spécialiste de ce genre de challenge d'ailleurs, et ça reste épuisant.. mais que c'est satisfaisant quand les deux grandissent).
Je suis, à mon stade de réflexion, plutôt d'accord avec cette vision. De part mon expérience déjà, et en observant autour de moi ; je sens énormément de problèmes de communication dans les couples de manière générale (moi y compris), j'entends beaucoup de frustrations et de "je fais avec", comme si le couple était souvent subi.
Je vois les relations comme quelque chose qui se construit dans le temps et évolue, et je conçois qu'il est facile de se dire "ah, ça je ne l'ai pas dans ma relation actuelle, alors je vais essayer de le piocher ailleurs", mais est-ce que ça n'enlève pas une part de construction ? Comme le dit dani, c'est aussi grandir, et je pense que ça permet également de renforcer la relation.
On parle de
"contrats" quant aux relations : deux invididus qui décident de passer un bout de chemin ensemble, en définissant règles et compromis et en prenant en compte les besoins de chacun. Rien que là, je me heurte à une problématique qui, me semble-t-il, est assez commune : exprimer ses besoins. Et entendre ceux de l'autre. Ca rejoint ce qui a été dit sur le "centre" des relations multiples : en se mettant soi au centre, on empiète sur l'autre. Je suppose que la relation devrait être au centre, mais j'ai du mal à réimaginer un schéma de relations multiples de cette manière. Si quelqu'un veut s'y coller.

(Je tiens à préciser que je n'arrive pas à voir le schéma posté précédemment par hosen, donc désolée si ça a déjà été fait !)
Pour terminer, je pense que le sujet pourrait également être abordé d'un
point de vue historique et social : beaucoup de chamboulements dans les modèles de relations sont à constater depuis la révolution sexuelle. On part d'un modèle puritain et exclusif basé sur le mariage, très oppressant, enfermant et avec ses injonctions et tabous, vers quelque chose qui laisse plus de place aux choix et besoins de chacun. Aujourd'hui, en réaction, tout se casse et se recréé, souvent au nom de LA liberté. En soi rien d'étonnant : après avoir été enfermés pendant des années la dernière chose souhaitée est d'être remis entre 4 murs. Et bien souvent sans demi-mesure, comme mon chat affamé depuis 2 jours qui se gave de croquettes tant qu'il peut en trouver.
Encore, une fois, liberté est à définir. J'ai la sensation que, dans ce cas, liberté est synonyme d'absence totale de règles :
je fais ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux et où je veux. J'aurais même tendance à y voir un certain fantasme de "toute puissance" où le lien à l'autre tend à être oublié...
Dans un monde aujourd'hui où les moyens de communiquer changent (avec le numérique, les textos, les sites de rencontre et autres tchats), ne pourrait-on pas penser que notre relation à l'autre évolue avec ? Moins de corps, moins de verbal, moins d'odeurs et de gestes ; on se déshabitue de l'autre en un sens. Et donc moins de lien, on est moins nourris, on a plus de frustrations. Le tout combiné à une société qui nous entourage à tout consommer, même l'humain, ne verrions nous pas une solution à nos maux que de préférer la quantité à la qualité ? Si on rajoute à ça la difficulté de reconnaître et exprimer nos besoins, cela me semble une piste intéressante à creuser.
Encore une fois, aucune certitude. Juste une photographie de mes réflexions à ce jour.
PS : Sinon, si le polyamour c'est juste aimer plusieurs personnes à la fois au sens large, je suis sûre qu'on le pratique déjà tous.
