Haïkus
- Pascalita
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Re: Haïkus
le vent doucement
caresse les têtes vertes
des jeunes épis
et mes cheveux comme
l'océan de seigle
caresse les têtes vertes
des jeunes épis
et mes cheveux comme
l'océan de seigle
Re: Haïkus
Je sens le cochon
Brûlé, mais juste des poils —
Suis-je un gros cochon ?
Brûlé, mais juste des poils —
Suis-je un gros cochon ?
« [...] je préférerais être porcher à Amagerbro et être compris des porcs, plutôt qu’être poète et mal compris des hommes. »
Re: Haïkus
Il ne vaut pas bien cher, en plus !Judith a écrit : ↑sam. 22 août 2020 16:43 Je ne sais pas s'il existe une régulation stricte en français sur ce point. J'ai regardé dans le seul bouquin que je possède sur la question, le Petit manuel pour écrire des haïkus de Philippe Costa (Piquier 2000). Il préconise la souplesse en la matière et conseille (p. 45) de jouer sur le choix de faire ou non l'apocope du e pour respecter au mieux la règle immuable des 17 syllabes (que personnellement, je ne respecte pas toujours).
« [...] je préférerais être porcher à Amagerbro et être compris des porcs, plutôt qu’être poète et mal compris des hommes. »
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Re: Haïkus
cumulonimbus
gris — gris-noir — éclair
ah ! ah ! et le jour
gris — gris-noir — éclair
ah ! ah ! et le jour
« [...] je préférerais être porcher à Amagerbro et être compris des porcs, plutôt qu’être poète et mal compris des hommes. »
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Re: Haïkus
Déluge de glace
sur fragile chlorophylle
smoothie au potager
sur fragile chlorophylle
smoothie au potager
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin
Re: Haïkus
combien de partage(s)
combien de bras fort ouverts
la feinte des rages
"ah ?" qu'on me dit là
moi, je n'ai pas la lumière
je n'ai pas le "je"
combien de bras fort ouverts
la feinte des rages
"ah ?" qu'on me dit là
moi, je n'ai pas la lumière
je n'ai pas le "je"
« [...] je préférerais être porcher à Amagerbro et être compris des porcs, plutôt qu’être poète et mal compris des hommes. »
Re: Haïkus
Toujours en écho à Ponge, qui a décrit mieux que personne le ciel de Provence et sa terrible autorité dans La Mounine.
Jour de cendre bleue
L'ombre estompée dans l'éclat
S'appesantit
Urnes et statues
Vers le ciel congestionné
Crient sans voix
Sous l'autorité
D'un tel miroir nul rameau
N'agite une feuille
Jour de cendre bleue
L'ombre estompée dans l'éclat
S'appesantit
Urnes et statues
Vers le ciel congestionné
Crient sans voix
Sous l'autorité
D'un tel miroir nul rameau
N'agite une feuille
Re: Haïkus
Une variation sur une strophe de Shiki, composée quelques jours avant sa mort
La nuit raccourcit
Combien de journées encor
Dans cette existence?
La nuit raccourcit
Combien de journées encor
Dans cette existence?
Re: Haïkus
Je me relance, avec pour projet d'une ou deux strophes par semaine (histoire de garder un rythme).
Au petit matin
Les dahlias de la nuit
Au loin s’effilochent
Les dix doigts sanglants
C'est à grand effort qu'il naît
Le soleil enfant
Au petit matin
Les dahlias de la nuit
Au loin s’effilochent
Les dix doigts sanglants
C'est à grand effort qu'il naît
Le soleil enfant
- Pascalita
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Re: Haïkus
Je vous soumets celui-ci, je ne suis pas sûre qu'il fonctionne.
matin d'automne
elles risquent de jeûner
toutes ces épeires
Est-ce qu'on comprend le lien logique, la raison pour laquelle les épeires risquent de jeûner ?
J'en ai d'autres versions, plus explicites, mais je les mettrai plus tard.
matin d'automne
elles risquent de jeûner
toutes ces épeires
Est-ce qu'on comprend le lien logique, la raison pour laquelle les épeires risquent de jeûner ?
J'en ai d'autres versions, plus explicites, mais je les mettrai plus tard.
Re: Haïkus
Pas très bien en ce qui me concerne. La canicule a détruit les insectes dont elles se nourrissent?
Zut, je m'aperçois que j'ai pris du retard dans mon programme sur ce fil. Je poste juste une strophe improvisée, histoire de me rattraper. J'essaierai de faire mieux ce soir.
Pages empilées
A perte de vue - j'oublie
La couleur des herbes
Re: Haïkus
Je manque décidément d’inspiration (Inktober et tout le reste). Faute de mieux, comme je suis en train de (re)lire la Chronique de Hôgen qui dépeint la première guerre entre empereurs et grands féodaux qui endeuilla le Japon au milieu du XIIème siècle, je traduis les deux premiers tanka qu’elle rapporte, tous les deux très beaux.
Le premier est attribué à Konoê no In, empereur fantoche mort assassiné à seize ans. Ce serait son poème funèbre (dernière strophe composée rituellement par un agonisant, qui conserve pour les vivants son adieu au monde).
Des grillons du soir
Le chant se meurt et l’automne
A grand pas s’enfuit
Mais moi qui pleure sa perte
Il me faut le précéder
Le deuxième est attribué à une prêtresse de Kumano, le dieu que visite le père du précédent, le redoutable empereur cloîtré Toba, qui se sait responsable de la mort de son fils mais n’a pas pour autant l’intention de se retirer du jeu politique.
Vivre dans ce monde
Ce n’est qu’exister autant
Qu’existe la lune
Un court instant reflétée
Au creux d’une poignée d’eau
Le premier est attribué à Konoê no In, empereur fantoche mort assassiné à seize ans. Ce serait son poème funèbre (dernière strophe composée rituellement par un agonisant, qui conserve pour les vivants son adieu au monde).
Des grillons du soir
Le chant se meurt et l’automne
A grand pas s’enfuit
Mais moi qui pleure sa perte
Il me faut le précéder
Le deuxième est attribué à une prêtresse de Kumano, le dieu que visite le père du précédent, le redoutable empereur cloîtré Toba, qui se sait responsable de la mort de son fils mais n’a pas pour autant l’intention de se retirer du jeu politique.
Vivre dans ce monde
Ce n’est qu’exister autant
Qu’existe la lune
Un court instant reflétée
Au creux d’une poignée d’eau
- Pascalita
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Re: Haïkus
Variantes de celui de l'autre jour, peut-être plus explicites (en tout cas la dernière) :
Et un gourmand :
framboise d'automne
de ce soleil vieillissant
la chaleur encore
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Et un gourmand :
framboise d'automne
de ce soleil vieillissant
la chaleur encore
- Caracolle
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Re: Haïkus
Balade du soir
Drapeaux verts chantants au vent
Grève générale
@Pascalita merci pour l'explication sur les epeires, j'avais cherché sur le premier haïku sans trouver la raison.
De mon côté j'ai tendance à écrire en improvisé et poster direct sinon je les oublié dans un coin et n'y revient jamais.
Ça donne des résultats aléatoires mais j'ai la sensation d'avoir "fini quelque chose".
Chez moi, j'ai des poèmes au crayon à papier à retravailler depuis 10 ans
Drapeaux verts chantants au vent
Grève générale
@Pascalita merci pour l'explication sur les epeires, j'avais cherché sur le premier haïku sans trouver la raison.
Hors-sujet
Cette petite phrase m'amène a une question : vous travaillez beaucoup vos haïkus avant de les poster ? Quel est le délai entre le premier jet et le post en moyenne ? Ou même de manière général votre process d'écriture ?Zut, je m'aperçois que j'ai pris du retard dans mon programme sur ce fil. Je poste juste une strophe improvisée, histoire de me rattraper.
De mon côté j'ai tendance à écrire en improvisé et poster direct sinon je les oublié dans un coin et n'y revient jamais.
Ça donne des résultats aléatoires mais j'ai la sensation d'avoir "fini quelque chose".
Chez moi, j'ai des poèmes au crayon à papier à retravailler depuis 10 ans

- Pascalita
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Re: Haïkus
Je les travaille peu, ou rarement. J'ai l'image devant moi, vue, entendue, vécue, et j'essaie de la reproduire, ou de la "traduire" (de transmettre l'impression qu'elle a suscitée). Je note, et je poste ensuite (ceux que je trouve les meilleurs).
Pour la toile pleine de rosée, j'en ai vu des quantités un matin dans un pré et je me suis arrêtée pour les regarder et les photographier. Et après l'émerveillement devant ces beautés ornées de perles, je me suis fait la réflexion que mince, ce n'était pas de pot pour les araignées, qu'aucun insecte ne viendrait se prendre dans leurs toiles ce matin-là.
Et c'est donc la première version du haïku qui est arrivée. Mais tout en l'écrivant, je me suis dit que le lien était probablement trop difficile à faire pour qui n'avait pas l'image. D'où les deux versions suivantes, tout de suite après.
J'y reviens parfois après les avoir notés, soit dans les jours qui suivent si je n'en suis pas contente, soit longtemps après en les relisant, et si j'ai l'impression à ce moment-là qu'ils ne fonctionnent pas (si je ne retrouve plus moi-même l'émotion liée à l'image), je peux essayer de les reprendre, et parfois ça marche ; mais en général, je les abandonne, parce que l'image est perdue, l'instant.
Parfois j'écris les "mêmes" ; c'est le même genre d'instants avec la même émotion liée, à quelques jours ou semaines d'intervalle, et il en sort des versions ressemblantes, qui se complètent parfois.
@Caracolle, as-tu compris avec le deuxième ou le troisième, pour les épeires ? De mon bout de la lorgnette, j'ai l'impression que le troisième est trop évident, plat.
Pour la toile pleine de rosée, j'en ai vu des quantités un matin dans un pré et je me suis arrêtée pour les regarder et les photographier. Et après l'émerveillement devant ces beautés ornées de perles, je me suis fait la réflexion que mince, ce n'était pas de pot pour les araignées, qu'aucun insecte ne viendrait se prendre dans leurs toiles ce matin-là.
Et c'est donc la première version du haïku qui est arrivée. Mais tout en l'écrivant, je me suis dit que le lien était probablement trop difficile à faire pour qui n'avait pas l'image. D'où les deux versions suivantes, tout de suite après.
J'y reviens parfois après les avoir notés, soit dans les jours qui suivent si je n'en suis pas contente, soit longtemps après en les relisant, et si j'ai l'impression à ce moment-là qu'ils ne fonctionnent pas (si je ne retrouve plus moi-même l'émotion liée à l'image), je peux essayer de les reprendre, et parfois ça marche ; mais en général, je les abandonne, parce que l'image est perdue, l'instant.
Parfois j'écris les "mêmes" ; c'est le même genre d'instants avec la même émotion liée, à quelques jours ou semaines d'intervalle, et il en sort des versions ressemblantes, qui se complètent parfois.
@Caracolle, as-tu compris avec le deuxième ou le troisième, pour les épeires ? De mon bout de la lorgnette, j'ai l'impression que le troisième est trop évident, plat.
- Caracolle
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Re: Haïkus
J'ai compris avec le deuxième et je suis d'accord pour le troisième, il manque de poésie et d'image.
Merci pour les explications, c'est ce que j'aime bien avec les haïkus, ça se prête vraiment bien à l'instant présent et à la capture d'un petit rien merveilleux.
Merci pour les explications, c'est ce que j'aime bien avec les haïkus, ça se prête vraiment bien à l'instant présent et à la capture d'un petit rien merveilleux.
- Pascalita
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Re: Haïkus
le vent lancinant
de nuages en nuages
emporte les jours
chacun semblable à la veille
immobile et fugitif
le vent de la nuit
serait un souffle magique
les chiens silencieux
de nuages en nuages
emporte les jours
chacun semblable à la veille
immobile et fugitif
le vent de la nuit
serait un souffle magique
les chiens silencieux
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- Holi
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Re: Haïkus
J'aime beaucoup le premier, je trouve l'image très parlante. Une espèce d'immobilité et de mouvement permanent.
À force de penser à ce que les autres pensent de nous, on en oublie de se penser soi-même.
Christophe André
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Re: Haïkus
Je suis d'accord avec Holi, je suis surtout frappée par le dernier vers, à quel point tu as raison, Pascalita, les jours (comme les nuages) sont parfois "immobiles et fugitifs", surtout dans les longues périodes d'attente (il ne se passe rien, et quand je me retourne pour y repenser tout me glisse entre les doigts).
Quand on arrive au monde, la vie est déjà commencée. C'est pour ça qu'on ne comprend rien à l'histoire.
Natacha de Pontcharra
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Re: Haïkus

Oui, c’est exactement cette sensation de « glisser entre les doigts » que j’ai essayé de transcrire.
- Pascalita
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