Brezhoneg et ontologie
A la demande "générale", voici un petit topic pour présenter les particularités du verbe être en brezhoneg. Ce n'est qu'un jet qui méritera d'être amélioré et précisé, mais il illustre déjà cette richesse ontologique propres aux langues celtes.
Bien sûr, rien ne vaut les exemples !
Vocabulaire :
bezañ => être
bout => être (pays vannetais)
war an daol => sur la table
levrioù => des livres
al levrioù => les livres
Phrases simples :
Al levrioù a zo war an daol => Les livres sont sur la table
Ici, on parle du sujet les livres.
War an daol emañ al levrioù => Les livres sont sur la table
La traduction sera la même en français, mais le sens diffère, puisque l'on parle ici du lieu. Il faut donc comprendre : "c'est sur la table que se trouvent les livres".
War an daol ez eus levrioù => Des livres sont sur la table
Là, je le reconnais, c'est la vacherie. Si nous parlons du lieu, à propos d'un sujet indéfini, ce sera encore une autre forme du verbe être ! Il faut donc comprendre : "il y a des livres sur la table".
Al levrioù a vez war an daol => les livres sont sur la table
Ici, nous parlons du sujet les livres, mais le sens est très différent de notre premier exemple. Il s'agit d'une habitude, d'une fréquence, d'une nécessité (au sens philosophique du terme).
Si nous disons "Al levrioù a zo war an daol", ils sont sur la table maintenant, là, mais ils auraient pu être ailleurs. Si nous disons "Al levrioù a vez war an daol", ça signifie que les livres ne peuvent pas être ailleurs que sur la table, comprendre qu'ils sont toujours là.
Ainsi, quand on parle d'une personne, si nous disons "torrpenn eo !" , ça signifie littéralement "il est chiant" mais sous-entendu "il est chiant là (maintenant)". Si nous disons "c'haaa... torrpenn e vez", ça signifie aussi 'il est chiant" mais à cette différence que ce n'est pas contingent, c'est dans sa nature ^^
Le verbe avoir construit sur le verbe "être"
Autres bizarreries qui mériteraient d'être mentionnées aussi.
Dans les langues celtes, il n'existe pas de verbe "avoir".
En Breton, il est construit sur la base du verbe être "bout".
Plus parlants seront les exemples.
Ul levr a zo ganin => j'ai un livre (temporairement)
(littéralement : "un livre est avec moi")
Et oui, en Breton, les choses sont avec nous ^^
Tan zo ganit ? Tu as du feu ? (littéralement : "du feu est avec toi ?")
Ul levr am eus => j'ai un livre (que je possède)
Ici, le verbe avoir (kaout) se construit sur un verbe "être".
Ur c'harr-tan am eus => j'ai une voiture (que je possède)
Ur c'harr-tan a zo ganin => j'ai une voiture (là, maintenant, mais elle ne m'appartient pas forcément)
Historiquement, le verbe "avoir" est arrivé assez tardivement dans nos langues (Moyen-Age), c'était une tendance assez "in" pour l'époque de s'exprimer ainsi.
Enfin, ce verbe "être" se retrouve presque partout, puisque beaucoup de choses se conjuguent, notamment les prépositions.
Moi = me ; avec = gant
avec moi = ganin (on conjugue)
avec toi = ganit, etc.
C'est une langue beaucoup plus abstraite, il n'y a pas besoin d'insister sur le sujet comme en français, les formes passives sont beaucoup plus utilisées, par contre on conjuguera les prépositions. Les traductions littérales donnent souvent du Yoda, mais c'est la structure qui est ainsi faite.
En français, on dira "nous verrons bien..."
En breton, on dira : "Gwelet e vo" (littéralement : "vu sera")
Un exemple plus parlant : Debret eo mat ganit ? => Tu as bien mangé ?
Littéralement : Mangé est bien avec/par toi ? Le sujet est exprimé par la préposition. Ces structures se retrouvent en anglais aussi, mais faut un petit temps d'adaptation avant de se familiariser ^^
Ontologiquement, ça forge une autre vision du réel, et philosophiquement c'est d'un intérêt capital, autant sur l'idéalisme sous-jacent que sur les nombreux rapports qu'il y a avec les mathématiques (que l'on peut expliquer historiquement par les rapports qu'entretenaient les Pythagoriciens avec les Hyperboréens / les Celtes), mais ça sera l'objet d'un thread à part ^^

A la demande "générale", voici un petit topic pour présenter les particularités du verbe être en brezhoneg. Ce n'est qu'un jet qui méritera d'être amélioré et précisé, mais il illustre déjà cette richesse ontologique propres aux langues celtes.
Bien sûr, rien ne vaut les exemples !
Vocabulaire :
bezañ => être
bout => être (pays vannetais)
war an daol => sur la table
levrioù => des livres
al levrioù => les livres
Phrases simples :
Al levrioù a zo war an daol => Les livres sont sur la table
Ici, on parle du sujet les livres.
War an daol emañ al levrioù => Les livres sont sur la table
La traduction sera la même en français, mais le sens diffère, puisque l'on parle ici du lieu. Il faut donc comprendre : "c'est sur la table que se trouvent les livres".
War an daol ez eus levrioù => Des livres sont sur la table
Là, je le reconnais, c'est la vacherie. Si nous parlons du lieu, à propos d'un sujet indéfini, ce sera encore une autre forme du verbe être ! Il faut donc comprendre : "il y a des livres sur la table".
Al levrioù a vez war an daol => les livres sont sur la table
Ici, nous parlons du sujet les livres, mais le sens est très différent de notre premier exemple. Il s'agit d'une habitude, d'une fréquence, d'une nécessité (au sens philosophique du terme).
Si nous disons "Al levrioù a zo war an daol", ils sont sur la table maintenant, là, mais ils auraient pu être ailleurs. Si nous disons "Al levrioù a vez war an daol", ça signifie que les livres ne peuvent pas être ailleurs que sur la table, comprendre qu'ils sont toujours là.
Ainsi, quand on parle d'une personne, si nous disons "torrpenn eo !" , ça signifie littéralement "il est chiant" mais sous-entendu "il est chiant là (maintenant)". Si nous disons "c'haaa... torrpenn e vez", ça signifie aussi 'il est chiant" mais à cette différence que ce n'est pas contingent, c'est dans sa nature ^^
Le verbe avoir construit sur le verbe "être"
Autres bizarreries qui mériteraient d'être mentionnées aussi.
Dans les langues celtes, il n'existe pas de verbe "avoir".
En Breton, il est construit sur la base du verbe être "bout".
Plus parlants seront les exemples.
Ul levr a zo ganin => j'ai un livre (temporairement)
(littéralement : "un livre est avec moi")
Et oui, en Breton, les choses sont avec nous ^^
Tan zo ganit ? Tu as du feu ? (littéralement : "du feu est avec toi ?")
Ul levr am eus => j'ai un livre (que je possède)
Ici, le verbe avoir (kaout) se construit sur un verbe "être".
Ur c'harr-tan am eus => j'ai une voiture (que je possède)
Ur c'harr-tan a zo ganin => j'ai une voiture (là, maintenant, mais elle ne m'appartient pas forcément)
Historiquement, le verbe "avoir" est arrivé assez tardivement dans nos langues (Moyen-Age), c'était une tendance assez "in" pour l'époque de s'exprimer ainsi.
Enfin, ce verbe "être" se retrouve presque partout, puisque beaucoup de choses se conjuguent, notamment les prépositions.
Moi = me ; avec = gant
avec moi = ganin (on conjugue)
avec toi = ganit, etc.
C'est une langue beaucoup plus abstraite, il n'y a pas besoin d'insister sur le sujet comme en français, les formes passives sont beaucoup plus utilisées, par contre on conjuguera les prépositions. Les traductions littérales donnent souvent du Yoda, mais c'est la structure qui est ainsi faite.
En français, on dira "nous verrons bien..."
En breton, on dira : "Gwelet e vo" (littéralement : "vu sera")
Un exemple plus parlant : Debret eo mat ganit ? => Tu as bien mangé ?
Littéralement : Mangé est bien avec/par toi ? Le sujet est exprimé par la préposition. Ces structures se retrouvent en anglais aussi, mais faut un petit temps d'adaptation avant de se familiariser ^^
Ontologiquement, ça forge une autre vision du réel, et philosophiquement c'est d'un intérêt capital, autant sur l'idéalisme sous-jacent que sur les nombreux rapports qu'il y a avec les mathématiques (que l'on peut expliquer historiquement par les rapports qu'entretenaient les Pythagoriciens avec les Hyperboréens / les Celtes), mais ça sera l'objet d'un thread à part ^^
