Et donc, plus tard c'est maintenant.
J'ai voté pour les
Fantômas pour une raison presque secondaire : j'ai une affection certaine pour André Hunebelle qui remonte à longtemps, et à... avant que je ne sache qu'il avait réalisé les trois
Fantômas des années 1960. J'ai découvert Hunebelle enfant par ses films de cape et d'épée (
Le Capitan,
Le Bossu,
Les Trois mousquetaires...) auxquels s'est ajoutée un peu plus tard, à l'occasion d'une rediffusion, la série télé
Joseph Balsamo de la même eau et d'après Dumas.
Ces films (et cette série) gardent un parfum d'enfance et j'y reviens de temps en temps pour goûter les stéréotypes pour lesquels j'ai une infinie tendresse : le méchant qui a une tête de méchant, le combat d'escrime qui passe obligatoirement par un escalier, le faire-valoir comique qui pousse la chansonnette.
J'avais vu l'un ou l'autre des
Fantômas, toujours dans mes jeunes années, mais sans avoir fait attention au fait qu'ils étaient du même auteur ; il faut dire, aussi, que ces films-ci n'étaient pas vraiment pris au sérieux par mes parents et donc on les prenait souvent en cours de route, on ne prenait pas soin de se mettre devant le poste à l'heure annoncée... et donc je n'avais jamais vu les génériques.
Et plus généralement, ayant associé Hunebelle à ses quelques classiques d'aventure et de cape et d'épée, ce n'est que bien plus tard que j'ai pris conscience qu'il avait également fait des comédies.
Dans l'absolu, n'ayant jamais lu un seul des romans, pour moi le "vrai" Fantômas, c'est forcément Feuillade (et puis, c'est beaucoup plus de ma génération, tout de même). Et puis, en dehors de Marcel Allain qui avait une raison compréhensible de le faire, j'imagine que personne ne s'amuse à établir une comparaison qui n'a pas trop lieu d'être entre les cinq épisodes de Feuillade qui collent au sujet, et les trois de Hunebelle qui se situent consciemment "ailleurs". Même sur la forme, il n'y a pas trop besoin de choisir entre l'inventivité intuitive de Feuillade et le solide métier de Hunebelle, au service de deux projets trop différents. Il y a de toutes façons quelque-chose de réjouissant dans le fait que Gaumont, titulaire de la licence et ayant déjà le
Fantômas sérieux à son répertoire, ait misé non pas sur un banal "remake" mais sur une idée apparemment saugrenue permettant de capter l'attention d'un public différent.
À la réflexion, la version Hunebelle avec de Funès prenant de plus en plus de place me parait d'autant plus légitime en tant que démarque absolue de l'original que Feuillade, de son côté, avait renoncé à un des ressorts pourtant courants dans ses autres films y compris policiers, à savoir le faire-valoir comique, Marcel Lévesque ou Georges Biscot, que l'on trouve dans
Judex ou dans
Vendémiaire.
Ensuite, j'ai voté "autres" et ceci toujours en pensant à un film dont Louis de Funès ne représente pas pour moi la principale motivation. Il s'agit de
La Belle américaine de Robert Dhéry, de 1961. Louis y tient un petit rôle, en tant que membre régulier de la troupe des Branquignols. Ce petit rôle est par ailleurs absolument archétypique (un petit chef tyrannique).
C'est, encore, un film que j'ai découvert enfant. Il évoque un certain contexte des années 1960 : les faubourgs ouvriers désuets dans une agglomération parisienne en train de se moderniser (mais vus ici avec tendresse, pas comme dans
Le Chat de Garnier-Deferre), des parlers, des rapports sociaux... la place à la fois physique et symbolique de l'automobile en pleine gloire, la place du cheval en ville en train de s'effacer, le point de bascule, pour les "gens ordinaires", entre un vieux monde ouvrier et une "petite classe moyenne" (je me souviens de la séquence où les gens du faubourg découvrent la superbe voiture achetée par l'un des leurs, la première du quartier : d'un côté la grand-mère est émue en pensant combien elle et son défunt mari auraient aimé en avoir une quand ils étaient jeunes, de l'autre la gamine pour qui rien n'est plus banal et qui préfère poser des questions techniques...).
Or ce film, la première fois, je l'ai vu en compagnie de ma mère qui, pour être née en 1940, avoir vécu cette période et ses bouleversements à la fois sociaux et culturels, m'expliquait les moindres détails et les reliait à son propre vécu : la charrette du marchand de quatre-saisons, le fait de descendre au café du coin pour téléphoner, l'optimisme industriel... Et ceci avec une émotion palpable.
Hé bien, cela a contribué dans une mesure non négligeable à mon intérêt naissant et jamais renié depuis pour l'histoire économique et sociale.
Voilà, donc : ce n'est pas tant de la cinéphilie que des souvenirs d'enfance, cette réponse.
Et pour le reste j'ai aussi voté pour :
La Traversée de Paris que j'ai toujours plaisir à revoir, dans son ensemble (et, oui, pour ma part j'aime beaucoup Bourvil dans l'ensemble) ;
Rabbi Jacob que je trouve moi aussi fondamentalement tendre et de ce fait peut-être marginal dans le
canon funésien si l'on considère que l'habituel personnage irascible et étriqué y finit heureux et généreux. Je me souviens d'un témoignage dans je ne sais plus quel genre de "making of" expliquant que l'acteur était pour sa part profondément ému au moment de tourner la séquence où l'enfant lui demande de le bénir.
Enfin j'ai coché
L'aile ou la cuisse parce que je crois que c'est l'un des premiers que j'ai vus et que j'aime aussi rétrospectivement ce passage de témoin.
En ce qui concerne certains films de cette liste, à l'inverse :
Globalement j'ai du mal avec le théâtre de boulevard, donc certains de ces films qui fonctionnent vraiment comme des pièces filmées (parce qu'ils en sont, à la base), j'ai du mal à rentrer dedans.
Hors-sujet
On me dira peut-être que certains opéras sont du théâtre de boulevard en musique, comme La Chauve-Souris, Le Comte Ory, Mon bel inconnu, Cosi fan tutte, La Veuve joyeuse... ouais mais c'est pas pareil parce que c'est de l'opéra, voilà. Le chat est globalement de mauvaise foi quand ça l'arrange.
Et... j'ai toujours pas compris la blague sur le foot, mais si l'acronyme à trouver est un truc en lien avec le foot, ses règles ou ses joueurs, c'est normal que je ne trouve pas, je ne regarde pas le foot.
P.S. donc j'ai cherché et j'ai trouvé avec l'indication de
@Shingouz, maintenant j'ai compris mais du coup ça n'est plus très amusant, en revanche j'ai appris quelque-chose.
Hors-sujet
Re-P.S. :
Judith a écrit : ↑jeu. 18 janv. 2024 10:56
-
Carambolages, un film de Marcle Bluwal assez peu connu, je crois, et scénarisé par Michel Audiard. C'est un rôle court de de Funès (il disparaît aux deux-tiers de l'intrigue) où l'acteur remplace Bernard Blier. Le film est assez manqué dans l'ensemble, mais la prestation de de Funès, à la fois burlesque et très caustique, reste dans l'esprit et a confrontation avec Jean-Claude Brialy fait mouche.
J'ai plaisir à voir évoqué ici Marcel Bluwal, même pour un film pas très réussi. Bluwal est principalement un réalisateur de téléfilms, et non des moindres. Il appartient pour moi à un groupe des réalisateurs qui ont eu une certaine ambition pour le genre, aux côtés de Jean Louis Lorenzi, Hervé Baslé, Nina Companeez...