
Comme je le précise dans mon texte de présentation, je suis un scientifique dans l'âme et ma confiance s'oriente naturellement vers la seconde thèse. Pourtant, je n'arrive pas à me reconnaître pleinement dans la description scientifique – fut-elle rigoureuse – du haut potentiel. Cette idée selon laquelle on aurait défini une catégorie qui n'aurait pas de réalité au-delà de sa propre définition me paraît déjà étrange mais ce n'est pas tout. Je vois un paradoxe dans le fait que la science nous dise qu'être HP, c'est être « très intelligent » et rien d'autre, alors que nombre de personnes se découvrent appartenir à cette catégorie à bords flous par d'autres chemins que la voie intellectuelle. Pour ma part, j'ai été, très tôt, affectueusement traité « d'extra-terrestre » par mes proches. On retrouve cette expression et d'autres termes similaires dans de nombreux témoignages du forum. Ces dénominations, parfois utilisées intuitivement bien avant que la notion de haut potentiel ne soit même connue, semblent traduire quelque chose de plus général qu'une simple différence intellectuelle.
Une première solution à ce paradoxe ressenti serait que les différences non-intellectuelles hypothétiquement dues au haut potentiel, quoique communes, manqueraient trop de constance d'une personne à l'autre pour être saisies par la méthode scientifique. La quantification objective d'une grandeur est plus aisée et moins sujette à débat que l'identification d'un comportement écologique particulier, d'un trait de caractère ou d'une caractéristique psychologique dont les contours peuvent être flous et en partie arbitraires, avec une reproductibilité faible du fait de nombreuses interactions avec l'environnement, distinctes pour chaque individu. Dans ce cas, il serait permis de se demander si l'impossibilité d'identifier des différences de façon rigoureuse est pour autant la preuve de leur non-existence. Je ne suis néanmoins pas convaincu par cette explication car les mêmes causes produisant les mêmes effets (toutes choses étant égales par ailleurs), les scientifiques devraient être capables – en théorie du moins – de saisir de telles différences systématiques et cohérentes, mêmes faibles et bruitées, liées au haut potentiel.
Une seconde solution, qui a ma préférence pour le moment mais pourrait demeurer impossible à prouver, est qu'il n'existerait effectivement pas du tout de différences propres au haut potentiel, hormis celle qui le définit, mais qu'il existerait tout de même des spécificités, des singularités, potentiellement différentes chez chaque personne, induites par le haut potentiel. En clair, il serait impossible de lister des généralités au sujet des personnes HP mais chacune d'entre elles porterait bel et bien des « particularités HP ». L'explication pourrait être que, au-delà d'un certain seuil de QI qui pourrait lui-aussi dépendre en partie des individus, l'interaction de l'intelligence avec les autres caractéristiques de la personne pourrait produire des effets visibles spécifiques. L'avantage de cette hypothèse est qu'elle expliquerait naturellement une certaine convergence dans les singularités supposées des personnes HP (les mêmes causes produisant les mêmes effets, bis !), sans ignorer toutefois la diversité psychologique qui existe clairement dans le « groupe HP ».
Bonus pour conclure, une analogie (qui a ses limites comme toutes les analogies) : la taille
