@Fanetys je reviens sur ta question, en espérant que tu recevras d'autres conseils que le mien.
Pour aborder Shakespeare, je pense qu'il faut commencer par les grandes pièces les plus accessibles (donc pas le
Roi Lear qui est très difficile et dont la signification est encore aujourd'hui controversée). Si possible, ça vaut vraiment la peine, à mon avis, d'accompagner ou même de précéder leur lecture par le visionnage d'une version cinématographique ou scénique. Ce sont des œuvres théâtrales, qui n'étaient pas destinées à être lues mais à être jouées devant un public très divers, aussi bien populaire que lettré : autant leur donner toutes leurs chances, en accédant à leur dimension dramaturgique de la façon la plus simple possible. Et puis Shakespeare est un auteur qu'il faut
entendre : la résonance de ses vers est incomparable même si l'on ne connaît pas bien l'anglais.
Après, le choix est immense même en s'en tenant à quelques titres. Je ne te ferai donc qu'une petite liste de suggestions.
Je coupe le message en deux car il est apparemment trop long pour être posté en une seule fois.
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Othello. La pièce est assez courte, très bien construite avec peu de passages comiques et elle se fonde sur l'étude d'une passion néfaste, la jalousie (amoureuse chez le Maure, sociale chez Iago). Pour accompagner la lecture, le film d'Orson Welles est idéal. Certes, Welles effectue des coupes dans le texte, mais il faut savoir qu'on en effectue presque toujours chez Shakespeare, y compris sur les scènes de répertoire les plus prestigieuses, et les siennes sont très intelligentes car elles resserrent le propos du film sur les aspects les plus essentiels de la tragédie et notamment sa dimension psychologique. En plus, c'est un chef-d’œuvre en soi de la première à la dernière image, et les acteurs, Welles en premier lieu, sont excellents.
Tu peux regarder une scène
ici : c'est la fameuse scène 3 de l'acte III où Iago persuade Othello de la culpabilité de son épouse et où se scelle de le destin de Desdémone. Tu y entendras le célèbre
Blood, blood, blood, qui signe le basculement d'Othello dans la paranoïa délirante

, tu verras si tu es impressionnée ou non et si le style visuel te plaît.
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Macbeth. C'est la tragédie de l'ambition et de la trahison, peut-être la plus parfaite de Shakespeare et l'une des plus vertigineuses, sans obscurité particulière. Là encore, le cinéma l'a bien servie et je te conseillerais, pour la voir en parallèle de ta lecture, de regarder une œuvre récente, l'adaptation de Joel Coen avec Denzel Washington et Frances McDormand. C'est brillant, très fidèle à Shakespeare avec une touche personnelle bien marquée : le choix d'acteurs assez âgés pour interpréter le couple criminel donne à la pièce une dimension absurde spécifique à Coen -sans son frère ici, mais avec toutes ses obsessions-, les éléments surnaturels sont clairement l'expression de l'inconscient des personnages. Et c'est très, très beau.
Une scène
ici, l'apparition des sorcières et la première prédiction, pour te donner une idée.
Le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n’en sait qu’une grande. (Archiloque)