Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre… Deux instit différentes, deux années de suite, me disent qu’il y a quelque chose à creuser. Mon fils a 7 ans, il a sauté le CP et je m’entends dire régulièrement qu’il est dur à gérer, ne comprend pas les limites qu’on lui fixe, voire nuit à la sérénité de la classe. Et que tout ça serait probablement dû au fait qu’il s’ennuie ou qu’il n’est pas à sa place… Mmm… Et ça serait où sa place ?
J’y avais déjà pensé hein, parce que je sens bien qu’il y a quelque chose chez ce petit bonhomme. Qu’il est très sensible, qu’il est un peu décalé, qu’il a de grosses facilités d’apprentissage et une mémoire d’éléphant. Ça fait longtemps déjà que je m’interroge. Tant que j’ai cru un temps qu’il avait un trouble de l’attention (sachant bien qu’au niveau de la compréhension il n’y avait aucun problème), que j’ai vu un pédopsy qui m’a parlé de ritaline et fait fuir dans la seconde. Tant qu’à chaque fois que je butais sur une de ses réactions et que je me plongeais dans les méandres d’internet, la possibilité de la douance se présentait régulièrement.
Oui mais voilà, on va en faire quoi de ce test ? On va le mettre dans une case ? Si petit ? Il est turbulent mais après tout il a l’air d’aller bien. Et puis, il va en faire quoi lui ? Se sentir (encore plus) différent ?
J’ai finalement pris rv avec une psychologue conseillée par Arielle Adda qui elle-même n’était pas disponible avant 1 an et demi et qui m’a conseillée de ne pas attendre quand je lui ai expliqué le pourquoi de ma démarche.
Le test s’est bien passé, nous n’y sommes allés qu’une seule fois : un entretien tous les deux avec la psy pendant une petite demie heure, puis « madame vous nous laissez svp. Mais pas dans la salle d’attente, non, allez donc vous prendre un café dehors… Je vous appellerai quand ce sera terminé. » Ah bon ? Bon. Une petite heure et demie plus tard me revoilà. Elle me dit que tout s’est bien passé et que nous aurons les résultats dans 3 semaines. Mon garçon me dit que c’était quand même dur et que ça l’a un peu ennuyé. Bon.
Vient le temps du compte-rendu. La psy souhaite que nous venions, parents et enfant. Son père (dont je suis séparée et qui a un vécu très compliqué avec les psychologues) s’oppose au fait que notre fils soit là et je suis moi-même assez mal à l’aide avec cette idée. Je n’ai vu cette dame d’une demie heure, elle m’a semblée très bien mais je n’ai aucune idée des mots qu’elle va choisir, ni si c’est bien que mon fils soit confronté à ces résultats alors même qu’il n’avait rien demandé. Je comprends bien la démarche : c’est son test, le résultat lui appartient. Il se sentira mieux en sachant etc. Je comprends très bien tout ça. Mais j’ai quand même un doute. Et le fait que son père soit contre emporte finalement ma décision car si on y va ensemble et qu’il sent son père réticent, il le sera probablement aussi. J’explique tout ça à la psy qui comprend et accepte qu’on vienne sans lui en me faisant promettre de lui « dire ». J’irai finalement seule et je ne le regrette pas un seul instant car je n’ai pas exposé mon fils à ma surprise et à mes questionnements. J’ai pu réagir sans filtre, exprimer mon inquiétude et poser toutes les questions que je voulais. Et promettre finalement de dire à mon garçon quels étaient les résultats.
J’appréhendais l’annonce. La psy m’a donné quelques trucs pour le dire mais j’appréhendais. Il m’a facilité la vie :
- Tu sais j’ai vu la psychologue pour avoir les résultats des exercices…
- Ah ? Et alors ?
- Alors tu as très bien réussi, ta tête fonctionne très très bien !
- D’accord. Tu peux mettre la radio stp ?
Fin de l’annonce. On n’en a pas reparlé depuis (c'était il y a 6 mois).
Son comportement en classe s'est par ailleurs notablement amélioré à partir du passage du test en février dernier (pas de l'annonce des résultats) et ça a bien tenu jusqu'à la fin de l'année.
On en est resté là mais je sais qu’on va y revenir car je sens qu’il change et que son rapport aux autres commence à être compliqué à l’école et en famille avec les cousins cousines (cousine de 9 ans qui ne comprend pas pourquoi il passerait en CM1 cette année, sa classe à elle et qui a du mal à l'accepter). L’an dernier la maîtresse lui a parlé de sauter le CE2 pour aller en CM1 et ça le travaille…
Voilà, désolée c’était surement trop long comme récit. Mais je me demande vraiment quelle sera la plus-value pour lui de tout savoir. Il n’a absolument pas développé le sujet quand je lui en ai parlé alors qu’il sait très bien insister et questionner quand il a envie de comprendre. J’ai peur aussi qu’il se sente « meilleur » que les autres. Il parle souvent du fait qu’il a sauté une classe, qu’il va surement en sauter une autre (tout en flippant de se retrouver avec les grands avec qui il ne joue absolument pas), qu’il était le premier de sa classe l’an passé etc. Je comprends que ça le valorise et que c’est important mais je ne voudrais pas qu’il devienne prétentieux. Après tout il n’y est pour rien s’il retient ses tables en 1h là où certains y sont encore au bout de 3 mois, il a eu du bol à la loterie de la vie et c’est une chance, mais je ne veux pas qu’il tire fierté du fait d’aller plus vite que les autres sur certaines choses.
Je lis souvent que ça leur fait du bien de savoir qui ils sont, de mettre un mot sur ce qu’ils ressentent, sur leur différence, etc. Mais n’y a-t-il pas aussi des effets « indésirables » à être « catalogué comme ça » ?
Merci pour vos lumières, en attendant je continue de vous lire…
