Je vous rejoins enfin

en essayant de mettre un peu d'ordre dans mes réflexions...
D'abord, précisons que nous n'avons pas trouvé, dans la littérature ou sur Internet, de description de ces passages en lien avec le haut potentiel. L'idée a été initialement soulevée par Cyrano dans le post sur le THQI :
Cyrano a écrit :Il semblerait, selon elle, que les THQI, à un moment de leur vie, et surtout s'ils ignorent leur particularité, ferment les écoutilles. Ils se déconnectent du monde quoi...
Elle m'a dit que ça se manifestait différemment selon les individus, mais que cette particularité était criante chez les THQI et réclamait une prise en charge spécifique, qu'on a mise en place d'ailleurs avec un succès...mesuré.
On a un peu dérivé depuis, puisqu'il s'agit ici de déconnexion limitée dans le temps.
Nous voulions savoir si cette particularité se retrouvait plutôt chez les THQI, autant chez les HQI que les THQI, ou bien pas particulièrement ni chez les uns, ni chez les autres...
Pour ma part je n'avais jamais fait le lien avec la douance, seulement avec l'hypersensibilité et l'humeur dépressive (ça a été un sujet important de ma psychothérapie et nous l'avons abordé sans succès).
Et je ne relie pas forcément cet état avec le décalage ressenti face à certaines personnes, mais plus généralement au ressenti brutal des émotions et à leur tendance à s'entasser en moi au point de me faire ressentir une forme de
danger intérieur.
C'est pour moi très difficile de décrire ces moments, de me les rappeler précisément.
► Afficher le texte
Je pense qu'il peut y avoir deux raisons à cela :
- ce sont des moments par définition "vides de mots", à la manière de certains rêves ou de très anciens souvenirs. On en retire juste des ressentis bruts. Or ce qui se passe à ces instants correspond justement à une sorte de fuite des ressentis. Qu'en retenir alors ?...- je procède manifestement à une sorte de refoulement de ces passages, comme pour mes épisodes de déprime.
Je sais donc qu'il y a eu ce moment de vide, d'inconsistance, mais il sort de la mesure temporelle, un peu comme si je l'avais traversé en réveil d'anesthésie générale.
En tout cas c'est violent et source d'angoisse.
sourizeante a écrit :
Lorsque le niveau émotionnel atteint un certain seuil, il y a un blocage, une saturation, quelque chose disjoncte. Cela passe ou non par un épisode de « crise » ou de « pétage de plomb ».
Après cette phase, on se retrouve en mode « vide », « feuille de papier » ( merci *Za*). Aucune émotion n’est plus ressentie, on se sent étranger au monde.
Effectivement, ça peut suivre un moment de pétage de plomb. Dans ce cas, je constate que le passage à vide est relativement court en général, et finalement porteur de renouveau - comme s'il était suivi d'une forme de "renaissance" au monde.
Mais il m'est arrivé d'expérimenter un vide plus destructeur, plus angoissant, justement quand le moment de crise ne survenait pas.
En fait, quand toutes les émotions, je dirais toute l'agitation interne, s'accumule trop longtemps dans la cocotte-minute, on sait que, tôt ou tard, elle va exploser.
Sauf que parfois, elle n'explose pas. Elle est pleine, au bord de l'explosion, et là, au lieu d'exploser, vous vous retrouvez dans une dimension étrange où la cocotte est pleine mais n'explose pas. Tout se fige, et vous n'existez plus. Vous êtes comme au paroxysme de l'accablement, et d'un coup, c'est trop, alors vous disparaissez, vous déconnectez, vous vous dissolvez.
Dans ce cas, c'est quand finalement la cocotte daigne enfin exploser que vous pouvez vous retrouver.
Contenu caché
Vous devez être inscrit et connecté sur ce forum pour voir le contenu caché.
Je voulais revenir sur certaines caractéristiques des personnes HP qu'on pourrait rapprocher de ces passages à vide, mais qui à mon avis s'en distinguent :
Les mouvements sinusoïdaux de l'humeur
Il en a été question à plusieurs reprises sur le forum, et notamment ici :
Spécificité de la dépression associée au HQI
Je cite un passage :
Mlle Rose a écrit : -le sentiment d'impuissance : on voit le monde se liquéfier, on voit des horreurs, des injustices, des trucs révoltants (ou qui nous révoltent juste nous) et pour des raisons qui sont assez particulières dans la douance, ça ne glisse pas sitôt la télé éteinte ou la situation passée, ça se ressasse et ça monte comme un soufflé, ça finit par faire un terrain bien fertile pour la louze.
- le sentiment de solitude : on peut se sentir un peu seul avec sa pensée et toutes ces choses qui nous bombardent alors qu'elles ne font que frôler la peau des autres sans aucun dommage pour eux... ça finit aussi par être usant quand on n'a pas trouvé d'échappatoire ou qu'on ne comprend pas pourquoi.
Apparemment, cette dépression qui se retrouve fréquemment chez les surdoués s'accompagne de mouvements périodiques de l'humeur, de phases "up" et de phases "down".Dans le cas du passage à vide, ce n'est pas exactement comme la phase "down". D'abord parce que ça survient assez brusquement (il me semble), ensuite parce qu'il n'y a pas particulièrement d'affects négatifs reliés à ce moment de vide -
il n'y en a simplement plus du tout. Pour autant, je ne peux pas ne pas faire de lien, parce que ça entre également dans le fonctionnement en "montagnes russes" qu'on peut connaître. Simplement là c'est vraiment une chute à pic ; c'est le "rien" du tout ou rien.
Le trop-plein de pensées qui vous déconnecte de la réalité
Même s'il y a cette idée de coupure du réel, de déconnexion pour se mettre à l'abri, c'est différent, par le
blocage de toute pensée. On est comme obnubilé, la pensée se fige au lieu de pédaler à toute vitesse.
► Afficher le texte
J'ai même l'impression que les moments où on se laisse envahir par nos pensées (et ça arrive souvent lorsqu'on se sent en décalage avec la situation ou l'interlocuteur, c'est une façon de se sortir de ce moment inconfortable) sont un peu des soupapes qui évitent le passage à vide. Ou bien ne font que le remettre à plus tard ?... En tout cas, dans les moments de trop plein, les moments où ça patine à l'intérieur, je sens que le besoin de me couper des autres et de me retrouver seule avec mes pensées se fait plus insistant. Pour éviter l'instant "disjoncteur" tant redouté ?...