Je ne veux pas être chiante (enfin, pas trop...) mais on parle de
Transplantation d'organe (coeur, poumon, rein...) et de
Greffe de tissu (sanguin
(oui oui, c'est bien un tissu, même s'il est labile), moelle osseuse, cornée...
(on ne fait pas de greffe de peau hétérologue, beaucoup trop de complications et de rejets)).
TourneLune a écrit :Le don d'organes, quasiment tout le monde est pour tant que tout va bien.
Oui, c'est bien vrai.
Mais il faut bien y réfléchir car c'est une décision importante.
TourneLune a écrit :il y avait plusieurs familles, toutes dans le même état. Un médecin est venu parler à une famille et j'entendais une conversation. La personne qu'ils accompagnaient était cliniquement morte mais elle respirait toujours artificiellement. Il leur demandait, de façon très humaine, si ils connaissaient la volonté de la personne concernant ses organes et ce qu'ils voulaient faire.
Evidemment pour les familles c'est difficile d'accepter une mort violente, brutale, accidentelle, d'un proche, d'un jeune...
Bien sûr qu'elles ont toujours un "espoir" que la victime se réveille du coma.
Mais quand les médecins en parlent à la famille c'est qu'ils ont des preuves de la mort encéphalique.
La mort encéphalique c'est, comme son nom l'indique, la mort du cerveau. Tout le corps est en plus ou moins bon état, mais le cerveau, le cerveau primitif (le tronc cérébral) qui gouverne toutes les fonctions vitales (respiration, battements cardiaques, régulation de la pression artérielle...) est mort. On ne maintient "en vie" le patient qu'en suppléant ces fonctions vitales artificiellement. Si on coupe toutes les machines, il meurt.
La loi qui encadre le diagnostic de mort encéphalique (ou coma dépassé) est très stricte.
Il y a des critères cliniques (abolition de tous les réflexes du tronc cérébral
(par exemple le réflexe oculocéphalique qui donne des "yeux de poupée", normalement quand on bouge la tête d'un patient, les yeux restent fixés sur un point au loin, si le cerveau est mort, les yeux restent fixes dans les cavités orbitaires donnant cet effet des yeux de poupée), abolition de la ventilation spontanée, ...)
Et cet état d'arrêt de perfusion cérébrale (le cerveau n'est plus irrigué par le sang, il est donc mort) doit être confirmé par des examens complémentaires :
- soit 2 EEG (ElectroEncéphaloGramme qui enregistre l'activité cérébrale électrique) plats, c'est-à-dire aréactifs (aucune activité cérébrale enregistrée) pendant 30 minutes à 4h d'intervalle,
- soit une angiographie cérébrale (imagerie de la vascularisation cérébrale) montrant l'arrêt de la circulation sanguine cérébrale.
Bref, tout ce blabla pour dire que quand les médecins en parlent à la famille c'est qu'effectivement il n'y a plus d'espoir.
C'est une épreuve terrible, j'en conviens. Et c'est dur à accepter, souvent les gens sont dans le déni. Ce qui est compréhensible et normal.
TourneLune a écrit :c'est souvent des accidents violents, la veille la personne était là et en bonne santé et là, on vous dit qu'elle est morte alors qu'elle respire encore. C'est d'une telle violence et c'est tellement difficile d'accepter la mort d'un proche en si peu de temps que je comprends que les gens refusent. (...) C'est d'une violence inouïe....
Oui, c'est vrai, c'est très difficile pour les familles.
On sait très bien en tant que médecin que c'est très délicat de demander à prélever les organes alors que les familles sont encore sous le choc, en deuil.
Mais on n'a pas le choix. On ne peut pas attendre très longtemps. Car oui, on maintient le corps en vie, mais les organes se détériorent quand même.
Je veux quand même préciser qu'on rend le corps en bon état (on referme toutes les cicatrices...).
TourneLune a écrit :De son vivant, il faut clairement être ferme et hyper décidé, c'est toujours ça qui permettra d'aider la famille en ayant l'impression de respecter une dernière volonté et de surtout pas être dans le doute, livrée à ses angoisses et sa peine qui refuse, forcément, ce qui arrive.
cyrano a écrit :Je suis d'accord avec toi TourneLune. Tout est plus facile quand on va bien. C'est pour ça que je trouve que dire clairement à ses proche notre position sur le sujet, leur enlève un gros poids au moment de prendre une décision...qui du coup ne leur appartient plus.
Oui oui et oui!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C'est vraiment très important!!!!!!!!!!!
Parlez-en autour de vous, à vos proches!!!!!!
Vous avez raison Ruth et Cyrano, ça simplifie beaucoup les choses pour les familles au cas où ça arrive.
Pour en finir avec la partie "technique" je voudrais encore dire que chaque personne est considérée comme donneuse d'organe dans la mesure où elle ne s'est pas inscrite sur le registre national de refus de don d'organe (pour ceux intéressés :
http://www.dondorganes.fr/Comment-expri ... refus.html). Et l'avis (donneur/pas donneur) peut être modifié à tout moment.
Dans la pratique on demande toujours à la famille. Et ce n'est pas simple pour celle-ci, parfois elle ne sait pas du tout qu'elle était la position du patient sur ce sujet. C'est donc important d'en parler autour de vous!
Dernier point que je souhaite soulever, tous les ans il y a 800 patients en attente de transplantation qui meurent faute d'avoir un organe (source :
http://www.collectifdondorganes.org/Chi ... ment-et-de).
Or on en aurait largement assez pour transplanter tous les patients inscrits sur les listes d'attente si on prélevait tous les morts encéphaliques.
En Espagne la loi est différente et ils prélèvent systématiquement si la personne n'est pas inscrite sur le registre des refus.
Pour ce qui est de recevoir un organe...
Difficile de se placer dans cette situation.
Mais souvent les patients disent qu'au bout d'un certain temps ils considèrent le nouvel organe comme intégré à eux.
Bien sûr ça reste un corps étranger contre lequel les corps se défend (d'où les traitements anti-rejet à vie!).
Je pense aussi que j'aurai du mal à accepter cet élément étranger, mais si c'est pour continuer à vivre, s'il n'y a pas d'autres possibilités...
TourneLune a écrit :Par contre, je ne crois pas qu'il faille se sentir redevable par rapport à la personne de qui vient le don (oui je sais, c'est facile à dire

). Quelque part, elle n'en avait plus besoin. Après, tu peux te sentir redevable de façon générale, c'est jamais facile d'accepter qu'on est faible et qu'on a besoin des autres. La manière la plus saine, c'est peut-être d'essayer de rendre ce que la vie nous a donné d'une autre manière, peu importe laquelle...
Je suis d'accord avec toi Ruth.
Oui, c'est facile à dire, de ne pas se sentir redevable.
Je pense que j'aurais aussi ce sentiment.
Le fait que le don soit gratuit et anonyme en France (sauf dans le cas de donneur vivant) est une très bonne chose.
D'une part pour éviter les dérives types commerciales (aux USA, les gens sont payés lors qu'ils donnent leur sang!!!

).
D'autre part pour ne pas se sentir redevable, ou moins en tous cas, au donneur et à sa famille.
Pour ce qui est du don vivant, je pense que ça doit être beaucoup plus difficile à gérer.
Il faut faire attention à qui donne, car la vie est longue et ce don peut éventuellement ressortir à un moment, il peut éventuellement être utilisé comme du chantage... sait-on jamais...

Mais d'un autre côté, on ne peut pas vivre en pensant à ça chaque seconde, ce n'est plus une vie.
Je pense aussi que les donneurs vivants ont bien réfléchi. Car c'est toujours délicat de subir une intervention si lourde alors qu'elle n'est pas nécessaire pour le donneur. Parfois elle est même plus lourde que la transplantation.
Comme le dit Ruth, je pense aussi que le "mieux" est de donner en échange, mais pas forcément à quelqu'un en particulier, mais à la vie de manière générale (ex : être bénévole dans une association... ou toute autre chose

).
Voilà, j'espère que ce n'est pas trop technique. Le cas échéant si la modération veut que je modifie mon post, pas de soucis (pour éliminer certaines parties, expliquer mieux certains points, vulgariser encore plus...).
Mais pour une fois que je sais des choses...
Bon, heu, vous l'aurez compris, je me place surtout du côté médical
"L'image que l'on donne, N'est pas toujours la bonne. Volent, volent, les hirondelles,
Même les beaux plumages, Peuvent être une cage" Les Cowboy Fringants
"Ni dieu, ni maître -même nageur" Jean Yann