Kliban a écrit : ↑dim. 12 sept. 2021 14:40
Te serait-il possible de proposer une bibliographie commentée (articles, livres, chaîne toi-tuyau, etc.) permettant d’approfondir ce que tu dis du bonhomme ?
Bon, même sans indication de ce qui t’intéresse spécialement, voici quelques suggestions de lecture pour clore le sujet sur Origène.
- Comme introduction générale, on peut lire le livre de Jean Daniélou,
Origène (1948), vieilli par sa perspective comme par ses méthodes, mais court et synthétique et récemment réédité au Cerf. Sinon, deux livres majeurs existent en français : E. de Faye,
Origène, son œuvre, sa vie, sa pensée (1923), en trois volumes, et P. Nautin,
Origène, sa vie et son œuvre (1977). Le premier est bien détaillé et contient l’essentiel des connaissances acquises sur Origène au début du XXème siècle ; le second présente des perspectives très nouvelles pour l’époque, notamment par son attitude critique envers les sources anciennes (qui sont généralement prises sans perspective par les auteurs antérieurs). Il est considéré aujourd’hui encore comme incontournable.
- En allemand, le gros article d’A. Fürst « Origenes » dans le
Reallexicon für Antike und Christentum (2014) offre une très bonne synthèse des connaissances actuelles sur les relations entre Origène et philosophie antique. On peut aussi lire l’article de Gilles Dorival dans le
Dictionnaire des philosophes antiques de R. Goulet (une quarantaine de pages, 2005).
- Un groupe de recherche italien sur Origène a publié, en vue d’un grand public cultivé, un dictionnaire Origène :
Origene. Dizionario : la cultura, il pensiero, le opere (dir. par A. Monaci-Castagno, 2000). C’est très bien, très clair et accessible même si le contenu commence à vieillir un peu.
- Pour les œuvres elles-mêmes, sans lire le grec et le latin, il faut avoir recours aux traductions : en français, ce sont les éditions du Cerf qui en ont publié la majorité dans sa collection des Sources Chrétiennes. Je suggèrerais les
Homélies sur la Genèse, (SC 7), l’
Entretien avec Héraclide (SC 67), le
Traité des Principes (SC 252, 253, 268, 269, 272 dont deux volumes de commentaires), le
Commentaire sur le Cantique des cantiques (SC 375 et 376). Si tu veux aborder les œuvres « géantes », le
Contre Celse occupe les volumes 132, 136, 147, 150 et 227 et le
Commentaire sur Jean est en SC 120, 157, 222, 299 et 385. Les volumes donnent les textes grec et latin (une bonne partie d'Origène n’étant conservée qu’en traduction latine) avec la traduction en regard, des introductions et notes assez copieuses, le tout de valeur diverse. Il faut savoir qu’ils contiennent malheureusement énormément d’erreurs, tant d’édition que de traduction et sont donc à manipuler avec précaution, surtout les plus anciens. Les collections allemandes sont meilleures mais faute de savoir si tu lis la langue, je n’en parle pas, redemande-moi si nécessaire. Il existe aussi des traductions italiennes.
-Les commentaires récents détaillés sont souvent en langue étrangère et notamment en italien : sur le
Contre Celse, il faut lire L. Perronne,
Discorso di verità. Paganesimo, giudaismo et cristianesimo a confronto nel Contro Celso di Origene (1998) ; sur l’exégèse de la Genèse, E. Prinzivalli (c’est un recueil d’article)
Origene di Alessandrie interprete della Genesi, Adamantius 23, 2017.
- Enfin, les PUF ont récemment réédité la thèse d’état de Marguerite Harl,
Origène et la fonction révélatrice du Verbe incarné (1958). C’est un livre important, aujourd’hui très daté mais novateur à son époque et qui a compté dans l’histoire de la réflexion sur Origène en France. Tu le trouveras présenté dans
cet entretien entre trois universitaires, qui parlent par ailleurs de leurs propres ouvrages où Origène, sans être au centre, occupe une part importante (
L’abeille et l’acier par G. Dorival et A. Le Boulluec et
Symphonia, La concorde des textes et des doctrines dans la littérature grecque jusqu'à Origène par S. Morlet). Je te recommande la vidéo : c’est mal capté, malheureusement, mais c’est très agréable et les trois chercheurs sont quasiment les meilleurs patrologues français vivants (dont mon propre directeur de thèse). Ils parlent d’Origène (et un peu de Clément d’Alexandrie) avec beaucoup de clarté et de sympathie.
