Bonjour Cléo,
Comme je l'ai mis dans ma présentation, j'ai fait également ce parcours de diagnostics lourds, de psychose à la douance, en passant par schizo, borderline, hystérique, personnalité multiple et je sais plus trop quoi ... oui, suicidaire et dépressive.
Soignée en HP à coup de neuroleptiques, anxyolitiques et Cie.
J'ai commencé à aller mieux quand je me suis lancée dans l'accompagnement de personnes en fin de vie et de malades du SIDA, cela a mis un sens dans mon existence et j'ai commencé à relativiser mon vécu, tout lourd qu'il était et j'ai appris l'estime de moi.
Puis j'ai repris mes études et, dès lors, j'ai découvert que je pouvais croire en moi, que j'étais capable de réussir quelque chose. Mon cerveau et mes aspirations étaient en synergie pour mon plus grand plaisir. Je me sentais portée par l'intérêt, la curiosité, la joie d'entrer dans une compréhension et une maîtrise de ce qui donnait une direction à ma vie et la reliait à d'autres.
J'ai arrêté les psychotropes et cessé d'être "folle"
Les psy qui m'ont soignée alors, psychiatres d'obédience psychanalytique, m'avaient enfermée dans une pathologie qui n'existait pas. Et j'y ai cru, mon entourage y a cru, j'ai fait tout un travail sur moi pour me "normaliser" et, même si ce cheminement n'a pas été totalement inutile (j'ai appris beaucoup sur la psychopatologie, ce qui m'a servi ensuite dans ma formation, j'avais en quelque sorte une expérience sur le terrain

) je m'y suis aussi complètement perdue, culpabilisée et dévaluée.
J'ai mis près de vingt ans à pouvoir accepter le diagnostic de douance qui m'avait été fait, ce qui me semblait totalement incohérant avec le paysage pathologique qu'on me présentait alors ...

d'ailleurs c'était totalement incohérent !!
J'ai donc beaucoup de peine avec cette conception de la psy, tout en reconnaissant que certains y trouvent leur compte. Mais quand j'ai découvert d'autres approches et surtout la psychologie et psychothérapie humaniste et existentielle dans laquelle je me suis formée, j'ai compris que c'était la voie qui correspondait à mes valeurs et à ma philosophie de vie.
Il peut être très déstabilisant de découvrir qu'il y a d'autres grilles de lecture de l'humain, surtout quand on a été immergés dans l'approche analytique (qui est l'approche académique en France et encore dans beaucoup d'universités de par le monde) mais on découvre peu à peu des passerelles et qu'il est possible d'avoir une certaine souplesse dans l'utilisation de ces différentes conceptions, selon les personnes et les problématiques. Cela peut être d'un grand enrichissement d'aller puiser à différentes sources de perception. Tu le constateras sans doute toi-même, malgré le sentiment d'insécurité et de perte de références que l'on peut éprouver lors de la transition
Il me semble juste important de veiller à ce que le respect de la personne soit au rendez-vous et d'avoir conscience que, quelque soit la théorie sous-jaçante, toutes ces écoles ne sont jamais que des interprétations cherchant à comprendre le mystère humain et non pas la Vérité ... et que leur objectif devrait être le même, par des chemins différents : aider l'être humain à vivre pleinement sa condition d'Homme.
Et ce qui me fait bouillir dans ces articles, c'est combien tout ceci est bafoué, au nom de je ne sais quelle prétention de Savoir.
J'espère Cléo, qu'au milieu de ce boulversement dans lequel te met cette nouvelle perspective, tu trouveras, ton chemin propre et TA vérité, valable que pour toi ... et cependant toujours en mouvement.
Bon courage
