Oh bin ça c'est amusant, parce que moi qui me trouvait dans le titre, je ne me retrouve absolument pas dans le paragraphe cité.
Depuis l'adolescence, je n'ai pas dépensé un gramme d'énergie à me fondre dans le moule, m'adapter? A quoi? Nul besoin. Tout le monde m'a toujours prise telle que j'étais, et ceux qui n'en étaient pas capables ont suivi leur chemin et moi le mien, sans douleur puisque sans feeling préalable. On peut faire avec le réel sans avoir à se changer, sans souffrir. Il "suffit" de savoir ce que l'on vaut, ce qu'on fait et pourquoi on le fait. Que sa propre approbation suffise.
Je n'ai jamais su traduire ma pensée pour la rendre intelligible (à l'oral en tous cas), souvent il n'y a que moi qui me comprend (et c'est pas parce que je suis HP c'est parce que je suis dans ma tête, dans ma logique, dans mes analogies, et que j'aime pas causer ou refaire le fil de ma pensée), et c'est pas grave, j'ai l'habitude, et j'imagine que c'est pareil pour beaucoup de monde!

. Quand j'ai besoin de dérouler, je le pose à l'écrit. Ca m'aide aussi à structurer.
S'adapter au rythme?
Oui... mais non.
Il y en vraiment parmi vous qui peuvent se "ralentir"?
Je ne suis pas patiente, et je n'ai souvent pas d'appréhension là où d'autres en ont, donc je fonce. Mes proches ne vont parfois pas aussi vite que moi. Je fais avec. Donc finalement j'apprends quand même la patience. Je suis devant, seule, je trépigne un peu, je présente mes conclusions, ça va trop vite, on s'engueule, je les présente à d'autres qui sont devant aussi, je me sens moins seule, pis un jour mes proches arrivent aux mêmes conclusions que moi. J'ai appris à ne plus dire : "mais quand je t'en ai parlé y'a 6 mois, t'avais 100 objections!!!". Je dis : OK. J'accepte d'être devant, seule, ils acceptent de ne jamais être moteur. Je crois que je préfère ma place!
Ils sont habitués à m'entendre rebondir ou objecter sur tout de manière automatique, parce qu'un mot a éveillé une contradiction avec mes connaissances, à ne jamais laisser une question en suspens, à argumenter sur une blague (oui, mais pourquoi t'as dit ça, ça n'a rien à voir.. _c'est une blague!! _ oui mais quand même c'est bizarre, etc) (attends, je vais chercher le dico. Attends, on va vérifier.) On en rit. (Excusez là, elle fait ça tout le temps, vous imaginez ce que je vis!)
Pareil au niveau pro. J'ai les idées pour une société qui n'existe pas encore vraiment, qui existera dans 6 mois, un an, deux ans. C'est aussi ça, bosser dans la recherche et l'innovation. Et horreur suprême, je ne sais (mais n'ai aucune envie, je dois l'avouer) de convaincre, mes enthousiasmes rencontrent donc à 99% des réticences, des incompréhensions.
Pas grave, je fais seule devant. Je défriche. Je crois que j'aime ça, le côté explorateur. C'est acquis. C'est un peu comme ça pour le HQ en ce moment. La recherche fait avancer les connaissances sur le concept, propose d'autres paradigmes. Mais les gens ne sont pas prêts, ils s'accrochent à JSF, à #LeZebre à l'intelligence différente, à l'arborescence et aux 33% d'échec scolaire. Mais ça veut pas dire qu'ils ne le seront pas un jour, ça veut dire qu'ils faut qu'ils enregistrent et digèrent.
Pis un jour les "autres" (les proches, ou "les gens") arrivent là où t'es sur un sujet. Et là c'est le moment cool. A partir du moment où tu as acquis que c'est "ainsi que va la vie", c'est plus facile à accepter je trouve.
Répondre aux attentes des autres. Ou pas, d'ailleurs.
Bin c'est un peu le principe de la vie en société/couple, et de la préservation de ses limites et de celles des autres. Le vivre ensemble.
Faire toujours le premier pas?
Non.
Evoluer partout avec aisance?
Non plus....peut être que je pourrais. Mais je n'ai pas toujours envie.
Apatride... je me sens si connectée.
Ca rejoint mon intervention dans le "sentiment de décalage"... Jamais éprouvé. Ou si éprouvé, jamais attribué à ce que je suis, plutôt au fait que je suis trop éloignée des valeurs ou préoccupations d'une autre personne ou d'un autre groupe. Un fossé a toujours deux côtés!
Je ne suis pas différente ou hors norme, et je ne suis surement pas "surdouée". Je suis moi et moi seule, unique, complexe et riche, comme tout le monde. (c'est devenu mon motto)