J'ai fait quelques études en philo et il y a quelques années, alors que mes souvenirs étaient très lointains, j'ai eu l'occasion de lire et "corriger pour rire" des copies de bac : la personne qui devait les corriger pour de vrai mettait presque systématiquement la même note que moi à +- 1 point près, ce n'était pas mes vieux souvenirs qui m'ont permis de juger ces copies avec une certaine justesse mais ...
--> ce que j'ai tiré de ces copies : déjà on croule sous les copies faites sur un recto-verso, rédigées dans une langue qui semble parfois s'approcher du français mais qui reste difficile à décrypter.
Ensuite si on prend les copies qui ont fait l'effort (l'an dernier ce fut un scandale puisque c'était sur le contrôle continu et nombre d'élèves ont rendu un torchon voire rien) : en quelques secondes tu sais si l'élève se pose des questions. La bonne ou très bonne copie n'est que très rarement mirobolante, au lycée les élèves sont à poil et je dirais qu'assumer cette nudité est ce qu'il y a de plus sain. Les colliers de
nouilles citations, ça fait sourire car presque toujours hors propos. Dans la plupart des copies moyennes ont voit l'élève passer sans arrêt du coq à l'âne sans lien et coller une citation bidon pour masquer le manque de logique.
Conseils :
1 - Comme dirait Mercotte : "Lisez bien la recette" --> lire le sujet, interroger chaque mot : ex) "Le politique doit-il être juste ?" (j'invente). Typiquement l'élève moyen (ça se retrouve très tard en fac aussi, faut pas s'inquiéter) se jette sur "politique" et "juste" et en général passe à côté du truc essentiel qui fera la différence : "le" et "doit". Parce que notre cerveau va chercher la facilité (qu'il confond avec l'efficacité) et des cas où le politique est semble-t-il juste sans se demander ce que signifie ce "le" : on va souvent partir sur "la politique" ou "la personne politique" etc. en se disant que c'est pas essentiel. Donc on finit par un sujet qui est "l'homme politique est-il parfois juste ou est-il vraiment aussi méchant que le bonhomme Orangina ?" avec une thèse Mandela / antithèse Bachar / Synthèse Merkel.
2 - Quand on a bien lu son sujet, on fait une intro qui annonce fièrement : "j'ai lu mon sujet et je vais me demander pourquoi LE et pourquoi DOIT". Et là en principe on passe crème : c'est quoi "le", c'est comme "exercice" ou c'est comme "concept" ? (les deux mon capitaine peut-être) et alors comment passe-t-on (exemple) du concept (ou de l'idée) à l'action ? Et Devoir ? c'est pas en rapport avec une articulation morale / politique ? (pourquoi pas, c'est une voie possible) Et puis si je raccroche morale à action, y a pas un truc sur le champ de cette action parce que du coup entre l'individu et le corps social c'est pas toujours pareil...Je brode, les chemins sont multiples, il faut en choisir un ou deux, et tenir ses idées en laisse.
3 - Si on a des références c'est encore mieux mais ce n'est jamais déterminant.
4 - Le correcteur aime sentir un cerveau au travail : et le travail du cerveau c'est "je me pose une question, je me pose deux questions, je ne trouve pas la solution mais je propose une piste de solution". La sincérité d'un cerveau qui bute sur la question est toujours remarqué et remarquable.
5 - Les exemples concrets, je dirais pourquoi pas mais attention à la maladresse, la philosophie est un exercice de la raison qui vise le général (ou l'universel selon l'ambition) même si elle n'est pas hors sol.
Donc en conseil absolu : je prends le temps de définir les mots du sujet et je tire la ficelle de ce travail dans mes développement. J'ai l'image de ma fille devant sa boîte à formes : elle prend le cube dans sa main, le regarde, analyse que c'est un cube et cherche la forme correspondante sur la boîte. On fait pareil avec le sujet : on prend les mots dans son cerveau, on les observe, on se demande bien pourquoi ce mot et pas un autre.
Si l'intro fait état de ce travail, le lecteur est bien disposé et le reste va bien se passer. Et bien-sûr écrire en français !!!
Ensuite en commission de secteur, les profs vont comparer les moyennes, le rectorat va annoncer qu'ils doivent les monter de 4 points pour atteindre les 95% d'admis exigés par le gouvernement, certains profs vont monter de 4 points les mauvais, d'autres vont mettre la prime aux meilleurs. C'est la partie coup de bol
