Chatgpt

[Rune]

Contenu caché

Vous devez être inscrit et connecté sur ce forum pour voir le contenu caché.

Et donc : chatgpt, vous en pensez quoi ?

Pour ceux qui débarquent, comme moi qui ait découvert ça récemment (alors que ça a été lancé en novembre dernier), c'est un logiciel utilisant l'intelligence artificielle pour converser et répondre à des questions, voire pour tirer d'un texte une analyse, ou en produire un de lui-même. La particularité de chatgpt est d'être capable de produire un contenu construit, logique et syntaxiquement correct. A priori, il manque juste une vraie originalité de la ''pensée''.
Il se fonde sur une énorme base de données (mais n'est pas connecté à internet pour éviter les dérives), et s'améliore en se nourrissant de ses interactions avec ses utilisateurs.

Le résultat semble bluffant. Je n'ai pas essayé de me connecter, mais les exemples glanés par ci par là sont assez perturbants tant il est parfois difficile de distinguer l'IA derrière.
Et il semble performant sur toutes sortes de sujet : j'ai vu passer pas mal de choses testées par les collègues enseignants de différentes matières, qui flippent forcément un peu à l'idée de devoir bientôt évaluer en masse chatgpt au lieu de leurs élèves, et il faut dire qu'à part quelques bugs, cela fonctionne plutôt pas mal, dans le sens où beaucoup de nos élèves ne produisent pas un résultat aussi satisfaisant que ne le fait chatgpt.
Le vrai ''problème'' est que cela apporte une réponse individualisée et à chaque fois différente, même pour une question identique. Difficile donc d'identifier la source.
Se pose aussi la question du plagiat. (Cela semble en effet par exemple capable de produire ''un poème en alexandrins sur la réforme des retraites à la manière de Victor Hugo'' !)

Pour l'instant, je n'ai pas d'avis encore très arrêté sur la question, je suis pour l'instant assez fascinée par le truc, et je me dis juste que cela ne sert pas à grand chose de pousser des cris d'orfraie : puisque l'outil est là quoiqu'on fasse, autant en tenir compte, voire chercher à l'utiliser de façon...intelligente.

► Afficher le texte

Contenu caché

Vous devez être inscrit et connecté sur ce forum pour voir le contenu caché.

Et de votre côté ?
Il y en a qui ont testé ?
Certains ont plus de précisions que moi à apporter sur la façon dont ça fonctionne ?
Quels sont les autres outils qui fonctionnent sur le même principe ?
Selon vous, aide bienvenue ou danger ?
Question subsidiaire : à combien évaluez-vous le QI de chatgpt ?

Edit : j'essaie de mettre des exemples plus précis de réalisations effectuées par chatgpt plus tard si j'en trouve / si personne d'autre n'en a sous la main...

[blue hedgehog]

Haha et bien je me demandais quand un sujet allait fleurir en ces lieux sur cette machine.
Alors moi, j'ai essayé de faire fonctionner chatgpt, qui était surchargé, les 3 fois où j'ai été voir - grosse déception... mais en même temps rien d'étonnant.
Si j'ai bien compris, et je n'en suis pas sûre au vu du fait que je n'ai personnellement pas testé, les premières interactions sont gratuites. Mais il y a un compte à rebours, pour ne pas dire timer , qui limite le nombre d'échanges gratuits. Donc un produit d'appel.
N'empêche ce genre de bot a aussi le pouvoir de titiller ma curiosité.

[Brunehilde]

Hasard du calendrier, l'excellent Defakator vient de sortir une vidéo très complète sur là-dessus, en collaboration avec le youtuber DefendIntelligence qui a une chaîne centrée sur l'IA :
https://www.youtube.com/watch?v=j3fvoM5Er2k

Je viens de regarder la vidéo en entier et il résume assez bien le sujet, de l'explication du fonctionnement aux limites du système. Il y a même un passage sur le problème que ça peut poser dans l'enseignement et comment l'aborder.

Je rejoins son avis sur le fait qu'il va falloir s'adapter à ces nouveaux outils, et pas seulement en attendant qu'on ait des solutions fiables pour détecter ce qui ressort de l'IA ou non.
Trouver les failles de chatGPT sur un sujet donné, ou tout simplement choisir un sujet qu'il maîtrise mal car peu relayé sur Internet pourrait être une bonne approche par exemple, et un bon moyen d'enclencher une discussion sur l'IA avec ses élèves, même si je me doute que ce n'est pas forcément évident d'intégrer ça à son programme.

En tout cas il faut éviter de rester sur un "ça me fait peur ces IAs" ou "je vais aller me mettre la tête dans la terre et continuer à faire comme j'ai toujours fait, ça va bien finir par passer".

[Judith]

Trouver les failles de chatGPT sur un sujet donné, ou tout simplement choisir un sujet qu'il maîtrise mal car peu relayé sur Internet pourrait être une bonne approche par exemple

Je suis d'accord. De mon côté, il y a déjà des années que je fabrique des sujets de mémoire de master, ou de travaux de licence, impossibles à traiter avec les seules ressources disponibles sur Internet, que ce soit les encyclopédies en ligne ou les générateurs automatiques de textes. Sinon, il y a longtemps que je n'évaluerais plus rien de personnel chez mes étudiants.

[PointBlanc]

Petite intervention rapide: même si je ne peux qu'être d'accord avec les réserves exposées dans la vidéo de Defakator, il reste tout de même qu'il a suffi de la consigne suivante :

Dans le style de Thomas Ligotti, pourrais-tu produire en environ 300 mots un récit à la première personne où un homme achète trois maquereaux au marché ?

... pour obtenir ça :

J'ai acheté trois maquereaux au marché ce matin, et cela m'a plongé dans un état d'angoisse indescriptible. Les étals étaient remplis de poissons de toutes sortes, mais pour une raison qui m'échappe, j'ai choisi ces trois-là. Ils étaient si frais, si brillants, qu'on aurait dit qu'ils venaient juste d'être pêchés. Mais quelque chose dans leur regard, quelque chose dans leur texture, m'a rendu mal à l'aise.
J'ai payé le vendeur, et je suis reparti en tremblant, comme si j'avais commis un crime, comme si j'avais emporté avec moi quelque chose de terriblement dangereux. Les maquereaux étaient emballés dans un sac en papier brun, qui ne cessait de me brûler les doigts.
Je suis rentré chez moi, et j'ai posé le sac sur la table de la cuisine. Les maquereaux étaient là, étalés devant moi, comme s'ils m'attendaient. Ils semblaient m'observer, me juger, me condamner. Leur regard était vide, mais je pouvais sentir leur présence, leur poids, leur froideur.
Je me suis mis à préparer le repas, en faisant attention à ne pas les toucher, en évitant leur regard. J'ai mis les maquereaux dans une poêle, avec un peu d'huile d'olive, et j'ai attendu qu'ils cuisent. Mais ils ne bougeaient pas, ne frétillaient pas, ne faisaient rien. Ils étaient morts, mais ils semblaient encore en vie, comme s'ils se moquaient de moi.
Je suis sorti de la cuisine, incapable de supporter leur présence plus longtemps. J'ai essayé de me calmer, de me raisonner, de trouver une explication rationnelle à cette peur irrationnelle qui me rongeait. Mais je n'ai pas réussi. Les maquereaux étaient toujours là, immobiles, silencieux, mais je pouvais les entendre me murmurer quelque chose, quelque chose d'horrible, quelque chose que je ne voulais pas entendre.
Je suis resté là, dans le salon, à attendre que le repas soit prêt, à écouter les maquereaux me parler, à sentir leur présence me peser. Et quand j'ai enfin mangé, je n'ai pas pu avaler une seule bouchée. Les maquereaux étaient toujours là, à me fixer de leur regard mort, à me rappeler que je n'étais rien, que je n'étais qu'une marionnette dont les fils étaient accrochés entre leurs dents aiguës et menaçantes.

Alors d'accord, ce n'est pas le pastiche le plus habile de la terre, mais ça n'est pas non plus à côté de la plaque, et pas si mal écrit non plus (j'ai seulement dû insister pour qu'il parle des dents des maquereaux dans la dernière phrase... plutôt que de leurs mains.)
J'imagine qu'il ne va pas se passer longtemps avant qu'un outil comme celui-là soit mis à contribution par les éditeurs de romans à la chaîne (parce qu'en matière de style, il n'en est pas encore à pouvoir pasticher Gracq, Claude Simon... ou encore Virginia Woolf, même si le résultat est assez savoureux )

C'était une journée chaude et étouffante, typique de l'été, lorsque j'ai acheté ces trois maquereaux. Les rayons du soleil éblouissants ont frappé mon visage tandis que j'ai traversé le marché bondé de monde, les cris des vendeurs remplissaient l'air. Mais les maquereaux, calmes et silencieux, ont attiré mon attention.

Je me suis arrêtée devant l'étal, captivée par la façon dont les écailles des poissons brillaient sous la lumière, et leur regard étrangement vide et noir m'a transpercée. J'ai senti une vague de tristesse m'envahir, une tristesse pour ces créatures qui avaient été arrachées à leur élément naturel.

Pourtant, je suis restée là, fascinée par leur beauté et leur vulnérabilité. Les maquereaux semblaient me défier, m'invitant à les prendre, à les emporter, à les dévorer. Leur appel était si fort que j'ai cédé et j'ai acheté les trois poissons, les enveloppant avec soin dans du papier journal.

À la maison, j'ai préparé les maquereaux avec précaution, écoutant le bruit de l'eau qui bouillait dans la casserole, les sentant, les touchant, les regardant. La façon dont ils ont frémi dans la poêle chaude m'a rappelé le vent d'été soufflant sur la plage, le bruit des vagues, le sable chaud sous mes pieds.

Pourtant, en dégustant les maquereaux, j'ai ressenti un sentiment étrange de culpabilité. J'ai réalisé que je les avais volés de leur monde, que j'avais causé leur mort pour ma propre satisfaction. Cette expérience m'a fait réfléchir sur la nature de la vie et de la mort, sur la beauté et la souffrance, sur l'amour et la perte.

Les maquereaux ont laissé une empreinte indélébile dans mon esprit. Ils ont ouvert une porte à une compréhension plus profonde de la vie et de moi-même. Et maintenant, quand je regarde la mer, j'entends encore leur appel, leur doux murmure, me rappelant que tout est lié, que tout est éphémère, que tout est sacré.

[Judith]

@PointBlanc c'est très drôle. Tu as essayé en lui demandant des pastiches de Proust ou de Faulkner, pour voir? Peut-être avec un autre thème, pour plus d'efficacité.

Edit : et si on lui demande de rédiger une fausse homélie d'Origène ou un faux cours de Bergson? Rhahh, je sens que je vais me laisser tenter!

[Cyrielle]

Je pense que Chatgpt est plus poète que moi, mais bien moins que Hugo .

[/b] Cela semble en effet par exemple capable de produire ''un poème en alexandrins sur la réforme des retraites à la manière de Victor Hugo'' !

► Afficher le texte

Dans l'air lourd de la foule émerge une clameur,
Un murmure insistant, porté par les douleurs
De ceux qui ont travaillé, souvent depuis l'enfance,
Et qui voient leur retraite prendre une autre cadence.

Leur horizon s'assombrit, leur avenir s'efface,
Dans le flou de réformes qui leur font perdre la trace
De ce qu'ils avaient cru acquis, après des années
Passées à peiner, sans relâche, pour l'Etat et ses deniers.

Le gouvernement prétexte des nécessités,
Des déficits à combler, des priorités à fixer,
Mais ces mots-là, pour eux, n'ont plus de réalité,
Ils ne voient que des chiffres, des cotisations augmentées.

Les rêves de repos, de voyages, de détente,
Sont remplacés par l'angoisse, la peur, la tourmente,
Car comment vivre dignement, avec si peu d'argent,
Après une vie de labeur, de sueur, de talent ?

Victor Hugo aurait-il accepté cela ?
Ce poète engagé, défenseur des opprimés,
Aurait-il toléré qu'on piétine leurs droits,
Qu'on les laisse au bord du chemin, sans secours, sans choix ?

Non, il aurait brandi la plume, la voix, la colère,
Pour dire haut et fort que ce n'est pas ainsi qu'on espère
Bâtir un monde juste, solidaire et serein,
Où chacun peut vieillir, en paix, dans son propre chemin.

Alors, citoyens, prenons exemple sur cet homme,
Et défendons nos retraites, nos vies, nos noms,
En exigeant des lois justes, équitables, humaines,
Qui respectent nos droits, nos désirs, nos peines.

La longueur et le rythme (césures hasardeuses) des alexandrins, de même que les rimes, sont trèès approximatifs, non ? Ceci dit c'est une bonne base pour un étudiant fainéant, qui n'aura qu'à corriger les imperfections.
(Suis-je vraiment la seule à avoir testé ? )

Sinon, je me suis déjà connectée sur ChatGpt, et je lui ai confié mes états d'âme. Toutes les réponses commencent par un rappel que ce n'est un robot et donc n'a pas de sentiment, puis suivent des propos assez classiques d'écoute active. C'est pas mal pour apprendre à réagir de façon neutre face à une personne en détresse^^ (mais quand même au bout de trois questions j'ai été encouragée à aller voir un professionnel de l'écoute ).
[EDIT] Je précise que l'objectif, devant le buzz autour du machin, était de chercher ses points faibles. J'ai tout de suite pensé à tester son empathie !

[papy-olivier]

Bonjour,
Ayant longtemps donné des cours, et donc procédé à des évaluations, il suffit de donner un graphique ou une illustration à analyser pour contraindre les étudiants à réfléchir par eux-mêmes. Si on ne donne pas de source à chatGPT, il ne saura pas répondre correctement.
Evidemment, il y a des matières pour lesquelles il sera complexe de faire ainsi, mais c'est une piste.
A part cela, c'est impressionnant et intéressant d'un pur point de vue technologique.
Le seul problème que j'entrevois, c'est la base documentaire sur laquelle le système se base pour élaborer les réponses, il suffit de l'alimenter avec suffisamment de fausses informations pour qu'elles soient interprétées comme vraies. Si on arrivait à écrire 1 million d'articles décrivant la terre plate (c'est un exemple, de même que la quantité), l'IA s'en servirait pour répondre aux questions.
Enfin maintenant que tout le monde a vu combien c'est génial, évidemment les promoteurs du système ferment les vannes et il devient payant. Pas suffisamment pour que cela soit rédhibitoire mais assez pour qu'ils s'enrichissent, c'est très malin en fait.

[Judith]

trèès approximatifs, non ?

C'est peu dire. Il n'est pas au point dans ce domaine, mais alors pas du tout.

[PointBlanc]

@PointBlanc c'est très drôle. Tu as essayé en lui demandant des pastiches de Proust ou de Faulkner, pour voir? Peut-être avec un autre thème, pour plus d'efficacité.

Alors non, pas encore, mais je commence à avoir une liste en tête.
Maintenant, je crois deviner que ce n'est pas tant le style qu'il reproduit que des thématiques qu'il introduit parce que sa base de données les lui présente comme récurrentes chez l'écrivain qu'il est supposé pasticher. Entre son Gracq et sa Virginia Woolf il n'y a pas tant de différences et guère de points communs avec les modèles, si ce n'est que c'est un peu plus écrit que ce qu'il produit si tu lui demandes le même récit sans consigne relative au style.

Faulkner, tiens, à partir de la consigne suivante : "en trois cents mots raconte l'arrivée d'un bateau à aube sur un quai du Misssissippi".

Le bateau à aube est apparu dans la brume matinale, avançant lentement sur les eaux sombres du Mississippi. Le clapotis des vagues et le ronronnement du moteur ont rompu le silence du petit matin. Les planches vermoulues du quai grinçaient sous le poids du navire, qui s'est finalement immobilisé.

Les passagers ont commencé à débarquer, chacun d'entre eux portant leur lot de soucis et d'angoisses. Ils ont été accueillis par une foule de gens du pays, venus pour voir ce qui était arrivé. Les visages étaient tous inconnus, mais ils semblaient tous connaître quelque chose de l'autre.

Les dockers ont commencé à décharger les marchandises, en sueur malgré la fraîcheur de l'air. Les caisses et les sacs ont été transportés à terre et déposés avec soin sur le quai. Les odeurs de café, de tabac et de whisky se mêlaient aux effluves du fleuve.

Les passagers ont commencé à s'éparpiller dans la ville, chacun cherchant sa propre destinée. Certains sont restés pour le commerce, d'autres pour le plaisir, mais tous avaient quelque chose en commun : ils cherchaient à trouver leur place dans le monde. Ils étaient venus pour découvrir quelque chose de nouveau, pour vivre une aventure et pour trouver leur propre chemin.

Le bateau à aube est reparti, disparaissant lentement dans la brume. Mais son passage a laissé quelque chose derrière lui, quelque chose qui allait rester à jamais gravé dans la mémoire de la ville. Les passagers sont partis, mais leur passage a laissé un héritage, un souvenir qui allait perdurer bien après leur départ. Et le Mississippi a continué de couler, indifférent aux allées et venues des hommes.

[Judith]

@PointBlanc merci d'avoir essayé avec Faulkner. On touche très vite les limites du jeu : je vais donc résister victorieusement à la tentation grâce à toi.

[PointBlanc]

Tu as de ces exigences aussi ! Il faut lui demander un truc médiocre mais qui pourrait satisfaire un tas de gens. Tiens, ça par exemple : "en environ cinq cents mots, raconte un combat opposant le seigneur Bolosse et ses chevaliers, tout caparaçonnés d'or et d'argent, à l'armée de morts-vivants du Nécromant Kenny. Utilise des métaphores pour gommer la violence des combats. Il faut que ce soit tragique et majestueux."

Et donc :

Au milieu des sombres plaines de la Terre Maudite, le seigneur Bolosse et ses chevaliers caparaçonnés d'or et d'argent se tenaient prêts à affronter l'armée de morts-vivants du Nécromant Kenny. Leurs armures brillaient comme des étoiles dans la nuit noire, tandis que les hordes des morts-vivants s'avançaient tels des nuages sombres et menaçants.

Le seigneur Bolosse avait beau être un guerrier aguerri, il savait que la bataille à venir serait la plus difficile de sa vie. Mais il savait également qu'il devait protéger son royaume à tout prix, même si cela signifiait se sacrifier pour le bien commun. Les cloches de la chapelle sonnaient à l'unisson, annonçant le début de la bataille.

Les deux camps s'élancèrent l'un contre l'autre telles des vagues se brisant sur la plage. Les lances des chevaliers se fracassaient sur les boucliers des morts-vivants, et les épées des morts-vivants s'abattaient sur les armures dorées et argentées des chevaliers. Les cris et les gémissements remplissaient l'air, tandis que le sang et la poussière voilaient le champ de bataille.

Malgré leur nombre, les morts-vivants semblaient faibles et fragiles sous les coups puissants des chevaliers, mais ils se relevaient toujours. Les flèches des archers sifflaient dans l'air, leur trajectoire semblable à des oiseaux rapides cherchant à atteindre leur cible. Les sorts magiques du Nécromant Kenny enveloppaient les chevaliers, les immobilisant et les étourdissant, tandis que leurs épées semblaient devenir plus lourdes à chaque instant.

Les chevaliers, même s'ils étaient bravement menés par le seigneur Bolosse, semblaient être submergés par la vague incessante de morts-vivants. Ils se battaient tels des arbres face à un orage, pliant sous la force de leurs adversaires, mais refusant de rompre. Ils faisaient face à la mort avec la même dignité qu'ils avaient vécu leur vie, avec l'espoir que leur sacrifice ne serait pas vain.

Au milieu du chaos, le seigneur Bolosse faisait face au Nécromant Kenny, leurs épées s'entrechoquant telles des éclairs dans le ciel. Le seigneur Bolosse était courageux et déterminé, mais le Nécromant Kenny avait des pouvoirs qui semblaient venir d'ailleurs. Leurs échanges semblaient être des duels d'étoiles filantes dans la nuit noire, les flammes de leurs armes se reflétant dans leurs yeux.

Finalement, après des heures de combat, les chevaliers du seigneur Bolosse avaient repoussé les hordes de morts-vivants, mais au prix de lourdes pertes. Les champs étaient jonchés de corps, de morts-vivants comme de chevaliers, dans une vision funeste et désolée.

Bon... disons que c'est d'un très bon niveau de cinquième. On ne tient pas encore la saga des années 2020.

Edit : mais c'est plus intéressant que ça n'y paraît au premier abord, je trouve ; ça donne l'occasion de s'interroger sur la notion d'écriture créative.

[Judith]

c'est d'un très bon niveau de cinquième.

Il y a longtemps que je n'ai pas eu d'élèves de cinquième. Il me semble que les bons élèves de ce niveau écrivaient beaucoup mieux que ça, mais j'idéalise sans doute mes souvenirs. D'un autre côté, c'est difficile à estimer car Chatgpt ne rédige pas du tout comme un pré-adolescent.
Et du faux Rimbaud, qu'est-ce que ça donne? Rien, j'imagine.

[PointBlanc]

Et du faux Rimbaud, qu'est-ce que ça donne? Rien, j'imagine.

Yop ( à partir de la consigne suivante : "Peux tu écrire un poème en prose dans le style d'Arthur Rimbaud, en environ 150 mots, sur l'océan bouillant sous une fièvre de soleil ? ")

L'océan, cet infini tumultueux, se dresse devant moi dans une rage brûlante, sous l'ardeur implacable du soleil. Les flots écumants et furieux s'élèvent vers le ciel, hurlant leur désespoir dans une symphonie de vagues fracassantes.

Je contemple ce spectacle sauvage, fasciné et terrifié, alors que le soleil écrasant fait brûler ma peau. La fièvre de l'océan s'empare de moi, m'enveloppant dans son énergie électrisante, me rappelant que la vie elle-même est une tempête constante.

Je ressens la puissance de l'océan, sa force brute qui peut tout dévaster sur son passage. Mais je perçois également sa beauté, sa grâce naturelle qui se reflète dans chaque mouvement des vagues.

Et je me laisse emporter par cette fureur océanique, par cette ivresse fiévreuse du soleil et de l'eau. Je suis à la fois ébloui et consumé par cet univers en perpétuel mouvement, où la vie et la mort se côtoient en une danse éternelle.

Ainsi, je demeure là, face à l'océan bouillant sous une fièvre de soleil, absorbé par sa magie ensorcelante, fasciné par la grandeur de la nature.

Je peux te garantir que si mes collégiens produisaient des textes de ce niveau, je serais déjà satisfait. Non que ce soit satisfaisant en soi, mais simplement ils sont très éloignés même de quelque chose d'aussi générique.
Les pré-adolescents écrivent-ils vraiment selon un principe si différent ? Eux aussi, pour les plus désireux d'écrire en tout cas, s'inspirent de formules et de motifs glanés ici et là.

[Judith]

Bien, restons-en là pour les pastiches de génies, ce n'est manifestement pas le domaine de Chatgpt.

Les pré-adolescents écrivent-ils vraiment selon un principe si différent ?

Non, mais dans mon souvenir, leur usage de la langue est plus fantaisiste, moins rigide que celui du robot. Même chez des élèves de niveau moyen ou faible, je lisais parfois des trouvailles réelles et originales (avec une syntaxe et une orthographe souvent déficientes, mais c'est un autre problème). Alors qu'ici...

[PointBlanc]

Je lui ai demandé de réécrire ce texte sans employer la lettre -e.
Réponse : "Je suis désolé, mais il est presque impossible d'écrire un texte sans utiliser la lettre "e" en français, car cette lettre est l'une des plus courantes de la langue française. Même si j'essaie d'utiliser des mots qui n'ont pas de "e", la phrase serait incompréhensible et difficile à lire."

Bouffon.

[Miss souris]

C'est rigolo. Et assez décevant du point de vue des styles, autant que je puisse en juger. Effectivement monsieur chat a l'air plus sensible aux thèmes qu'au style en tant que tels ( il faudrait voir ce que donne une consigne "écrire un roman sans la lettre e en respectant le mode d'emploi de la vie". Ce devrait être assez loin de ce que la consigne suggère.)

Sans être prévenue de la source, je crois que je dirais que c'est de la mauvaise traduction, du mauvais livre quoi. Mais bon. Ça existe et ça se vend. (Et même j'en lis.)

[Judith]

Bouffon.

Qui est trop exigeant, maintenant?
Tu voudrais non seulement qu'il (re)connaisse Perec mais encore qu'il l'imite . On n'en est pas là.

[Rune]

Je n'ai pas testé chatgpt car il a essayé de me draguer en me demandant mon 06. (Je suis toujours assez frileuse par rapport à ce genre de procédés...)

Mais merci @Cyrielle de m'avoir permis de satisfaire ma curiosité !
C'est marrant, car je n'avais pas précisé ''contre'' la réforme des retraites, mais ''sur'' la réforme... alors que les données de base sont antérieures à 2021 : soit l'esprit de Hugo a vraiment été insufflé à chatgpt (ce dont je doute en effet en constatant les irrégularités dans les vers présentés), soit cela est clairement identifié depuis un moment comme un thème problématique.

Merci aussi @PointBlanc pour les autres exemples. Je trouve quand même ça bluffant. Je suis d'accord avec @Judith quant au fait que nos élèves sont parfois plus ''imaginatifs'', mais ils sont aussi souvent moins cohérents dans leurs textes que ce qui est produit là.
D'accord aussi que cela amène à s'interroger sur la notion d'écriture créative (je trouve intéressant en cela que ce ne soit pas le style qu'il reproduise...). Ceci dit, le texte à partir de Rimbaud me paraît particulièrement fade, surtout en comparaison des textes originaux de ce dernier.
Et juste :

Bouffon.

(On te sent prêt à défier chatgpt en duel...)

@Brunehilde , je suis allée voir ton lien (en entier, oui oui, je suis vraiment assez fascinée...), et c'est en effet vraiment intéressant de comprendre la façon dont fonctionne ce genre d'IA. Defakator montre bien à quel point on est éloigné d'une ''véritable intelligence'', dans le sens où il n'y a pas de réelle compréhension du sens. N'empêche que l'illusion est bien faite.
J'ai aussi retenu :
-que je suis vraiment à la ramasse : j'en ai entendu parler pour la première fois cette semaine grâce à Télérama, alors que tout le monde semble en parler depuis sa sortie. (Ça m'apprendra à ne plus regarder la télévision .)
@blue hedgehog  : j'étais en effet surprise de constater que personne n'avait lancé le sujet, j'ai fait 3 fois la recherche pour vérifier. Pourtant le sujet me semble tout à fait légitime par ici.
-qu'il y a vraiment un problème éthique lié à la sous-traitance de la base de donnée (des ''petites mains'' sous-payées doivent se fader des contenus horribles à longueur de journée pour les éliminer de la base... @papy-olivier il y a donc une volonté d'éliminer le maximum de contenu problématique... Ce qui n'empêche pour autant pas les ''fakes'', ce qu'explique bien la vidéo.).
-que je ne sais pas si chatgpt est empathique, mais moi j'ai un vrai problème avec ça : lorsqu'à la fin de la vidéo, on voit le chat s'effondrer et pleurnicher, et des images de petits robots dépités, j'ai vraiment trop pitié d'eux.

Et pour ceux que ça intéresse : le passage concernant l'utilisation par les enseignants (problèmes, éventuelles solutions) est à 31.20 environ.

[Cyrielle]

C'est marrant, car je n'avais pas précisé ''contre'' la réforme des retraites, mais ''sur'' la réforme... alors que les données de base sont antérieures à 2021 : soit l'esprit de Hugo a vraiment été insufflé à chatgpt (ce dont je doute en effet en constatant les irrégularités dans les vers présentés), soit cela est clairement identifié depuis un moment comme un thème problématique.

Tu as raison de douter : la réforme des retraites a été reportée en 2020 avec l'arrivée du covid, mais le texte et les oppositions étaient médiatisés avant. Une actualité chasse l'autre...

[PointBlanc]

Sans être prévenue de la source, je crois que je dirais que c'est de la mauvaise traduction, du mauvais livre quoi. Mais bon. Ça existe et ça se vend. (Et même j'en lis.)

Je suis bien persuadé que tu n'es pas la seule à le penser ; ça rendrait la traduction autrement plus rentable pour un éditeur. Au pire, chatGPT accouche d'un premier jet (en un temps ridiculement court), un relecteur passe derrière et lisse grossièrement le résultat... et tant que le texte n'est ni trop écrit ni problématique en termes de contenu, ça devrait pouvoir aboutir à quelque chose de lisible, d'oubliable, d'aussitôt remplacé par autre chose de tout aussi lisible et oubliable, à une cadence encore plus effrénée que ce qu'on peut connaître aujourd'hui dans l'édition. Et tout ça pour moins cher.

D'un autre côté, on peut imaginer des lecteurs devenant de plus en plus habiles à demander à un futur ChatGPT de leur générer leurs propres romans, leurs propres fanfictions (avec les mêmes réserves que précédemment en matière de contenu, mais pour combien de temps - peut-être aussi en termes de copyright) - ou même délaissant les fictions au long cours pour de simples passages mettant en scène leurs personnages favoris. Tout ça illustré par un futur Dall-e.

Un petit exemple, à partir des instructions suivantes :"Peux-tu m'écrire en 400 mots un fragment de récit à la troisième personne où Batman, du haut des toits de Gotham City, médite sur le monde perpétuellement en proie au crime ?" ; et après un premier jet vraiment creux : "La même chose en plus gothique ?"

Batman se tenait sur le toit d'un immeuble sombre et délabré, dominant la ville gothique qui s'étendait devant lui. Les lumières de la ville se reflétaient dans les gouttes de pluie qui tombaient sans cesse, créant une atmosphère sinistre et angoissante. Le Chevalier Noir avait combattu le crime et l'injustice à Gotham City depuis des années, mais il savait que le mal n'était jamais vaincu.

Il médita sur le monde gothique qui semblait être plongé dans les ténèbres éternelles. Les rues sombres et sinueuses étaient peuplées de criminels sans pitié, prêts à tout pour atteindre leurs sombres desseins. Les bâtiments délabrés semblaient avoir été construits par des âmes torturées, des esprits tourmentés et des mains corrompues.

Batman savait que sa lutte contre le crime ne pourrait jamais être complètement gagnée. La noirceur était profondément enracinée dans les rues de la ville, et il y avait toujours de nouveaux criminels qui surgissaient pour semer la peur et la terreur.

Pourtant, il était déterminé à ne pas abandonner. Il avait vu de ses propres yeux les preuves qu'il pouvait réduire le crime et apporter un peu de lumière dans les ténèbres. Il avait vu des quartiers entiers transformés, devenus des communautés florissantes grâce à ses efforts et à ceux de ses alliés.

Mais il y avait toujours de nouvelles menaces qui surgissaient de l'ombre, des ennemis plus puissants et plus dangereux que jamais. Batman savait qu'il devait être vigilant, prêt à agir à tout moment pour protéger les citoyens de Gotham.

Et alors qu'il réfléchissait, un éclair déchira le ciel noir de la nuit. Un hurlement se fit entendre, suivi d'un grincement de métal. Batman se précipita vers la source du bruit, sa cape sombre virevoltant dans le vent violent de la nuit.

Il arriva sur les lieux pour voir un groupe de criminels déments en train de torturer une pauvre victime. Sans hésiter, Batman entra en action, combattant avec une agilité et une brutalité implacables pour vaincre les criminels et libérer leur prisonnier.

Une fois la bataille terminée, Batman se retira dans l'obscurité de la ville gothique, son esprit hanté par les ténèbres et la misère qui rongeaient la ville. Il savait que sa lutte était loin d'être terminée, mais il était prêt à continuer à se battre jusqu'à ce que le jour triomphe sur la nuit.

Je sens qu'on va bien rigoler.

[Judith]

ça devrait pouvoir aboutir à quelque chose de lisible, d'oubliable, d'aussitôt remplacé par autre chose de tout aussi lisible et oubliable, à une cadence encore plus effrénée que ce qu'on peut connaître aujourd'hui dans l'édition. Et tout ça pour moins cher.

C'est possible, mais honnêtement et sans citer d'auteur, il y a déjà beaucoup de livres qui pourraient avoir été écrits par un "cerveau" électronique en termes de contenu, par exemple dans le domaine de la romance pour jeune adulte. Ils rapportent beaucoup aux éditeurs avec peu d'investissement au départ et n'ont pas la moindre qualité littéraire. Le livre-marchandise existe de toute façon depuis les débuts de la Révolution Industrielle, et le roman tel que nous le connaissons aujourd'hui n'est pas séparable du commerce (le premier romancier moderne à succès, Daniel Defoe, était un entrepreneur issu d'une lignée de petits commerçants, ce n'est probablement pas un hasard). Je précise bien "tel que nous le connaissons aujourd'hui", je n'inclus pas les romans antiques et médiévaux ni les grands romans de la Renaissance et de l'Âge Classique, qui ont été produits dans d'autres contextes et dans d'autres buts, en partie du moins, que leur pure marchandisation.

Je ne dis pas que c'est bien (même si les grands romans du XIXème siècle n'auraient jamais été écrits sans cette symbiose entre littérature et commerce) : simplement, je ne suis pas certaine que l'intervention des IA change beaucoup de choses dans le domaine de la littérature jetable.
Pour le reste, l'appropriation des outils par leur public est inéluctable, je pense, avec le type de conséquences que tu décris. Mais tant que je ne suis pas obligée de lire les contenus produits,...

[PointBlanc]

C'est possible, mais honnêtement et sans citer d'auteur, il y a déjà beaucoup de livres qui pourraient avoir été écrits par un "cerveau" électronique en termes de contenu, par exemple dans le domaine de la romance pour jeune adulte. Ils rapportent beaucoup aux éditeurs avec peu d'investissement au départ et n'ont pas la moindre qualité littéraire.

Pour ça j'en suis conscient - je voulais plutôt évoquer l'accélération (l'emballement) qu'un tel outil est susceptible de provoquer, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir sur le roman comme objet circonscrit, sinon sur le livre comme objet tout court...
Et puis entre payer des cacahuètes un auteur ou un traducteur et ne plus avoir à les payer du tout, il y a une marge toujours appréciable.

Quant à l'art dans tout ça, tout autre sujet, et chatGPT n'en est clairement pas là. Dall-E, c'est une autre histoire, je crois.

[Judith]

Bien sûr, je vois ce que tu veux dire et il se peut très bien que tu aies raison.

Dall-E, c'est une autre histoire, je crois.

Je ne pense pas : j'ai vu pas mal de productions de Dall-E, et aucune ne m'a paru avoir la moindre valeur artistique. A vérifier.

[PointBlanc]

Ce n'est pas tant la valeur de l’œuvre en soi qui me semble à prendre en compte. La question serait plutôt : y a-t-il des gens qui auraient intérêt à reconnaître un statut d’œuvre d'art à ces productions ? Si la réponse est oui, cela suffira à ce que se pose la question de leur introduction sur le marché de l'art, je crois.