C'est le premier sujet et premier message après mon message de présentation que je permets d'ouvrir ici sur ce forum.
M'exprimer ici est descriptif du sujet que je souhaite ouvrir et laisser vivre ici. Quel lien y a t'il entre la honte et l'intelligence ? Mon intention à poser cette question est double : je souhaite à la fois mettre de la lumière sur un sentiment profond qui m'habite, et en même temps le faire grâce au vécu et au regard des autres sur ce même sentiment. Et ce sentiment, c'est la honte.
A y bien réfléchir, mon sujet devrait plutôt s'intituler : Honte et expression de l'intelligence, car l'intelligence brute à mon sens ne laisse pas de place à la honte. C'est lorsque j'exprime une intelligence - que je la rend visible dans le monde - que la honte apparaît et agit comme un obstacle difficilement franchissable à l'expression de soi et à la construction identitaire.
J'ai personnellement grandi avec un sentiment de honte prégnant, honte d'être en décalage, honte d'être émerveillé par l'apprentissage et les découvertes physiques et psychiques, honte d'exprimer des idées, des mots, des postures qui ne trouvaient pas chez l'autre un espace de réceptivité, mais plutôt un espace de rejet et d'incompréhensions. M'exprimer ici est un grand pas pour moi, et je crois observer que la honte, pour exister et réaliser sa fonction d'inhibition, a besoin d'un cadre social dans lequel une certaine forme d'intelligence - dont je ne saisis pas encore les contours avec précision, et à vrai dire j'en suis loin (je fais une parenthèse dans la parenthèse pour poser ici en réflexivité à mes mots une citation bien connue : "l'infini, c'est grand, surtout vers la fin" !) - doit être réprimé.
J'observe que ce sentiment de honte c'est en quelque sorte cristallisé dans mon identité, comme si la honte faisait partie de moi, qu'elle (ou il ?) m'habitait et que j'était condamné à vivre avec, à le transporter avec moi tel un boulet au pied d'un prisonnier condamné par injustice. Et lorsque ce sentiment s'adresse à moi, il m'envoie des pensées qui me disent : "de toutes façon personne ne te comprendra jamais, même toi tu ne te comprendras jamais, alors à quoi bon ? Laisse tomber ils ne te comprendront pas". Aujourd'hui, je souhaite donner tort à ce sentiment et à ses propos remplis d'amertume et chargés d'impuissance.
Ainsi je m'interroge, partagez-vous ce sentiment de honte lié à votre intelligence ? Quel est votre rapport à la honte ? Comment vivez-vous la honte ?
A l'idée de vous lire, je m'entends me dire : "et si tu avais tort Olivier, et si ils pouvaient te comprendre ?", et un sentiment d'apaisement apparait alors

Je me réjouis de vous lire.
Olivier