Dans mon boulot, je suis sensée trouver des solutions pratiques à des problèmes souvent mal posés.
Ma démarche est très éparpillée. J'ai tenté le mind mapping, sauf qu'il me faudrait pouvoir le faire en 3D. J'ai laissé tomber ou ne m'en sert prfois que pour communiquer sur mes travaux.
J'aime bien "bouffer" de l'image. Par exemple, je vais regarder des dessins de brevets et je fais défiler. J'utilise aussi pinterest.
J'aime les catalogues d'outils, de jouets (sisi).
Je lis des publications dans tous les sens.
Après je jette en vrac sur un papier des petits shémas, des mots et je laisse tout ça en plan. C'est rare que j'y revienne.
Ensuite, je descends au labo et je rassemble du matériel, sans avoir forcément d'idée bien aboutie ou je m'attèle a de la CAO et je dessine. La 1ère ébauche est souvent d'une nullité crasse, avec des bétises de type dimensionnelles, une incongruité qui fait que le montage ne peut pas se faire. J'ai tenté d'éviter cette étape, mais elle revient systématiquement.
J'aime bien aussi discuter rapidement de mon problème à résoudre avec un collègue ou alors le suivre sur un sujet tout autre. Ca m'aide à faire des ponts entre des notions différentes.
Et je surfe, je surfe beaucoup sur internet pour laisser mon esprit divaguer, sans aucun lien avec le travail à faire.
Quand je sèche, je zape sur autre chose, je vais me balader.
De l'extérieur, on me le dit très très souvent, ça fait très bordélique, non construit et c'est flippant parce qu'on ne sait pas sur quoi je bosse, si je bosse et surtout si ça avance ou abouti à quelque chose.
Mon chef, le n+2, certains collègues me connaissent depuis longtemps et ont vu le concret de ce bazar. Ils me fichent du coup globalement la paix.
Mon encadrement m'a demandé de travailler sur ma communication, pour permettre de rendre visible tout ce que je fais et le valoriser, afin de casser une image de dilettante que je peux avoir, permettre de fédérer plus facilement et surtout d'obtenir des moyens pour réaliser.
D'abord réticente, je reconnais qu'en me forçant à poser par écrit régulièrement où j'en suis et ce que j'ai en tête à l'instant x, j'ai apaisé ma cervelle. Je vois aussi plus clairement toute la masse de travail réalisée (j'ai un gros syndrome de l'imposteur avec l'impression de ne jamais en faire assez).
En passant cette étape d'organisation pour transmettre l'information, j'ai aussi découvert que cela me permettait d'aller plus vite à l'idée d'après. Là j'en suis à habituer mon environnement professionnel à ne pas attendre que je réalise ce que je présente comme "étape suivante", mais qu'en réalité je suis passée déjà à l'étape d'après. En gros je saute une étape. Je n'ai pas encore réellement trouvé comment présenter ce glissement de façon optimale.
Si je découpe :
- d'abord partir en vrac dans tous les sens, surtout via des images, des impressions, des acoquinement d'idée ou de notions. Etape très floue.
- discussion avec des collègues sur des sujets divers, vague présentation orale de mon sujet de préoccupation, quelques échanges informels. Etape plutôt détachée du sujet de base
- 1ères réalisations concrètes très merdiques (dessins CAO, maquettes, prototypes) en gros mode échec
- sujet complètement délaissé (il me saoule),
- et 1er proto fonctionnel ou résolution du problème.
Pour être performante, je me suis rendue compte que j'étais incapable de me focaliser sur un seul sujet. J'ai besoin que ça parte dans tous les sens avec pleins de sujets en parallèles. Je fonctionne complètement à l'envie. Si j'ai pas envie, j'ai beaucoup, beaucoup de mal à créer.
J'ai aussi observé que ma capacité à créer est aussi liée aux horaires et à la pression. J'aime me poser seule et plutôt au calme. Le matin ou sinon le soir, quand je me sens libérée de toutes contraintes. Je me lève souvent avec une idée +/- aboutie.
Pas assez de pression et je procrastine à fond, trop de pression et je fige totalement. Le dosage est subtile

et en plus fluctuant en fonction de mon état émotionnel.
J'ai besoin d'être plutôt bien pour créer. Et sans trop de cadre organisationnel.
Et par moment oui, je connais ce que tu décris comme l'insight. Pour moi, ça passe quand même par une phase longue d'appropriation du problème. Parfois effectivement, pas besoin de maquettes/protos, il est possible de passer directement à la solution "parfaite" ou plutôt optimale. Dans ce cas, je la "vois" et je la "sens" physiquement. Comme une forme d'hyper intuition.
J'adore ces élans créatifs, c'est comme un bon shoot (enfin j'imagine, j'ai jamais testé

). Je peux en oublier tout ce qui m'entoure, de manger, dormir. Ca part dans tous les sens, il y a une forme de fulgurance, la cervelle est à fond. Je me sens ... vivante.
Après par contre, il y a un gros bad trip. L'excitation n'est plus là, puisque j'ai abouti. Et le temps qu'un autre sujet d'excitation arrive, je me sens crevée. Généralement, professionnellement, c'est un moment où je tourne en rond en cherchant le prochain sujet d'excitation. J'en profite pour recharger les batteries et m'ancrer de nouveau un peu dans la réalité quotidienne.
Dans mon boulot, il y a des essais pour rendre la réativité "organisée". Avec des tas d'outils divers. Le recours aux statistiques. J'ai été formée. Je reste relativement dubitative. Il manque à mon sens le grain de folie.