Pour le titre, c'est vrai que qqc comme "la pseudo-science AUTOUR des surdoués" eût sans doute été plus représentatif. Après, je trouve que c'est un peu un pied de nez aux personnes auxquelles ils reprochent ces comportements, en utilisant les mêmes "armes". Mais c'est discutable, oui.
Akg a écrit :- certains arguments semblent souffrir du même biais que celui qui est reproché à la "pseudo-science" dont il est question, à savoir des assomptions non mesurées considérées comme des vérités absolues. Exemple : les parents de surdoués qui vont dans les assos sont majoritairement des parents d'enfants à problème. C'est peut-être vrai, ou faux, la vérité, c'est que tant qu'on ne fera pas l'enquête, on n'en saura rien.
Tu parles des assos, mais pas de ce que dit l'article sur les biais d'échantillonnages du côté des psys. Puis-je en déduire que tu es d'accord avec cette partie ?
A ce moment là, tu dois reconnaître que, même si l'assertion n'est effectivement pas démontrée, la présomption est tout de même forte à partir du moment où les tests de QI ne sont pas systématiques dans la population : si test il y a, c'est que le sujet du test s'est démarqué de la norme, en général en posant un problème au système éducatif (pas tjrs, mais c'est tout de même ce qui se passe dans la majorité des cas).
Il est vrai par contre que la forme de l'article dans ce passage le dessert sans doute un peu, en usant de questions directes. Ça fait un peu péremptoire, oui.
Akg a écrit :- de même, les auteurs avancent des arguments valables, mais en tirent une conclusion erronnée. Exemple 1) L'argument valable est : les cohortes étudiées sont biaisées et ne nous permettent pas de conclure que les surdoués sont pour la plupart à problème. La conclusion erronée est que donc, la plupart des surdoués ne sont pas à problème.
Ce que tu dis est tout à fait correct d'un point de vue logique, mais ce n'est pas la conclusion à laquelle ils veulent aboutir. Celle-ci est plutôt que les surdoués n'ont manifestement pas de raisons d'être plus à problèmes que les autres, et qu'il ne faut donc pas véhiculer ce genre d'idées fausses ("surdoués = problèmes"). C'est donc plutôt une "absence de jugement", ce qui ne me paraît pas invalide d'un point de vue logique, du coup.
Akg a écrit :Exemple 2) argument valable : la pensée en arborescence n'est pas définie au contraire de la pensée divergente. Conclusion abusive : donc la pensée arborescente n'existe pas.
Là aussi tu prends des raccourcis.
Les faits sont que l'idée de "pensée en arborescence" n'est quasiment jamais utilisée dans la littérature scientifique (je ne sais plus où Gauvrit donne un nombre d'occurrence du terme dans la littérature, il me semble que c'est "2", mais je ne me souviens plus sur quel panel il se base pour dire ça. Peut-être dans "les surdoués ordinaires" ou alors une de ses dernières conférences dont on a parlé sur le forum) et que pour parler des mêmes concepts, c'est l"idée de "pensée divergente" qui y est utilisée. Par contre, l'idée de pensée "arborescente" est utilisée dans la littérature de vulgarisation sur les surdoués. C'est une idée "choc", facile à se représenter. Bcp plus parlante que la pensée "divergente". Mais vu qu'on parle de vulgarisation, c'est aussi une simplification, avec sa part de "fausseté"/"exagérations".
Partant de là, l'idée est plutôt que la pensée en arborescence est en fait la pensée divergente et que ce mode de pensée n'est pas qualitativement une spécificité des surdoués (mais qu'elle peut l'être quantitativement, par contre).
Ce qui moi m'énerve profondément, c'est qu'on veuille se raccrocher à tout prix à ce terme d'arborescence alors qu'il y a un concept scientifique qui existe pour parler de la même chose. Et ça m'énerve parce que la seule explication que j'y vois, c'est une volonté d'esprit de caste. "Nous les surdoués nous ne pensons pas de la même manière". C'est une facilité pour décrire le décalage vécu par bcp (et qui est bien réel, je ne remets absolument pas en cause ce point !) parce qu'effectivement, un surdoué ne va peut-être pas aborder les choses de la même manière, sous les mêmes angles, ... Mais cela ne nécessite en rien un "mode de pensée différent". Le même mode de pensée que tout le monde, mais en plus divergent/performant peut tout à fait amener aux mêmes conséquences sans faire du surdoué une bête de foire qui ne fonctionne pas de la même manière que les autres.
Akg a écrit :- je ne suis pas d'accord avec certaines affirmations. Exemple : "Notons que le mot même de « surdoué » induit l’idée d’un excès d’intelligence, donc d’un problème." Il me semble que l'utilisation du préfixe sur- peut renvoyer également, et peut-être plus directement, à la notion de supériorité qu'à celle d'excès. Ce que je lis est une interprétation personnelle érigée en vérité absolue.
Surhabitué, c'est un problème. Surjoué, c'est un problème. Surdosé, c'est un problème. De base, "sur-" renvoie à "plus que", oui, mais dans le langage courant, ça fait bien référence à un excès.

Et c'est bien ça le problème de la communication autour du HPI : des notions qui se percutent entre elles, entre ce qu'elles veulent dire au fond/à la base, et ce que le public va en retirer du fait du sens courant de certains termes ou des images véhiculées par certain(e)s.
Je peux comprendre que les propos de Gauvrit/Ramus puissent faire un effet de douche froide, notamment aux nouveaux diagnostiqués. C'est difficile de construire une idée, un questionnement sur une base, d'y trouver plein de choses qui font résonance avec son propre vécu, pour s'entendre dire ensuite que machin n'existe pas ou que truc est faux. Et pourtant, l'état de la science sur le sujet du HPI va dans le sens de Gauvrit, et non celui de JSF (ou pire : Raymonde Hazan...). Mais ce n'est malheureusement pas l'information qui circule dans la population générale. De là le biais peut s'autoentretenir et on peut arriver justement à des généralisation comme "surdoué = problème" très, trop, facilement.