Mon rapport à la lecture et aux livres tient presque en un mot et une photo (celle de ma table de chevet)
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Le mot : pathologique. L'image :
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et dans ma chambre il y a aussi une armoire recouverte de livres "en attente" et une étagère pleine de livre "déjà lus"...
Les livres me constituent. C'est donc un peu difficile de résumer l'histoire d'une vie en un post. Mais je peux essayer.
Etape 1 : l'enfance.
J'apprends à lire avec mon père (instituteur) vers 5 ans très facilement. Je me souviens de la méthode (Mon beau village) et de sa couverture à dominante verte. Il y a une petite fille à qui l'on offre un agneau, je l'envie beaucoup.
Immédiatement la lecture devient la chose la plus importante pour moi. J'ai une fratrie plus âgée. Je lis donc d'abord tout ce qui est disponible chez moi : la bibliothèque Rose, puis la bibliothèque Verte puis la bibliothèque Rouge et Or (pas mal de volumes de chaque). Je relis tout deux ou trois fois puis je m'agite. Je découvre la bibliothèque de l'école primaire, mais elle est assez rapidement parcourue (et pas de pépites extraordinaires de ce côté-là).
Je cherche des solutions par moi-même (une fois, comme je m'ennuie chez des amis de mes parents, je dégote à la cave un carton entier de la collection
in extenso des Bob Morane dans la bibliothèque Verte; ça améliore beaucoup mon été). Ma mère finit par accepter que je lise des livres "pour adultes" qu'elle sélectionne cependant soigneusement (de peur de me traumatiser ou je ne sais quoi); je réclame beaucoup, mais la plupart me restent inaccessibles ("pas de ton âge").
Jusqu'au jour béni où, miracle des miracles, ma mère ramène un gros vieux catalogue tout abîmé : c'est le catalogue de la bibliothèque de la Poste

(elle travaille à la Poste, vous aurez compris), il contient des centaines de titres, on peut en commander autant qu'on veut. Les livres arrivent par paquet de 10 (ma mère refuse d'en commander plus à chaque fois), ils sont vieux, reliés en toile unie de couleur lavasse, mais leur contenu va m'ouvrir bien des portes et bien des mondes. Je suis très reconnaissante à la Poste de m'avoir accompagnée pendant ces longues années de primaire.
Au collège, au lycée, les bibliothèques sont mieux fournies, les amis de mes parents savent que je vais mettre le nez dans leur bibliothèque et me prêtent volontiers des livres, la mère de ma copine Francette me fait même cadeau de son exemplaire du Quatuor d'Alexandrie (4 livres de poche dans une boîte cartonnée, je les ai encore) quand j'ai 13 ou 14 ans.
Je ne peux pas passer cette étape sans raconter ma première rencontre avec la "littérature". J'ai 15 ans ou 16 ans, j'emprunte un roman à la bibliothèque du lycée, je ne connais pas l'auteur. Je le lis, je suis éblouie, je le pose sur la table de la cuisine et je déclare (du haut de ma certitude que je connais tous les grands auteurs, puisque j'ai lu
in extenso mes livres de français, l'Education Nationale s'est chargée de me les lister) : je ne comprends pas pourquoi personne ne parle de cet auteur, ce livre est génial. C'était
Le Bruit et la Fureur de Faulkner.
Etape 2 : l'âge adulte.
La place des livres dans ma vie ne faiblit pas. Quand je pars pour un voyage d'un mois à l'étranger sac à dos, le moment le plus compliqué c'est la sélection de livres assez conséquents pour durer un mois mais qui tiennent dans le sac (de cette époque vient sans doute mon amour pour les collections Bouquins et Quarto). Quand je décide d'apprendre la couture, je me procure 2 ou 3 livres avant d'avoir le moindre morceau de tissu (ça fonctionne très bien d'apprendre la couture dans les livres). Quand je deviens mère de famille et que je cuisine des repas plus élaborés, c'est l'étagère de livres de cuisine qui se remplit avant le frigo (actuellement 3 étagères

).
La liste des types de livres qui me plaisent est infinie. Les BD y ont une place à part, car elles associent le plaisir graphique et le scénario. Les romans graphiques me plaisent encore plus car l'effort d'écriture est plus grand. Les livres d'art, les Pléïades, les essais (mention spéciale à l'éditeur Odile Jacob dans mon cas), les enquêtes journalistiques, tout est susceptible de m'intéresser. Je m'abonne à des revues comme La Revue Dessinée ou XXI. Cependant, la littérature reste ce qui me nourrit, et je ne peux passer un jour sans lire au moins quelques pages d'un roman.
Il y a le temps passé à lire et aussi celui passé à tourner autour des livres : à la maison, dans les trois ou quatre médiathèques que je fréquente, dans les ressourceries, sur les vide-greniers, devant les boîtes à livres... Il y a le besoin de vivre entourée des livres qui me racontent l'histoire de ma vie.
Etape 3 : la transmission
ça a été un enjeu majeur de ma parentalité. Allais-je pouvoir transmettre cette passion à mes enfants ? Et comment ? J'ai lu, et lu et lu à mes enfants toutes sortes d'histoires (quel plaisir, ces magnifiques albums pour enfant, que de découvertes pour l'adulte que je suis), des livres audio aussi et je suis toujours allée sans faire la fine bouche dans le sens de ce qui les intéressait. Qui suis-je pour décider ce qui doit être lu et ce qui ne doit pas l'être ? Mon aîné, qui est un lecteur lent mais exigeant, est en faculté de lettres. Ma fille, qui lit beaucoup plus vite, a jeté son dévolu sur les mangas et les romans. Quel plaisir de proposer suivant leur âge et leur caractère à l'un Alessandro Barrico, à l'autre Benacquista, et de pouvoir en discuter ensuite... Les livres font partie de la vie de mes enfants, c'est ce qui était important pour moi ; à eux d'en faire ensuite ce qu'ils voudront.