L'auteur de l'article sépare la causalité et l'acausalité.Pear a écrit :Tous les évènements s'expliquent par une cause. Cet évènement devient donc conséquence. Or, la cause elle même s'explique par une cause, elle est donc également conséquence. [...] Ainsi donc, on peut théoriquement trouver une, ou plusieurs, cause(s) à chaque conséquence. [...].
Si donc on se base sur cette causalité, tous les évènements s'expliquent par une cause. Les coïncidences s'expliquent donc "facilement" par la complexité du réseau des causes et leur lien intrinsèque. Alors, est-ce que ça remet en cause une idée de synchronicité ? Eh bien, non.
La causalité, c'est la manière dont nous expliquons le monde : à chaque cause, une conséquence. Il y a un lien logique, explicable et rationnel entre toutes choses. Dès lors que l'on sort de ce lien "qui explique", on se retrouve dans une sorte de vision "ex nihiliste" (j'ignore si le terme est exact ou peut être utilisé ainsi) en ce que, s'il n'y a pas de causes identifiables, l'évènement ou la "chose" ne naît de rien. Et là, on 'bascule" en quelque sorte dans la croyance, dans le mystique, le divin, comme le dit Pear, pour apporter une explication à ce qu'on n'arrive pas à comprendre, du fait, non pas d'un manque de sens, mais d'un manque de "raison". Or, il semblerait que depuis plusieurs siècles, nous aurions favorisé le raisonnement logique à tout autre type de raisonnement, et c'est là, peut-on dire, que le concept de Synchronicité intervient.
J'en viens au concept d'acausalité, qui est une autre manière de nommer la Synchronicité, que l'auteur définit comme des évènements, qui n'ont, a priori, aucun lien logique entre eux, arrivent simultanément (pardon pour la grossièreté de la définition). La synchronicité, c'est la partie irrationnelle de ce que nous percevons, de ce que nous voyons. Des "choses" que nous ne parvenons pas à expliquer et, qui, pourtant, ont une tangibilité; ce qui peut apparaître totalement paradoxal.Pear a écrit :Des évènements peuvent être synchrones, cependant ça ne relève pas du mystique, du divin. Les causes sont par nature souvent liées. Et leur multiplicité, leur complexité, leur donne une couverture importante, ce qui rend l'établissement de ce lien par nos intellects plus aisé.
"Une façon aussi irrationnelle de voir le monde s'admet à partir du moment où des évènements apparemment sans cause à effet, et liés par les seules lois d'un certain "hasard", contribuent à l'harmonie du monde et des humains, dans la mesure où la psyché collective est prête à accueillir l'irrationnel, dans la mesure où la "foi" en ces phénomènes est suffisament grande."
L'exemple le plus courant, et le plus connu c'est lorsque l'on pense à une personne, et que dans les heures ou les jours qui suivent, soit vous la croisez, soit vous recevez un appel ou un email d'elle.
Causalité et a-causalité : quelles implications ?
Ils ne s'opposent pas mais se complètent.
"Le hasard et la nécessité, comme la causalité et la synchronicité, ne doivent pas être perçus sous l'angle des rapports de domination destructeurs, mais plutôt sous le sceau d'Eros, dans une dialectique de forces nettement équivalentes. C'est croire en l'imagination que de supposer, au lieu des particules élémentaires dont les types prolifèrent au fur et à mesure des recherches scientifiques, un champ d'énergie commun à l'esprit et à la matière. L'esprit et la matière peuvent "communiquer" autrement que par le seul jeu des relations linéaires. De fait, esprit et matière "communient" entre eux."
La nécessité d'être "ouvert", de croire au principe synchronique, d'avoir la "foi".
"Jung insiste sur la nécessité d'un état émotionnel particulier, grâce auquel la conscience abaisserait en quelque sorte son seuil, pour que l'être puisse se mettre au diapason des évènements synchroniques."
"Pour accepter les lois d'un système basé sur les relations causales, qu'il soit scientifique ou non, il ne semble pas que la foi soit absolument nécessaire. [...] Il en va autrement pour la synchronicité du monde, là où les coïncidences évènementielles, dans une simultanéité défiant les notions courantes de temps et d'espace, dépendent de la "foi" qui leur est consentie. Pour que la synchronicité soit visible et opérante aux yeux de l'observateur, il faut que celui-ci y croie. Et plus cette "foi" est grande, plus se manifestent avec fréquence et intensité, contre toute attente logique ou probabiliste, les phénomènes synchroniques."
Des outils d'études inadaptés, qui trahissent/traduisent la prévalence d'un mode de pensée rationnel, et à partir desquels on essairait de démontrer "l'irrationnel". Contresens ? L'auteur étend même sa pensée en incluant l'humain, comme outil inadapté pour saisir la Synchronicité.
"Nul d'entre ces phénomènes d'ordre supérieur - appelés parfois "métaphysiques" -, c'est-à-dire transcendant la catégorie des faits ordinaires, observables chaque jour, ne peut être observé ni étudié par les moyens ordinaires, dans notre état ordinaire de conscience, comme on étudie les phénomènes physiques. C'est une complète absurdité de penser que l'on peut étudier des phénomènes tels que la "télépathie", la "clairvoyance", la "prescience", les "phénomènes médiumniques", etc., de la même façon que l'on étudie l'électricité, les phénomènes météorologiques ou chimiques. Il y a, dans les phénomènes d'ordre supérieur, quelque chose qui requiert, pour leur observation et leur étude, un état émotionnel particulier." (cet extrait est une citation que l'auteur a tiré de l'ouvrage Fragments d'un enseignement inconnu, de Ouspensky).
"Même si la théorie des quanta a pu laisser entrevoir certains aspects de l'a-causalité, il faut remarquer que la grande majorité des scientifiques s'est arrêtée au côté causaliste et s'est surtout intéressée au calcul de probabilités. Certains statisticiens laissent croire qu'à force de jongler avec l'infini, ils sont devenus eux-mêmes des dieux. Ils oublient peut-être que le calcul le plus sophistiqué n'est qu'une demie-vérité."
"L'essentiel de l'être est non-être, et pour "voir" la profondeur du non-être, il faut être libre du devenir. Il n'est point de liberté dans la continuité et tout ce qui implique la continuité est liée au temps. Toute expérience relie la pensée au temps et un esprit en état de non-expérience est conscient de toute essence." (cet extrait est également une citation que l'auteur a tiré de l'ouvrage Carnets, de Krishnamurti).
Enfin, la causalité est démontrable, alors que la Synchronicité est évanescence. On la perçoit dans la fulgurance, et non dans la continuité. Elle se comprend et se ressent dans une dimension émotionnelle, sensuelle, qui dépendrait d'un "état".
"Si la synchronicité est liée à un appel, à un éclat de soleil, à la composition d'un poème ou à un "état de grâce", elle est toujours momentanée, fuyante, impossible à contenir ou à conserver. pourquoi le sentiment de l'essentiel est-il toujours si bref chez les humains, pris entre les soucis, le mal de l'être, la maladie, la dégradation et la mort ? POurquoi la conscience de l'unicité du monde est-elle si transitoire, la vie courante de somnambules dominant presque toutes les actions ?"
Voilà, ma manière de retranscrire les choses est aussi très brouillon, et je m'en excuse par avance, d'autant que je ressens une assez grande frustration de ne pas pouvoir poser en mots toute l'exactitude qui pérégrine dans mon cerveau, pas très efficient pour le coup.
Je voudrais finir sur 2 remarques que je me suis faites après avoir lu cet article :
Premièrement, la connaissance de ce qui nous entoure est remis en cause par le principe synchronique, qui nous montre que la neutralité axiologique ne peut et ne pourra jamais être en ce que l'Homme lui-même, dans son désir du "tout savoir", est sa propre limite.
Deuxièmement, l'article cite la définition que donne le Petit Robert du harsard : Cause fictive de ce qui arrive sans raison apparente ou explicable, souvent personnifiée au même titre que le sort, la fortune. Cette définition affirme que le "hasard" est de l'ordre de l'autopersuasion ou de l'interprétation. Dès lors, la question que je me suis posée est la suivante : les dictionnaires, dans tout leur arbitraire, ne conditionneraient-ils pas les catégories de pensées ?
Comme toi Pear, les concepts d'âmes jumelles/âmes soeurs m'attirent beaucoup, mais je n'ai pas encore trouver d'ouvrages pertinents qui puissent me faire avancer dans cette réflexion, et je le déplore grandement
