QALC Lecture de nouvelles

[Invité]

Pour résumer ma question en deux mots : que conseilleriez-vous comme lecture de nouvelles contemporaines (ou non, mais avec tout de même une préférence pour les XXème et XXIème siècle)?
La raison de ma demande est la suivante : mon ami, très surmené en ce moment, cherche des bonnes lectures courtes pour se changer les idées sans se surcharger le cerveau. Je suis moi-même de piètre conseil, étant amateur de grosses machines romanesques plus que de petits bijoux. Donc si vous avez des suggestions, merci d'avance.
Ce peut être en français, en anglais, en italien ou en allemand. Ce qu'il recherche est la qualité littéraire, mais si possible en marge des "classiques". Je ne dis pas qu'il connaisse tout dans ce dernier domaine, loin de là, mais il a épuisé depuis longtemps les Henry James, Isaac Singer, Harold Brodkey, Katherine Mansfield ou Bernard Malamud (pour citer les noms qui me viennent à l'esprit et vous donner une idée de ce que j'appelle "classique"). Toutes les idées un peu originales seront les bienvenues.

[Fu]

Il ne m’en vient pas beaucoup à l’esprit, à part celles de Dino Buzzati, que ton ami a peut-être déjà lues. Dans un format différent (pas vraiment des nouvelles mais de courts articles, parfois des histoires), il y a Alphonse Allais. En SF il y a de nombreux recueils de nouvelles, ces nouvelles étant initialement parues dans des journaux, mais je n’ai plus d’auteurs en tête là, à part peut-être Fredric Brown ou Roger Zelazny. La plupart des classiques de la SF des années 50 à 70 en auront. Sinon certains auteurs comme Bram Stocker ont aussi écrit des nouvelles, en marge de leurs œuvres les plus connues.

[Invité]

Merci de ta réponse. Buzzati et Allais ont été depuis longtemps épuisés chez nous . Certains "classiques" de la SF également, mais je note les deux auteurs que tu signales, et nous n'avions pas du tout pensé à Bram Stoker, c'est une excellente idée.

[madeleine]

Il y a beaucoup de recueils de nouvelles en science-fiction et fantasy, est-ce que ça vous intéresse ? Vous avez pensé à Borges ? Les douze contes vagabonds de Garcia Marquez ? Les délicieuses et mélancoliques histoires de Barbara Pym ?

[Swinn]

J'en ai parlé ailleurs mais je recommande les nouvelles de Jorn Riel : Un safari arctique et autres racontars, puis La passion secrète de Fjordur et autres racontars, et tous les autres recueils. Ce sont des petits bijoux d'écriture, de drôlerie et d'exotisme.(les romans sont moins intéressants à mon goût).
Cela se passe dans les années 30 en Arctique, et ça raconte la vie des habitant, chasseurs, pêcheurs et scientifiques installés sur place.
Les livres sont petits, les nouvelles courtes c'est très facile à lire et très très original.

[Invité]

Il y a beaucoup de recueils de nouvelles en science-fiction et fantasy, est-ce que ça vous intéresse ?

Oui, bien sûr.

Vous avez pensé à Borges ? Les douze contes vagabonds de Garcia Marquez ?

Oh oui, Borges est inépuisable d'une certaine façon, et Douze contes vagabonds est un grand classique plusieurs fois relu.
En revanche...

Les délicieuses et mélancoliques histoires de Barbara Pym ?

nous sont inconnues, merci pour cette référence.

@Swinn je note, merci bien.

[Swinn]

@Judith tiens moi au courant si vous les lisez, cela m'intéresse d'avoir ton avis dessus.

Et puis vu ton rythme de lecture, ce n'est pas évident de trouver quelque chose pour toi

[Invité]

tiens moi au courant si vous les lisez

Sans problème. Je ferai un retour général de ce que nous aurons lu, de toute façon. J'achèterai les recommandations reçues ici au fur et à mesure et selon leur disponibilité, et je pense que nous les lirons dans l'ordre.

[madeleine]

Je suis une fan inconditionnelle d'Ursula Le Guin, essayez "Ceux qui quittent Omelas" par exemple.
Le blé d'hiver, de Henri Pourrat.
Escarmouches, de Clifford Simak.
Et puis Quasi objets, de José Saramago.
Mais je vais creuser un peu ce weekend

[Invité]

C'est noté, merci beaucoup.

[Invité]

Je reviens comme promis pour un rapide bilan : nous avons lu, parmi les auteurs conseillés :
Barbara Pym : Une question purement académique, très jolie satire douce-amère d'un milieu universitaire de province vu par une Bovary anglaise ; Une demoiselle comme il faut, amusant chassé-croisé amoureux, totalement désuet et léger comme un bon champagne.

Ursula Le Guin : Ceux qui quittent Omelas, vraiment excellent . Le dilemme de départ est simple mais l'absence d'explication ouvre remarquablement le sens du texte à diverses interprétations, et c'est d'une grande efficacité.

Jørn Riel : Le jour avant le lendemain, un beau récit quasi-philosophique, émouvant sans mélodrame. Les relations entre la vieille femme et l'enfant sont très touchantes et l'immersion dans la culture inuit nous a beaucoup plu, en plus de nous instruire. La vierge froide et autres racontars : un peu moins bien (à notre goût ), mais vif et souvent très drôle.

Donc merci encore pour les conseils, ils nous ont été bien utiles.
Nous pensons continuer avec les nouvelles de Le Guin, dont je connais pour ma part assez bien certains romans, mais très peu les œuvres courtes.
Nous sommes toujours preneurs de suggestions supplémentaires.

[JujuGala]

Je vous recommanderais volontiers :

La boîte noire et autres nouvelles de Tonino Benacquista
Petit-déjeuner chez Tiffany de Truman Capote

Les deux principalement pour la qualité de leur écriture

[Kliban]

Côté littératures de l'imaginaire, je suis assez fan des nouvelles de Neil Gaiman (Urban fantasy) : Des choses fragiles et Miroirs et fumée - je n'ai encore lu Signal d'alerte qu'en partie. Et le Belial est en train de republier l'intégrale des nouvelles de Franck Herbert (contient certains inédits en France). Et puis, hard science, il y a Greg Egan (Océanique, Axiomatique et Radieux) - mais sans doute déjà lues ? Et puis Ted Chiang - La tour de Babylone, d'où est tirée la nouvelle qui a donné l'adaptation cinématographique de Villeneuve Arrival. J'avais beaucoup aimé.

Côté roman lu très vite, j'avais beaucoup aimé L'homme qui parlait la langue des serpents d'Andrus Kivirähk. Mais grand prix de l'Imaginaire 2014, il ne vous aura pas, dévoreurs, échappé ^^.

[Invité]

Merci pour ces nouvelles suggestions. Je prends note : @Kliban j'ai lu les nouvelles de Neil Gaiman et j'avoue qu'elle ne m'ont pas enthousiasmée, à mon grand regret. L'homme qui savait la langue des serpents, en revanche, j'ai beaucoup apprécié et je le conseillerai volontiers à mon ami, qui ne le connaît pas. Je n'ai rien lu du reste de ce que tu signales, j'y piocherai certainement.

[Kliban]

(Les nouvelles d’Herbert sont très datées - années 50-60 pour ce premier tome. On le sent dans les thèmes et surtout les rapports homme-femme.)

[Invité]

Merci pour l'avertissement concernant les nouvelles d'Herbert. De toute façon, Dune est ses suites sont très datés aussi, aux deux points de vue que tu signales, donc ce n'est pas étonnant. Dans l'ensemble, la SF est datée et se périme assez vite, du moins pour le peu que j'en connais : c'est en partie inhérent au genre, probablement.

[sandrinef]

Pour ma part j'ai bien aimé le recueil de nouvelles d'Haruki Murakami "Des hommes sans femmes". Dans ce recueil comme un clin d'œil à Hemingway, des hommes cherchent des femmes qui les abandonnent ou qui sont sur le point de le faire. Musique, solitude, rêve et mélancolie, la maître au sommet de son art.
Je crois qu'il y a aussi " Saules aveugles, femmes endormies" mais je ne l'ai pas encore lu.
Sinon, je viens de terminer "Contes et nouvelles de Jules Verne" de... Jules Verne. Il s'agit des textes originels, n'ayant pas subi de coupes ni de remaniement de la part de l'éditeur ou du fils Michel, du coup j'ai trouvé cette lecture vraiment intéressante. ( éd Ouest France).

[Invité]

Merci pour ces nouvelles suggestions.

[Tortue]

Avez-vous lu, toi ou ton ami, Le Châle andalou d'Elsa Morante ? Ses romans sont évidemment des classiques, mais il me semble que ses nouvelles sont très largement méconnues en France. Ce livre réunit une douzaine de nouvelles consacrées à l'enfance et à une certaine misère sociale et affective. Malgré la gravité du sujet, j'ai éprouvé une joie et une reconnaissance profondes à la lecture de ces textes, qui sont des chefs-d'œuvre d'implicite, remarquablement économes de leurs moyens et néanmoins d'une grande éloquence.

Peut-être n'est-on pas sur le bon fil, mais je serais ravi de savoir quelle sélection tu aurais proposée à quelqu'un qui aurait posé la même question que la tienne.

[Invité]

@Tortue merci pour la suggestion, je la note.

je serais ravi de savoir quelle sélection tu aurais proposée à quelqu'un qui aurait posé la même question que la tienne.

Ah.
Je conseillerais d'abord un choix de ce que j'ai appelé " les classiques" dans le premier message :
- Henry James : il existe de lui une grosse centaine de nouvelles et pas mal de courts romans. Parmi ces œuvres, mes favorites sont Le tour d'écrou, L'autel des morts (à l'origine du film de Truffaut La chambre verte), Les Européens (un court roman), Les papiers d'Aspern. Mais on peut taper n'importe où dans le tas, car sauf peut-être dans les nouvelles des dernières années, un peu plus faibles, tout est bon.
James Joyce : Gens de Dublin.
- Isaac Singer : comme James, c'est foisonnant et d'une haute qualité. Je conseillerais les nouvelles des recueils Le Spinoza de la Rue du Marche, Amour tardif et surtout La couronne de Plumes. Le choix de nouvelles de son frère Israël Joshua, que certains (dont moi) considèrent comme un plus grand écrivain que lui, récemment publié sous le titre Au bord de la mer noire et autres histoires est superbe.
-Isaac Babel : Contes d'Odessa ou Cavalerie rouge.
- Harold Brodkey : les deux premiers recueils, Premier Amour et autres chagrins et Histoires sur un mode presque classique. Par la suite c'est moins bon, ou du moins ça devient très expérimental.
-Bernard Malamud : Le tonneau magique (je ne sais pas ce qui existe d'autre en français, sinon tout est merveilleux chez lui).

En moins connus (quoique), je dirais Annie Proulx (Les pieds dans la boue), Beatrix Beck (L'Enfant-Chat), Saul Bellow (Un futur père et autres nouvelles, Histoire de Moshby, La Bellarosa Connection).

Je trouverais sans doute mieux en réfléchissant mais il y aurait déjà de quoi faire.

Edit : Je ne sais pas comment j'ai fait pour oublier Colette : en priorité les recueils autobiographiques sur l'enfance : La maison de Claudine et Sido, mais les autres sont bons aussi (avec des textes plus irréguliers, mais dans l'ensemble c'est brillant), et La femme cachée est un joyau.

[Invité]

Ah, et puis une idée qui mérite que je lui accorde un message à part entière : La reine des lectrices d'Alan Bennett. Une uchronie où la Reine d'Angleterre monterait dans un bibliobus, découvrirait incidemment le plaisir égocentrique de la lecture, et par la même occasion certains aspects d'elle-même pour le moins surprenants.
C'est du Bennett, et on peut donc résister à son comique très particulier, qui mélange le loufoque et le grinçant jusqu'au bord du malaise -à la fin de la nouvelle, on ne sait plus trop sur quel pied danser. Mais si l'on marche, c'est la garantie d'une heure de lecture hilarante.

[Tortue]

[mention]Judith[/mention], merci pour toutes ces suggestions. J'ai beaucoup apprécié ce que j'ai lu d'Henry James (le plus récemment, Le Motif dans le tapis) et j'y reviendrai sans aucun doute. En revanche, j'éprouve quelques réticences à l'égard des œuvres de jeunesse de Joyce (y compris pour Gens de Dublin, si tant est qu'on puisse le placer dans cette catégorie), et relativement peu d'attirance pour ses œuvres de maturité. J'ai déjà jeté un œil sur I.B. Singer et sur Babel, mais pas davantage ; merci d'attirer à nouveau mon attention sur ces deux auteurs que l'on a fréquemment loués devant moi.

son frère Israël Joshua, que certains (dont moi) considèrent comme un plus grand écrivain que lui

Ah ! J'ai déjà entendu formuler cet avis : cela pourrait m'inciter à lire les deux frères en parallèle.

Je n'ai lu aucun des autres auteurs, mais j'attends beaucoup de Béatrix Beck (d'ailleurs je ne connaissais pas ce titre, que je prends en note).
Quant à Harold Brodkey et à Alan Bennett, leur nom ne me dit rien : je vais de ce pas aux renseignements

[Invité]

En revanche, j'éprouve quelques réticences à l'égard des œuvres de jeunesse de Joyce (y compris pour Gens de Dublin, si tant est qu'on puisse le placer dans cette catégorie), et relativement peu d'attirance pour ses œuvres de maturité.

Je comprends ça, Joyce donne des boutons à pas mal de monde . Si tu en fais partie, laisse tomber, ou redonne-lui une chance à un moment opportun.
Bonnes lectures en tout cas. Pour ce qui est des frères Singer, les lire en parallèle peut être une bonne idée, tu verras les ressemblances et les différences (l'influence de l'aîné sur le cadet, majeure dans les œuvres de jeunesse de ce dernier, a diminué au fil du temps comme il est normal mais elle n'a jamais complètement disparu). Il est juste de mentionner qu'ils avaient une sœur, également écrivain et fort talentueuse, Esther Kreitman. Tu peux lire d'elle Blitz et autres histoires, tu verras qu'elle porte sur les milieux décrits par ses frères un regard assez original. Selon Isaac Singer, elle aurait été le modèle de Yentl (un court roman où il met en scène une jeune femme brillante opprimée par le milieu piétiste où elle est forcée de vivre, au point de se faire passer pour un homme pendant un certain temps) et la meilleure écrivaine de langue yiddish qu'il ait connue. Elle mérite en tout cas largement d'être lue.

[Tortue]

Si tu en fais partie, laisse tomber, ou redonne-lui une chance à un moment opportun.

En effet, j'y suis (modérément) allergique : tu as raison, il vaut mieux y revenir plus tard. Quoi qu'il en soit, je ne me débarrasserai pas de mon exemplaire d'Ulysse sans l'avoir un minimum parcouru.

Ah ! Merci, je ne connaissais pas cette écrivaine : ma prochaine incursion en librairie s'annonce sous les meilleurs auspices

[baptiste]

Si il aime la Sf un peu sombre je peut conseiller "7 secondes pour devenir un aigle" et "sympathies for the devil" de Thomas day.

L'ambiance est un peu spéciale mais il fait partie de mes auteurs préférés avec souvent une touche d'humour noir et un second degré assumé