Je crois qu'avant tout il faut éviter les malentendus liés au langage. Le mot "déterminisme" a deux sens. Mon petit Larousse à qui j'ai demandé s'il était d'accord me le confirme.
1) On appelle déterminisme une
doctrine, conformément à l'usage ordinaire du suffixe -isme. Cette doctrine pose en principe l'inexistence absolue des possibles non réalisés. Je traduis. Pour la plupart d'entre nous, il y a trois catégories : ce qui est arrivé, ce qui n'est pas arrivé mais aurait pu arriver, ce qui n'est pas arrivé et n'aurait pas pu arriver. Pour la théorie déterministe, il faut supprimer la deuxième de ces catégories.
Une conséquence en est la négation du libre arbitre, ou capacité de prendre des décisions. En effet, décider c'est trancher entre plusieurs possibilités, et donc ce que j'ai rejeté après un choix aurait pu exister, et par exemple, puisque je dispose du libre arbitre, ce que j'écris ici j'aurais pu ne pas l'écrire. Le déterminisme, pour être cohérent, doit affirmer que le libre arbitre n'est qu'une illusion, c'est ce qu'il fait.
2) On appelle aussi déterminisme un enchaînement de causes et d'effets. On parle par exemple des déterminismes sociologiques qui entraînent le vote FN. Il serait plus rigoureux de parler de déterminations, mais l'usage commande, même si cela provoque des confusions. On comprend bien que reconnaître ces déterminismes ce n'est pas dire que le libre arbitre du citoyen n'existe pas, et qu'il ne pouvait pas voter autrement qu'il ne l'a fait.
Par conséquent,
si vous prenez déterminisme au sens 1, il n'y a pas de conciliation possible, être déterministe c'est nier le libre arbitre, et si vous ne le niez plus vous n'êtes plus déterministes.
Si vous prenez déterminisme au sens 2, je dirai qu'il n'y a même pas à concilier, cela va ensemble. Exercer son libre arbitre, c'est prendre en compte les liens de causalité. Choisir d'ouvrir une boîte, c'est commencer à chercher l'ouvre-boîte, et non pas se concentrer très fort en disant "Ouvre-toi jolie boîte, ouvre-toi".
Partant de là voici ce qu'on peut répondre aux objections de l3lack0ut :
l3lack0ut a écrit :
Maintenant, je vais faire un choix. Choix qui correspondra au mieux à la situation et à mes attentes dans la limite du possible. Ce choix fait, il aura un impact avec des conséquences désirées ou non. Vient alors l'idée du regret, sous-entendu j'ai été libre de faire ce choix et les conséquences qui en découlent sont de ma responsabilité et donc il est normal que je puisse le regretter. Hors, ayant agit au mieux, puis-je remettre en question ce choix?
Si oui, ça sous-entend que j'aurais pu faire un autre choix et donc que je n'ai pas fait au mieux et donc je remets en question ma volonté à me satisfaire et donc que le choix ne vient pas de moi ... Et donc l'énoncé est faux et donc il n'y a pas de libres arbitres. (héhé ça ressemble à la manipulation

)
Si non, alors ça sous-entend que dans la même situation je referais le même choix et donc l'énoncé est faux et donc il n'y a pas de libre-arbitre.
Remettre en question et regretter ce n'est pas la même chose. Mais je crois comprendre, tu songes au cas de figure où je me dis après coup que j'ai fait le mauvais choix. C'est bien ça?
Or, après un mauvais choix, il est fréquent que je me dise que j'aurais pu et dû faire autrement. Est-ce vrai?
Si non, effectivement cela revient à nier le libre arbitre. Mais "non" est très improbable!
Si oui, cela prouve, dis-tu si j'ai bien compris, que quelque chose m'a dominé, car tu sous-entends je suppose que nul ne voudrait se nuire à lui-même, et je suis bien d'accord. Donc, j'ai été dominé, par ignorance ou par faiblesse. Qu'est-ce que ça prouve? Que le libre arbitre ne garantit pas la connaissance de ce qui est bon pour nous. Et bien entendu, c'est le cas. C'est même ce qui fait que l'on puisse fuir ses responsabilités, les décisions que nous prenons librement et qui nous engagent sont en effet prises dans un relatif aveuglement. Voici ce qui définit le tragique de la condition humaine. Si nous étions sans libre arbitre ce ne serait pas tragique, mais seulement sinistre.