Bulle d'o a écrit : ↑sam. 17 avr. 2021 13:06 Oui je partage assez sur le plan humain ce que tu dis.
Tu me fais un peu peur, là. D'autant que même si le sujet n'a pas été posté dans la section "délirium", les réponses, pour le moment, ne me frappent pas par leur sérieux.
Si je dois l'être un peu, sérieux, je dirai que la faim n'a pas les mêmes causes partout dans le monde, et ne prend pas non plus les mêmes formes.
Elle peut être liée à la captation des terres arables par les grands groupes agro-industriels, qui limitent la place laissée aux cultures vivrières.
Elle peut être due à une situation de conflit qui limite l'accès aux ressources - faute de pouvoir cultiver, ou parce que les produits des cultures sont confisqués, tout ou partie, par les belligérants.
Elle peut être causée par le dérèglement climatique - dont les conséquences - la difficulté d'accès à l'eau en particulier - peuvent aussi provoquer ou exacerber des conflits locaux, lesquels auront à leur tour les répercussions exposées ci-dessus.
J'en oublie sans doute.
Dans le premier cas, réduire la place des monocultures passerait par une limitation, ou par une régulation, de l'activité des grands groupes dans les pays concernés - grands groupes qui ne font après tout que produire ce que nous consommons massivement, que nous ayons ou non été induits à consommer les produits en question, ou que nous en ayons ou non clairement conscience. Grands groupes qui me paraissent par ailleurs suffisamment puissants pour ne pas se soumettre de sitôt aux injonctions d'instances internationales dont le pouvoir m'apparaît souvent symbolique.
Dans le second, la résolution des conflits grâce à l'intervention de coalitions étrangères au nom du maintien de la sécurité des populations soulève quelques problèmes diplomatiques, sinon éthiques - sans même parler du risque que ces interventions ne règlent rien du tout. Il paraît que ça se voit de temps en temps.
Dans le troisième cas, sauf à espérer en une prise de conscience globale à très court terme, immédiatement suivie d'une monumentale avalanche de décisions audacieuses, d'innovations technologiques indiscutablement vertueuses et de coups de bol comme c'est pas permis, je ne vois pas bien.
Ensuite, on pourra arguer que, le progrès aidant, la dénutrition, dans certaines zones où elle sévissait autrefois, recule au profit d'une malnutrition nouvelle formule : les gens ne meurent plus de faim, ils meurent de bouffer des palanquées de merde produite loin de chez eux. Mais ils n'ont plus faim.
Donc, pour répondre à la question de départ : "Comment stopper la faim dans le monde ?", je passe mon tour. Je crois qu'elle est structurelle, parce que nous appartenons à une espèce de connards rapaces et bornés, quoi que nous puissions inventer pour nous dissimuler l'évidence.