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Artober 2019
- Judas Bricot
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Re: Artober 2019
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À force de penser à ce que les autres pensent de nous, on en oublie de se penser soi-même.
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Re: Artober 2019
Moi aussi, très beaucoup même, le mur a frappé de belle façon ici

Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..
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Re: Artober 2019
Le complément à un dessin, il fallait attendre que la migration soit terminée pour arriver à finaliser ce texte... Et pis, y'a plus de délai !
Quelques mois plus tôt, Paloma avait découvert sa liberté, de celle qui fait frissonner le cœur et pleurer un œil encore fragile. Elle découvrait ce filet d’air entre des plumes fraichement sorties d’un fourreau protecteur. Des immensités d’aiguilles l’entouraient, embrassant des marais, et deux parents besogneux la guidaient dans l’apprentissage de sa sauvage vie.
Après un été à glaner graines et autres faines, le temps commençait à tourner, le ciel avait abandonné son teint délavé et arborait un bleu roi, intense, de celui qui jette un froid. Beaucoup autour d’elle s’affairaient, à constituer maigres butins et grosses provisions, cette prévision d’un autre lendemain pour ceux qui ne seront pas trop tête de linotte.
Paloma n’y prêtait guère attention, elle profitait de cette belle arrière-saison, de tout ce grain dont elle trie le son, tous se repaissaient à l’unisson. A la compagnie de ses parents s’ajoutait d’autres congénères, la plupart, elle ne les connaissait guère. Tous ensemble pour former cette nuée, ce groupe, qui dans ces grands espaces erre. En eux semblaient monter une envie, une furie, la nécessité de cette fuite toujours plus loin en suivant ce trait invisible que dessinait le soleil à chaque lever. Tout matin était occasion de braver l’horizon, voler jusque les ailes harassées n’acceptent plus cette déraison.
Au fil de ses arrêts, elle découvrait cette diversité de forêts, tendres et claires, ces champs à perte de vue que le regard s’y perd, et ce béton, ces lieux inconnus qui lui filent la berlue. Son bec, ses yeux se sont délectés, humectés, et éblouis de toutes ces nouveautés, et elle continuait, muée par sa volonté.
Dans cette grande plaine boisée, Paloma prend quelque quartier pour mieux s’y reposer, épuisée de cette grande épopée. Tout y semble à foison, le mais jonche le sol, ces immensités de tournesol, pinèdes et chênaies qui bordent un houleux et tumultueux horizon. Elle ne le sait, mais cette halte est la dernière. La pluie est partie, le mauvais temps derrière.
Comme une fenêtre qui s’ouvre, Paloma sent ce vent qui a changé de cap et semble l’emporter, l’envoler au-delà de ce lieu qui lui échappe. Dans l’excitation du matin, Paloma prend part à un nuage de plumes, une infinité de vies suspendues à un simple fil. Des ailes qui s’agitent pour mieux s’élever au-dessus d’un dortoir d’une nuit, voguer vers ce destin en traversant cette barrière de roches, le plus dur chemin.
Les montagnes se dessinent puis s’affirment, toujours plus proches. Des petits cailloux dont elle se remplit le gosier pour mieux broyer ce grain, ceux-ci semblent vouloir sauter à son cou, la rattraper en vol, comme si le sol dans un vacarme pétaradant voulait lui couper les ailes. Certains voyageurs semblent fauchés en plein vol, allant se perdre entre fougères et ajoncs, non sans un regard hagard, une larme apparait chez qui ne sait pleurer, que leur arrive t’il ?
Ouf, un passage s’ouvre enfin à eux, un vallon dégagé de tout obstacle comme une échappatoire à cet enfer sonore. Paloma ne semble pas remarquer ces cabanes dressées au dessus de la canopée, frêles édifices de bois, jusque ce qu’un cri n’y rugisse. Un chiffon blanc surgit, s’agitant dans l’air dans une folle frénésie, décrivant courbes et lignes afin d’effrayer ce torrent de vie. Le vol change de cap, tire un autre azimut avec toujours cette sortie, cette trouée dans la forêt dans la mire. De l’autre côté du vallon, un nouveau cri retentit, Paloma distingue alors un être au bout de ce chiffon immaculé, exalté, tout de vert vêtu et s’époumonant à tue tête. Le torrent de vie rebondissait de chaque côté de la vallée, affolé de ne pouvoir suivre cette voie que le soleil avait tracée. Malgré tout, tous avançaient et approchaient leur but, ces deux grands arbres au sommet. Les voix se sont tues, un calme angoissant tant il rompait avec les instants précédents.
Une dernière cabane apparait, si proche du sommet, celle-ci plus discrète, noyée dans le feuillage. Point de chiffon à l’horizon, pas un son.
Soudain… Une forme blanche, rapide, fend l’air et se précipite sur le vol. Paloma comme tous les autres compagnons font appel à leur instinct profond, celui qui fait qu’on fait sans savoir. Le vol plonge, se dirige vers le sol afin de mieux y coller tout en avançant, ignorant que de ce rapace il n’était rien d’autre qu’un morceau de feignant. Au ras des arbres, les pattes effleurant les feuilles, la sortie est là, juste devant elles, un ultime effort à travers deux coups d’ailes.
Et…
Paloma voit ses rêves d’immensité se briser, un mur de cordes et nœuds s’est effondré sur eux, les maintenant au sol pendant que ces êtres étranges s’affairent à les capturer, les glissant dans des étoffes étouffantes. Tant de vola t’il autour d’elle, tant d’ailes qui s’enroulent dans la douleur et la torpeur… Pour devenir alors esclaves d’une cage, un fil à la patte, pour ne jamais être tenté de recouvrer sa liberté et pire, trahir ceux qui voyagent vers l’infini.
Histoire d’une palombe, una paloma, capturée par une chasse ancestrale et devenant "appelant" pour la chasse en palombière, dans un pays où le béret est fier et l’accent tellement étonnant. La chasse au filet d’Etxalar, Navarra, instant de vie capturé des yeux et de l'esprit d’il y a 10 ans. Adixatz...
Quelques mois plus tôt, Paloma avait découvert sa liberté, de celle qui fait frissonner le cœur et pleurer un œil encore fragile. Elle découvrait ce filet d’air entre des plumes fraichement sorties d’un fourreau protecteur. Des immensités d’aiguilles l’entouraient, embrassant des marais, et deux parents besogneux la guidaient dans l’apprentissage de sa sauvage vie.
Après un été à glaner graines et autres faines, le temps commençait à tourner, le ciel avait abandonné son teint délavé et arborait un bleu roi, intense, de celui qui jette un froid. Beaucoup autour d’elle s’affairaient, à constituer maigres butins et grosses provisions, cette prévision d’un autre lendemain pour ceux qui ne seront pas trop tête de linotte.
Paloma n’y prêtait guère attention, elle profitait de cette belle arrière-saison, de tout ce grain dont elle trie le son, tous se repaissaient à l’unisson. A la compagnie de ses parents s’ajoutait d’autres congénères, la plupart, elle ne les connaissait guère. Tous ensemble pour former cette nuée, ce groupe, qui dans ces grands espaces erre. En eux semblaient monter une envie, une furie, la nécessité de cette fuite toujours plus loin en suivant ce trait invisible que dessinait le soleil à chaque lever. Tout matin était occasion de braver l’horizon, voler jusque les ailes harassées n’acceptent plus cette déraison.
Au fil de ses arrêts, elle découvrait cette diversité de forêts, tendres et claires, ces champs à perte de vue que le regard s’y perd, et ce béton, ces lieux inconnus qui lui filent la berlue. Son bec, ses yeux se sont délectés, humectés, et éblouis de toutes ces nouveautés, et elle continuait, muée par sa volonté.
Dans cette grande plaine boisée, Paloma prend quelque quartier pour mieux s’y reposer, épuisée de cette grande épopée. Tout y semble à foison, le mais jonche le sol, ces immensités de tournesol, pinèdes et chênaies qui bordent un houleux et tumultueux horizon. Elle ne le sait, mais cette halte est la dernière. La pluie est partie, le mauvais temps derrière.
Comme une fenêtre qui s’ouvre, Paloma sent ce vent qui a changé de cap et semble l’emporter, l’envoler au-delà de ce lieu qui lui échappe. Dans l’excitation du matin, Paloma prend part à un nuage de plumes, une infinité de vies suspendues à un simple fil. Des ailes qui s’agitent pour mieux s’élever au-dessus d’un dortoir d’une nuit, voguer vers ce destin en traversant cette barrière de roches, le plus dur chemin.
Les montagnes se dessinent puis s’affirment, toujours plus proches. Des petits cailloux dont elle se remplit le gosier pour mieux broyer ce grain, ceux-ci semblent vouloir sauter à son cou, la rattraper en vol, comme si le sol dans un vacarme pétaradant voulait lui couper les ailes. Certains voyageurs semblent fauchés en plein vol, allant se perdre entre fougères et ajoncs, non sans un regard hagard, une larme apparait chez qui ne sait pleurer, que leur arrive t’il ?
Ouf, un passage s’ouvre enfin à eux, un vallon dégagé de tout obstacle comme une échappatoire à cet enfer sonore. Paloma ne semble pas remarquer ces cabanes dressées au dessus de la canopée, frêles édifices de bois, jusque ce qu’un cri n’y rugisse. Un chiffon blanc surgit, s’agitant dans l’air dans une folle frénésie, décrivant courbes et lignes afin d’effrayer ce torrent de vie. Le vol change de cap, tire un autre azimut avec toujours cette sortie, cette trouée dans la forêt dans la mire. De l’autre côté du vallon, un nouveau cri retentit, Paloma distingue alors un être au bout de ce chiffon immaculé, exalté, tout de vert vêtu et s’époumonant à tue tête. Le torrent de vie rebondissait de chaque côté de la vallée, affolé de ne pouvoir suivre cette voie que le soleil avait tracée. Malgré tout, tous avançaient et approchaient leur but, ces deux grands arbres au sommet. Les voix se sont tues, un calme angoissant tant il rompait avec les instants précédents.
Une dernière cabane apparait, si proche du sommet, celle-ci plus discrète, noyée dans le feuillage. Point de chiffon à l’horizon, pas un son.
Soudain… Une forme blanche, rapide, fend l’air et se précipite sur le vol. Paloma comme tous les autres compagnons font appel à leur instinct profond, celui qui fait qu’on fait sans savoir. Le vol plonge, se dirige vers le sol afin de mieux y coller tout en avançant, ignorant que de ce rapace il n’était rien d’autre qu’un morceau de feignant. Au ras des arbres, les pattes effleurant les feuilles, la sortie est là, juste devant elles, un ultime effort à travers deux coups d’ailes.
Et…
Paloma voit ses rêves d’immensité se briser, un mur de cordes et nœuds s’est effondré sur eux, les maintenant au sol pendant que ces êtres étranges s’affairent à les capturer, les glissant dans des étoffes étouffantes. Tant de vola t’il autour d’elle, tant d’ailes qui s’enroulent dans la douleur et la torpeur… Pour devenir alors esclaves d’une cage, un fil à la patte, pour ne jamais être tenté de recouvrer sa liberté et pire, trahir ceux qui voyagent vers l’infini.
Histoire d’une palombe, una paloma, capturée par une chasse ancestrale et devenant "appelant" pour la chasse en palombière, dans un pays où le béret est fier et l’accent tellement étonnant. La chasse au filet d’Etxalar, Navarra, instant de vie capturé des yeux et de l'esprit d’il y a 10 ans. Adixatz...
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Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin