
Parce que la pensée positive, c'est partout, c'est beau, ça déborde des magazines féminins (enfin à en croire les couvertures, perso j'en ouvre jamais faut pas pousser non plus).
Et puis ça contamine beaucoup de monde "il faut positiver" devient un vrai leitmotiv depuis quelques années je trouve.
Mais bon. Moi la pensée positive, pour le dire clairement, en ce moment ça me gonfle. Genre violent.
Dans mon entreprise c'est THE credo : "il faut être positif", "on n'aime pas la négativité", "tout est possible quand on y croit", "ça va marcher".
Ça parait beau MAIS : le moindre avis du style "ce qu'on nous a demandé était trop ambitieux vu le temps imparti" ou "OK mais il va falloir choisir entre le nouveau projet et ce qu'on devait déjà faire cette semaine" a tendance à ne pas être franchement entendu, voire complètement ignoré. Genre "j'ai ça et ça et ça....et ça et ça à faire, qu'est-ce qu'on priorise ?" => "essaye de faire un petit peu de tout chaque jour pour avancer" => 9 fois sur 10 ça finit en "on a fait 50% de ça qui était urgent et 10% des autres trucs, rien n'est fini". Je ne parle même pas des trucs que je vois capoter dès la première réunion et qui finissent invariablement par me retomber dessus à la fin avec pertes et fracas. Quand j'exprime mes craintes généralement on me sert "ok alors on va faire comme ça {insérer ici une solution simple qui ne marchera pas}, tu vas voir tout ira bien".
Autre exemple, lors du montage de mon dossier de financement pour ma formation ma chef d'équipe m'a beaucoup soutenu, ce qui est cool (ils n'ont bien sûr pas que des défauts là où je bosse, ils sont très ouverts à ce genre de choses).
Mais pour chaque détail qu'il a fallu régler elle était toujours en mode "ne t'inquiète pas, ça va marcher, j'en suis absolument sûre, ton dossier va être accepté".
J'ai fait tout ce que j'ai pu pour mon dossier, je sais que je ne pouvais pas faire franchement plus. Mais il a quand même été refusé. Deux fois. Shit happens.
Du coup l'implication émotionnelle était énorme, et la chute d'autant plus dure (surtout la première fois, la deuxième je m'étais quand même moins monté la tête). Je me suis sentie comme absolument naze, ça a été très dur de soutenir le regard médusé des quelques collègues au courant du truc qui étaient tous convaincus dur comme fer que je ne serais plus là en Avril.
Perso je pense que si le discours avait été "super, tu as fait tout ce qu'il faut, tu as mis toutes les chances de ton côté", en prenant en compte qu'on ne maitrise absolument pas les impératifs de l'administration (qui ne sont pas illogiques, c'est juste qu'on pas savoir la limite de leur budget ou leurs critères de priorisation, c'est normal), ça aurait été plus facile à gérer de mon côté.
Ensuite il y a tout ce qu'on voit dans la société actuelle : tous les commentaires du style "positive un peu ça ira mieux", "des fois il suffit de s'en battre les couilles", "lâche du lest", "tout ça s'est du passé n'y pense plus".
Tous ces commentaires qui ne m'ont servi à strictement rien pendant des années, à part me laisser m'enfoncer dans une culpabilité énorme.
Oui car souvent dans ce genre de discours, quand ça marche pas, bien souvent la seule réponse c'est "tu n'as pas été assez positive", "essaye de changer c'est simple", mets-y un peu du tien".
Raccourci facile donc, ça marche pas, c'est de votre faute, c'est pas la méthode qui pêche, non non surtout pas.

Et je vois aussi le cas chez des proches ayant des gros problèmes, qui vont à une conférence sur "le bonheur en 30mn", en ressortent tout ragaillardis en disant "une vraie leçon de vie, tout va aller mieux maintenant", et qui faute de suivi adéquat retombent encore plus en dépression deux mois après.
À noter qu'il y a pas mal de monde qui exploite très bien ce magnifique cercle vicieux et qui prennent allègrement 90€ de l'heure pour vous aider à ouvrir vos chakras de positivité. Et qui répondent exactement comme ça aux mécontents. Les mêmes qui vous disent que les psys ne servent à rien et coutent trop cher. Cherchez l'erreur.
Bon bref, perso j'ai trouvé le soutien psy nécessaire et je cherche à quitter mon entreprise pour me reconvertir ailleurs car elle ne me convient plus, mais je me pose des questions. Ce n'est pas parce que je change de domaine et d'entreprise au passage que je vais forcément tomber sur mieux.
Donc à votre humble avis est-ce que c'est une tendance générale dans le monde du travail et/ou dans la société en général ? Ou est-ce qu'on peut quand même trouver des variantes selon là où on tombe ?
Si vous êtes dans un milieu où ça se passe différemment j'aimerais avoir vos retours.
Et aussi si vous trouvez que j'exagère franchement dites-le, après tout c'est pas exclu que ça vienne de moi, je suis peut-être le mouton noir qui ne réagit pas comme les autres, peut-être que ça marche pour le reste des employés mais qu'ils n'ont pas le mode d'emploi pour moi.
Par contre j'aimerais des arguments un peu sérieux et pas juste de la poudre aux yeux
