Je vais essayer de vous expliquer au mieux l'enchaînement de mes pensées.
Ce que je connais des tests de Q.I. me semble leur trouver comme point commun (voire comme définition) un calcul de l'aptitude à décoder des problèmes de complexités croissantes en un temps limité. Ce qui détermine cette complexité est un degré de nuances plus ou moins fines, plus ou moins évidentes. Le's individus ayant les plus hauts taux de réussite sont donc ceux qui sont le plus attentifs, le plus réceptifs, à de fines nuances. Parallèlement à cela, on trouve chez ces sujets les sensibilités les plus vives (nommées à tort à mon sens "hypersensibilités"), les réactions émotionnelles les plus intenses. Le lien me semble évident, entre la capacité à percevoir de fines nuances, et l'hypersensibilité. Cette capacité peut à mon sens être vue comme une forme de "passion pour", voire "d'amour de" la nuance, liée sans doute aussi à la sensation d'un réel trouble environnemental, difficile à vivre, qui nécessite un travail ardu de décryptage, dans le but d'y trouver un positionnement personnel plus confortable, bref de s'y adapter (peut-être simplement pour y survivre, au départ).
Mais il s'agit de comprendre un monde qui pose problème par sa rudesse, cette dernière étant justement le fruit d'un manque cruel de nuance d'esprit de la part de la majorité. Ce qui est le plus commun, le plus partagé, oriente sûrement les mouvements, l'histoire des groupes humains. Il va de soi que les groupes motivés par les idées et visions les moins nuancées portent en eux plus de risques de réactions violentes face aux difficultés, que les communautés les plus réfléchies. Et pour cause ; moins on peut comprendre la complexité des causes de divers dangers, plus les réactions à ces derniers seront irrationnelles.
Ainsi, les surdoués qui tentent de comprendre la réalité du monde, des interactions humaines (pour s'y adapter, s'y intégrer), se heurtent immanquablement au mur de la limite moyenne de capacité de nuance... qui produit la violence du monde. Le développement de cette capacité, loin de permettre une intégration plus aisée, porte en elle le risque évident de l'isolement, de la mise à l'écart, par les difficultés de communication qu'elle engendre automatiquement avec les "semblables".
Selon moi, les "troubles", les difficultés rencontrées par les gens les plus intelligents, ne sont pas liés à leur intelligence, mais bien plutôt aux limites d'une moyenne commune qui produit manifestement les troubles de l'humanité toute entière, les guerres et toutes les violences, qui marquent le manque cruel de nuance dans la relation à l'environnement, aux autres, au monde. La capacité à se remettre en question dépendant du recul dont est capable l'individu sur sa propre condition, sur sa situation, l'individu intelligent aura naturellement tendance, dans le but de s'adapter à ce monde de brutes, à chercher en lui-même ce qui cloche, le commun semblant s'accommoder plus aisément que lui des malheureuses circonstances auxquelles il participe sans trop se poser de questions.
L'origine de la "douance" ne me semble guère importante, à part pour tenter de se délester du poids d'un sentiment de culpabilité issu de la fâcheuse tendance à se remettre aisément en question, dans un monde où semble régner le pouvoir brutal de ceux qui se remettent justement le moins en question. Je pense a contrario que la souffrance des plus sensibles devrait remettre à juste titre l'abrutissement général en question. Mes remises en question personnelles ne m'ont vraiment permis d'avancer qu'à partir du moment où j'ai pu accepter l'idée de devoir évoluer dans un monde de dingues. Bien sûr, j'ai encore eu ensuite des perturbations émotionnelles face à la brutalité de mes congénères, mais j'ai alors commencé à trouver des moyens de préserver un relatif équilibre en me tenant à distance des sources de nuisance dont je pouvais me passer, comme la télévision par exemple. Je crois que ce qui m'a aussi permis de tenir, auparavant, c'est de développer des mécanismes de défense dissuasifs, dont principalement une agressivité verbale et psychologique consistant essentiellement à mettre brutalement qui tentait d'en imposer face à ses incohérences et motivations égocentriques voire malsaines, par quelque bon mot qui avait de surcroît l'heur de m'attirer les suffrages des spectateurs. En effet, on veut rarement en imposer pour de nobles desseins, mais généralement pour s'affirmer et briller en société au dépens d'autrui.
Mais bien sûr, m'adapter à un monde malade ne m'a pas aidé à me sentir vraiment mieux dans ma peau...
Pardon pour cette parenthèse personnelle dans ce tâtonnant début de brouillon d'intuition, mais je me dis qu'il est possible qu'il permette aussi d'éclairer le chemin qui m'amène là. C'est un peu aussi cette relative efficacité relationnelle qui me fait penser que je n'ai pas tout à fait tort dans ma vision de l'origine du trouble qui anime les soit-disant hypersensibles que d'aucuns d'entre nous sont sûrement. J'accepterais plus volontiers le terme "hypersensible" si la sensibilité moyenne des hommes ne générait pas tant d'horreurs et de misères endurées par les plus faibles. La sensibilité à l'injustice me semble naturelle. Si elle était plus partagée, je crois que le sort de l'humanité ne pourrait que s'arranger. Pour moi, ce sont clairement les gens "normaux" qui sont "hypo-sensibles"...
Bien sûr, les êtres les plus sensibles n'en restent pas moins les plus en difficulté, mais je ne crois pas judicieux de relier, voire d'imputer leur trouble à leurs facultés, quand bien même ces troubles peuvent logiquement engendrer des sentiments de mal-être nuisant à leur équilibre, perturbant l'esprit jusqu'à lui faire parfois adopter des stratégies malheureuses. Certes, une fois de mauvais plis installés, une remise en question peut s'avérer nécessaire, mais pas au-delà du raisonnable. Et en tout état de cause, il me semble profondément déraisonnable de voir un problème personnel dans la difficulté à s'adapter à un monde de fous.
Aussi, s'il me semble utile de travailler à retrouver un équilibre intérieur quand les perturbations récurrentes occasionnées par un environnement humain peu ou prou inconscient ont pu installer des mécanismes nuisibles, ne serait-il pas judicieux de bien faire la part des choses, en évitant d'aller plus avant dans la remise en question personnelle, que jusqu'au point où manifestement, le problème de l'adaptation ressort clairement de l'inconscience du monde, quand bien même on ne peut rien y faire, ou si peu ?
Bon, pour un résumé succinct, on a vu mieux, désolé...

P.S. : Si j'ai posté au mauvais endroit, où que mon développement trouverait mieux sa place dans un fil déjà existant que je n'aurais pas vu, aucun problème pour le déplacer. Je l'adapterai volontiers si nécessaire. Mes excuses pour le travail occasionné, le cas échéant.