QALC : Avez-vous des livres-fétiches?

[Invité]

La question a peut-être déjà été posée, je n'ai pas trouvé de fil correspondant.

Pour la préciser : par livres-fétiches, j'entends des livres que vous connaissez intégralement, que vous relisez régulièrement et où vous pouvez avoir l'impression de vivre une sorte de seconde vie, presque plus satisfaisante que la vie réelle. Ou, pour citer Erin Morgenstern, qui écrit (dans La mer sans étoiles) "Les meilleures histoires sont celles qui vous donnent l’impression de continuer à exister quelque part, dans leur espace à elles" : ces "meilleurs histoires" font-elles partie de votre vie?

Pour la part, j'en ai une petite dizaine, dont entre autres :
- Orgueil et Péjugés (Jane Austen)
- Les travailleurs de la mer (Victor Hugo ; oui je sais, c'est bizarre mais c'est comme ça. Je m'y sens comme chez moi, malgré le dialecte anglo-normand et la pieuvre, ou grâce à eux d'ailleurs, ce n'est pas clair. Merci de rire discrètement. ).
- Le Temps retrouvé (pour le coup c'est banal puisque Proust écrivait précisément, entre différentes raisons, pour créer ce type de livre - il s'en est expliqué.)
- La Maison de Claudine, La Chatte et Sido (Colette)
- La dernière Harde (Maurice Genevoix -pour les mêmes raisons que La Chatte de Colette, c'est un livre qui propose une possibilité de fusion avec l'animal fascinante, et ici écrite de l'intérieur. En le lisant, on devient le Cerf Rouge, comme Genevoix l'avait avoué pour lui-même. On est à la limite de l'animisme.)
- La tétralogie du Yorkshire (Antonia Byatt ; bizarre aussi vu l'extrême noirceur de certaines parties, mais on n'est pas dans le rationnel).

Et vous?

[enufsed]

Si je m'en tiens à l'énoncé précis de ton sujet, je crains de n'avoir aucun livre fétiche : n'ayant pas suffisamment de points de vie pour ne serait-ce qu'effleurer la surface de la pile de livres que j'aimerais un jour lire, la question de les relire et même de les connaître intégralement (moi dont le cerveau se souvient involontairement de pubs et chansons des années 80 mais n'arrive pas même au bout d'efforts infinis à mémoriser une ligne de poésie) ne se pose pas. Je croyais déjà être exceptionnel pour avoir lu l'intégralité de la Recherche...je ne devinais pas qu'il existait, en dehors de la rédaction d'une thèse, un monde possible où des êtres humanoïdes pouvaient lire et relire et rerelire du Proust (rien qu'en lisant ce passage de ton message j'ai senti ma vie s'échapper comme du sable).

Sur la deuxième partie du message "les meilleures histoires" et notre vie...je vais y réfléchir. Il y a quelque chose qui se rapproche de ça mais pas comme ce que dit Morgenstern...où alors juste par fragments...

[Invité]

je ne devinais pas qu'il existait, en dehors de la rédaction d'une thèse, un monde possible où des êtres humanoïdes pouvaient lire et relire et rerelire du Proust

Je confirme que ce monde existe : je ne prétends pas qu'il contient énormément d'humanoïdes, mais il est loin d'être vide. Je relis la Recherche en gros une fois tous les trois ans, et le Temps retrouvé une fois par an minimum ; ma sœur fait de même (pas forcément au même rythme, et son volume annuel est Du côté de chez Swann), mon compagnon également ainsi que son frère et ses deux neveux, un de mes collègues préférés est très investi dans la Société des amis de Marcel Proust, etc. La proustophilie est une névrose assez banale, en fait.

[Enuma]

En ce qui me concerne, je n'en vois qu'un, "Jane Eyre" de Charlotte Brönte.

Par contre, j'en ai lu de nombreux pour lesquels ça a été difficile de m'en extirper et que j'ai souvent quittés à regret mais sans ressentir le besoin de replonger dedans. C'est rare quand je relis un livre en fait. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs puisqu'il m'arrive bien de voir plusieurs fois le même film.

[Invité]

"Jane Eyre" de Charlotte Brönte.

Il a été pour moi un fétiche (le terme est impropre, il faudrait que je trouve quelque chose de mieux), mais à l'adolescence. Les trois premiers romans des sœurs Brontë, Jane Eyre, Les Hauts de Hurlevent et Agnès Grey ont fonctionné de cette façon. J'en ai collectionné et comparé les traductions et les éditions : je crois que ce sont les premiers romans pour lesquels je l'ai fait. Je devais avoir treize ou quatorze ans. Aujourd'hui, je pense les avoir encore bien en tête, mais il y a des années que je ne les ai plus relus.
Dans Jane Eyre, j'aimais particulièrement la première et la troisième partie, l'école cauchemardesque de Lowood et les aventures de Jane avec ses cousins puritains. Bizarrement, Thornfield et Mr Rochester me plaisaient moins, sauf bien sûr les scènes d'épouvante avec Grâce Poole et la malheureuse Bertha Mason, que je connais encore par cœur. Est-ce que tu as lu le beau roman que Jean Rhys a consacré à ce personnage sacrifié, La prisonnière des Sargasses?

[cherubim]

@Judith : Oui M'dame, c'est Wild Sargasso Sea en anglais. Il prend la poussière dans ma bibliothèque. J'en garde un bon souvenir, même si je préfère Jane Eyre. Je trouve que le passage de la rencontre entre Jane et Rochester est magistral, mais cela n'engage que moi.

[Invité]

Je trouve que le passage de la rencontre entre Jane et Rochester est magistral

Quand il tombe de son cheval?
Plus sérieusement, les scènes entre les deux personnages sont très bonnes en général. C'est le personnage de Rochester en lui-même, je crois, qui ne m'a jamais trop convaincue (à la différence du Heathcliff d'Emily Brontë) : c'est un mélange physique et psychologique entre un héros byronien et le professeur de lettres belge dont Charlotte Brontë était amoureuse, ce qui lui donne un côté un peu bancal par moments. Charlotte Brontë a écrit plus tard des personnages masculins bien meilleurs, notamment dans Villette, où elle a recréé son bien-aimé professeur de façon très convaincante dans le personnage de Paul Emmanuel.
Bref, j'arrête, si je me lance sur les Brontë je peux discourir sans fin.

[nemo]

Puisqu'il s'agit d'une question, j'imagine qu'on peut participer pour répondre non... Je n'ai jamais relu un livre. Il n'ont jamais pris assez de place dans ma vie pour que l'envie d'en découvrir un nouveau ne prenne pas le pas sur la tentation d'un relire un aimé. Il en est toutefois un que je me suis promis de relire : "Le dernier stade de la soif" de Frederick Exley. Je ne sais pas vraiment pourquoi et répondre à la question fait parti de la réponse elle-même. D'une certaine manière, malgré l'écart générationnel au moment de sa lecture, j'ai le souvenir de m'être un peu identifié à cet anti-héros drôle, noir, ayant un sentiment diffus d'avoir quelque chose à transmettre qui le tire vers le haut tandis que tout ou presque dans son existence freine cet élan. Cette tension interne m'a touché, celle qui (dans mon souvenir) pouvait s'exprimer entre l'autodestruction et une quête d'idéal indéfini.

[-Olivier-]

La Nuit des enfants rois de Bernard Lenteric.
J'avais une douzaine d'années quand j'ai lu ce livre, et je ne m'en suis pas encore remis.
Je ne m'en remettrais jamais, je crois...

[Swinn]

Pour moi c'est :Damien autour du monde de Gerard Janichon édité par Arthaud que j'ai lu à 17 ans

C'est le récit de 2 amis dans les années 70 qui décident de construire de leur main dans leur jardin un voilier de 10 mètres avec lequel ils vont faire le tour du monde. Ils ont navigué dans toutes les mers du sud, chaviré au large de la Géorgie du Sud, atterri dans toutes les iles australes habitées ou non et aussi en Terre Adélie.
C'est au travers de cette épopée que j'ai découvert et que je reste fasciné par les tempêtes, les vagues, le gris de la mer et du ciel qui se confondent, l'écume, que je rêve de naviguer dans le grand sud, au delà des 40èmes rugissants ( le Cap Horn) vers les 50èmes hurlants (Ile de Heard) et les 60èmes solitaires (Terre Adelie) pour croiser les grand icebergs.

Je suis resté depuis scotché sur ce voyage au long cours, et sur les images et les couleurs que cela a imprimé en moi. Je n'ai jamais eu l'occasion de partir là-bas c'est un des grand regret de ma vie (si il n'y avait que celui là), et je porte toujours en moi l'idée de ces lumières grises déchirées par quelques rayons d'un invraisemblable soleil de tempête plongeant sur ces vagues gigantesques que je n'ai jamais vu qu'en rêve.

[enufsed]

Je dois quand même placer un livre que j'ai finalement lu pas mal de fois sans jamais vraiment réussir à la terminer correctement : La couronne des rois dans la série Sorcellerie! et ses 800 redoutables paragraphes.



Ce n'est pas que pour la blague car ces livres furent pendant des années ma principale voire unique source de lecture et j'en avais dans les 80.

[Juvi85]

Haha j'ai beaucoup lu de Livres dont vous êtes le héros moi aussi (J'ai d'ailleurs recommencé récemment)

[Invité]

Merci de vos réponses.

@enufsed les Livres dont vous êtes le héros, je ne les ai découverts qu'assez récemment. J'en ai emprunté quelques-uns à un voisin qui a toute la collection. C'est très amusant : en une matinée de lecture, j'ai été successivement mangée par un orque, jetée du haut d'une falaise, enfermée à vie dans des oubliettes et j'en passe. Ensuite, j'ai à peu près saisi comment éviter les pièges et ça m'a moins fait rire, mais je comprends très bien qu'on y revienne régulièrement et qu'on ait l'impression de vivre une autre vie dedans. Je ne crois pas que ce soit exactement à ce type d'enchantement littéraire que faisait allusion Erin Morgenstern dans la citation, elle parlait plutôt de la façon dont certaines structures narratives piègent l'imaginaire (c'est le thème du livre dont la phrase est tirée, où un lecteur "rentre" dans les intrigues d'un récit par le biais d'un jeu mémoriel complexe) mais c'est assez proche.

[enufsed]

Je précise que je lisais ça à 11-15 ans, j'ai parfois l'envie d'en relire un (ils sont perdus dans le grenier des parents), mais je pense que mes souvenirs sont plus beaux que toute les relectures dans ce cas précis

[Invité]

je pense que mes souvenirs sont plus beaux que toute les relectures dans ce cas précis

C'est possible : ceux que j'ai lus étaient très platement rédigés.
Mais il n'y a pas forcément de rapport entre la qualité littéraire et la force d'envoutement qu'un bouquin peut avoir : ça peut aussi tenir aux circonstances de la première lecture ou à autre chose. Je n'ai mis que de très bons, voire de très grands livres, dans ma liste (serais-je inconsciemment snob? ). Je peux tout aussi bien y rajouter un abominable roman scout intitulé Les Clowns, d'Alain Tersen (personnage assez sinistre à divers égards, dont je précise bien que je fais pas la promotion dans le forum ). Je l'ai lu à douze ans, pendant des grandes vacances à la campagne où je l'avais déniché à la bibliothèque du village, il faisait beau et j'étais heureuse, ça racontait des histoires de baignades joyeuses, le cirque me faisait rêver, que sais-je encore... J'ai dû le lire une dizaine de fois cet été-là, je le connais encore très bien et le simple fait d'y repenser me restitue une foule de sensations agréables. Il ne compte plus vraiment parmi mes fétiches, mais il a compté pendant quelques années.

[Enuma]

Il a été pour moi un fétiche (le terme est impropre, il faudrait que je trouve quelque chose de mieux), mais à l'adolescence. Les trois premiers romans des sœurs Brontë, Jane Eyre, Les Hauts de Hurlevent et Agnès Grey ont fonctionné de cette façon. J'en ai collectionné et comparé les traductions et les éditions : je crois que ce sont les premiers romans pour lesquels je l'ai fait. Je devais avoir treize ou quatorze ans. Aujourd'hui, je pense les avoir encore bien en tête, mais il y a des années que je ne les ai plus relus.
Dans Jane Eyre, j'aimais particulièrement la première et la troisième partie, l'école cauchemardesque de Lowood et les aventures de Jane avec ses cousins puritains. Bizarrement, Thornfield et Mr Rochester me plaisaient moins, sauf bien sûr les scènes d'épouvante avec Grâce Poole et la malheureuse Bertha Mason, que je connais encore par cœur. Est-ce que tu as lu le beau roman que Jean Rhys a consacré à ce personnage sacrifié, La prisonnière des Sargasses?

Je l'ai aussi lu à l'adolescence mais il m'a beaucoup marqué. J'avais un peu moins accroché avec Les hauts de Hurlevent . C'est vraiment l'interaction Jane-Rochester que j'ai adoré. Je ne connais pas le roman dont tu parles sur Bertha. Je le note. A ma grande honte, j'ai lu un truc bien bien mauvais appelé Jane Eyre's husband qui raconte l'histoire du point de vue de Rochester. Et quand je dis mauvais, je suis gentille.... C'était hyper graveleux, dans le genre collection harlequin en plus explicite.....

[Invité]

C'est vraiment l'interaction Jane-Rochester que j'ai adoré.

Oui, bien sûr, c'est un point fort du livre et une des raisons pour lesquelles il a fait scandale à sa parution. Mais moi, à l'adolescence, les histoires d'amour me passaient complètement au-dessus de la tête, je pense que je ne comprenais pas de quoi il était question. Idem dans les Hauts de Hurlevent, les amours tumultueuses de Catherine et d'Heathcliff ne m'intéressaient pas, c'était d'autres aspects du bouquin qui me fascinaient : l'usage des rêves et des délires, les paysages, la structure du récit et son introduction trompeuse, etc.
Lis le Jean Rhys sans inquiétude : c'est un hommage puissant à Charlotte Brontë, où les questions de la sexualité et du féminisme, très présentes dans Jane Eyre, sont reprises sous un autre angle plus explicite, et aussi tout simplement un vrai beau livre. J'ai entendu parler de cette histoire du récit au point de vue de Rochester, mais je ne l'ai pas lu et d'après ce que tu écris, je vais m'abstenir.

[sandrinef]

Je n'en ai qu'un, que je relis régulièrement: "Les hauts de Hurlevent." Et ce n'est pas l'histoire d'amour qui me fascine, c'est la structure du récit, et le personnage d'Heathcliff. C'est étrange mais je me suis beaucoup identifiée à ce personnage lorsque j'étais plus jeune. Comme si, à travers lui, j'étais vengée du milieu social dans lequel je suis née.

[Invité]

Je dois quand même placer un livre que j'ai finalement lu pas mal de fois sans jamais vraiment réussir à la terminer correctement : La couronne des rois dans la série Sorcellerie! et ses 800 redoutables paragraphes.

Oh je l'avais bien aimé ! je me rappelle aussi de toute la série Loup solitaire.

Merci pour ce fil Judith. Décidément on me parle ici ou là de Proust; Il me faut prendre le temps pour enfin le découvrir.
Une question un peu hors-sujet: le lycée m'a permis de découvrir Balzac, Baudelaire, Flaubert, Hugo, Stendhal, Zola. Mais quid de Proust, avez-vous eu cette chance ?

Pour ta question Judith, ma réponse s'écarte de la littérature. Il n'en reste pas moins que c'est toujours un grand plaisir de relire les livres suivants:
- Le seigneur des anneaux de Tolkien. J'envie celui qui le lit pour la première fois !
- Fondation (1ère époque), Les robots, puis Fondation (2ème époque) dans cet ordre d'Asimov: Même si je connais toutes les intrigues, le déroulement reste jouissif et j'ai toujours une larme lorsque le souvenir d'Elijah est évoqué une dernière fois par R. Daneel Olivaw.
- Terremer (le 1er tome). Une perle, un ovni d'Ursula le Guin.

[Invité]

Mais quid de Proust, avez-vous eu cette chance ?

Non, j'ai lu du Proust en dehors de toute approche scolaire. Ce n'est sans doute pas plus mal, je ne suis pas certaine que l'aborder par le biais des explications de textes ne me l'aurait pas gâché.

Fondation (1ère époque), Les robots, puis Fondation (2ème époque)

Ah, pareil pour moi. C'est un cycle auquel j'aime beaucoup revenir de temps en temps. Jubilatoire.

[Ouinon]

Oh la la, je me dis que mes livres fétiches remontent à l'enfance et l adolescence, je n'ai plus pris le temps depuis de me laisser absorber par un livre au point de le relire encore et encore depuis.

En tout premier :

- Ne pas tout dire, Shaīne Cassim. Un livre très court emprunté 4 ou 5 fois à la bibliothèque. Ça devrait être un an après sa sortie j'avais 11 ans. J'étais plus envoûtée par le beau Bastien que par la qualité de la plume je crois !

- Quelque chose de beau, Kent. Un peu plus tard cette fois, vers 14 ans. J'aimais les descriptions, l'ambiance artiste, notamment aux Etats Unis.

Bon et puis de façon incontournable, je tombais invariablement malade à chaque sortie d'un nouveau tome, histoire de pouvoir le lire toute la journée...
Toute la série des Harry Potter, ceux que j'ai le plus relus étant le 1 et le 4.

Voilà, point de Proust pour ma part, même si ces livres font un peu office de madeleine. Ça compte quand même ?

[Invité]

Ça compte quand même ?

Oui si ce sont des fétiches. La valeur littéraire n'entre pas en ligne de compte, seulement la nature de l'attachement porté au(x) livre(s).

[InMedio]

Mon livre fétiche absolu :
Zazie dans le métro, Raymond Queneau

Mes sœurs et moi avions un poste de radio avec lecteur de cassette et lecteur CD dans la chambre commune, seul équipement technologique à notre portée dans la maison.

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(l'Apple II était déjà vieux, je n'avais pas encore réclamé de Gameboy color et le PC Windows 98 avec Age Of Empires et Zoo Tycoon n'était pas encore arrivé, sans parler de la télé que nous avons eu plus tard et encore sans M6 à l'époque où Arte et France 5 se partageaient le même canal)

Les parents nous laissaient donc nonchalamment jouer avec des Kapla et des Playmobils en écoutant des livres audio sur CD, dont des Roald Dahl (Geogres Bouillon, Sacrées Sorcières, Charlie et la Chocolaterie / et l'ascenseur de verre, etc...) que j'aurais pu citer comme livres fétiches si je les avais effectivement eus (en livre) et lus.

Zazie, c'était LE livre audio de notre enfance. Les 4 CDs duraient tout l'aprèm (bénédiction pour les parents) et ont été rejoués des dizaines de fois. Les voix de Camille Donda, Patrick Topaloff, Jean-Claude Donda, Gilles Laurent, Béatrice Belthoise, Nathalie Régnier et Jean-Luc Guillard sont gravées dans ma tête pour toujours. Quand j'ai enfin lu le livre, c'était avec leurs voix.

Et quel livre ! Quelle histoire ! Tout au long de ma vie jusqu'à aujourd'hui, je ne me suis pas lassé une fois de le relire et surtout de le réécouter pendant de longs après-midis de travail. Je l'ai même redécouvert quand une de mes sœurs (aux anges, vous imaginez) a su qu'elle l'étudierait pour le bac. Tout y tient du génie littéraire : de la structuration générale autour du 7 et ses multiples, la profondeur des personnages dans une histoire pourtant courte et gentillette, une histoire pas si gentillette que ça, mais racontée comme une aventure rocambolesque, une sens du rythme, de la bonne phrase à citer en toute circonstance, du suspense, de la géographie de Paris (totalement absurde), et la retranscription par écrit de ce mélange entre le langage oral familier, approximatif et un vocabulaire précis, tranchant par moments.. Et ce monologue de Gabriel en bas de la Tour Eiffel..

Fallait pas me lancer sur mon livre fétiche, maintenant je ne peux plus m'arrêter d'en causer.
C'est tout ce que je sais faire.

[Invité]

Et quel livre !

Oh oui. J'en cite parfois compulsivement des passages, c'est totalement irrésistible. Je ne sais pas pourquoi je l'ai oublié dans ma liste, ça doit être un acte manqué.

[InMedio]

Il peut m'arriver dans mes interventions ici d'en citer ni vu ni connu.
Avec mes sœur on a une théorie qui s'énonce ainsi : Dans toute situation de la vie, on peut citer Zazie.