Les livres dont vous êtes le héros... Le goût de la fantasy, les jeux de rôles, les peintures de figurines... J'ai été sorti du même moule.
Sauf pour le métal, par contre. Cette discussion était réellement intéressante et enrichissante, merci à tous. Jusqu'à présent je n'avais pas vraiment saisi cette notion de subversion et de recherche de l'innovation, du décalage, de l'exploration des chemins de traverses. Je m'excuse d'ailleurs, PointBlanc, pour avoir accolé l'adjectif "rude" à Portal sur le fil du QI musical. Après, c'était un ressenti sincère. Un excellent ami, métalleux de son état, m'avait expliqué que le métal est une musique nécessitant une sorte d'initiation, un passage à franchir, une découverte pour passer au-delà des apparences et qu'une fois que c'était fait, chacun pouvait ensuite trouver son bonheur dans le sous-registre qui lui correspondait le plus, sans nécessairement être touché par chacun de ces registres. Et dans mon cas cette initiation n'a jamais eu lieu. Je pense que ce besoin d'initiation préalable est l'un des principaux freins à l'expansion grand public du métal, son absence dans les Victoires de la Musique cité plus haut, par exemple. Sans avoir d'abord fait l'effort d'entrer dans le style, le chaland est vite choqué. Et l'un dans l'autre ça n'est pas excessivement étonnant, si c'est vraiment l'un des buts recherchés. Mais je ne sais pas jusqu'à quel point il serait souhaitable pour le métal en règle général de basculer dans une récupération médiatique, avec tous les travers que cela comporte, en termes de tentation d'une trahison de sa propre intégrité artistique notamment.
D'autant que ce qui est certain pour moi, c'est la qualité humaine de la communauté des métalleux. De tous les groupes sociaux que j'ai pu fréquenter c'est très clairement cette communauté qui porte le mieux des valeurs élémentaires comme le respect, la bienveillance, la sincérité et le courage individuel. J'ai pu le voir lors d'embrouilles de rues, en particulier. Et je me souviens d'une soirée, invité par cet ami métalleux, où j'étais avec ma copine de l'époque. Un très grand appartement, une cinquantaine-centaine de personnes que nous ne connaissions pas. Et à un instant mon amie vient me voir, paniquée. "On a volé mon sac, je ne le retrouve pas". Je l'ai rassurée, il n'a pas été volé, pas dans une soirée métal. On a cherché et effectivement, quelqu'un avait simplement déplacé son sac en hauteur, sans doute pour éviter de marcher dessus. Peut-être que les habitués du milieu me détromperont mais c'est réellement quelque chose que j'ai constaté et qui est pour moi un fait acquis, cette prédominance des valeurs morales élevées. Ce qui est étonnant, c'est le décalage entre l'image extérieure des métalleux, porté par l'esthétique, le nom des groupes ("Brutal Sphincter"

), la violence sous-jacente qui semble se dégager des cris, de la musique, des paroles, des pochettes, etc. Et l'aspect profondément doux, simple, sincère et humain des gens.
Je n'ai pas fait le Hellfest, mais j'étais passé au Download Festival un jour, pour voir les Foo Fighters (et The Hives !
ils ont mis le feu, concert exceptionnel, mais je me demande encore ce qu'ils faisaient là) et c'est le festival le mieux organisé que j'ai pu voir, celui où les participants se tenaient le mieux, étaient les plus propres, respectueux de l'environnement collectif et disciplinés, même en comparaison des festivals "écolos" façon We love Green. Pour tout cela, à mon sens, les métalleux méritent un réel respect.
Sur l'aspect purement musical par contre, j'avoue être rarement touché par les groupes donnés généralement en référence, Avenged Sevenfold, Nightwish, Cradle of Filth, Iron Maiden, etc. Pourtant j'ai essayé plusieurs fois, sur plusieurs chansons. En fait, j'ai remarqué une tendance qui me dérange souvent : les types sont d'excellents musiciens, réellement excellents, de purs techniciens de leurs instruments. Mais justement. Cette tendance à la virtuosité et à la démonstration technique peut avoir tendance à oblitérer
l'émotion. Trop de technique, et souvent une technique froide, glacée, démonstrative. J'apprécie le jeu, la performance, j'admire le glissement frénétique des accords mais ça ne me touche pas, ça ne me fait pas vibrer intérieurement, je ne ressens pas ce frisson de l'art que je cherche dans la musique. Pink Floyd est mon groupe de référence, souvent je cite Gilmour comme l'un des meilleurs guitaristes du monde. Et j'ai reçu beaucoup de moqueries de la part de métalleux, en retour

Sauf que... Ok Gilmour n'enchaîne jamais dix-huit accord en treize secondes et demi. Mais... Gilmour pourrait jouer une simple gamme, en y mettant tout son cœur, sa lenteur et son vibrato et il serait capable de me faire pleurer toutes les larmes de mon corps. C'est en ça qu'il est, pour moi, l'un des plus grands guitaristes vivants. Et c'est un défaut récurrent à mes yeux, dans le métal, cette prédominance accordée à la technique sur l'émotion.
Et puis la double pédale

je ne m'y ferais jamais. Si l'un de vous a des idées sur le sens et le rôle de la double pédale, je suis très curieux de comprendre.
Pour finir en chansons, je ne sais pas exactement ce que ça vaut pour les connaisseurs mais ces deux musiques ont souvent tourné dans mes playlists
Within Temptation — Mother Earth
https://www.youtube.com/watch?v=reGlno9aUpw
Dark Tranquility — Wonders at your Feet
https://www.youtube.com/watch?v=DtkvTfzS6AM
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Et dans les classiques, en métal progressif ou à la lisière :
Steven Wilson — Harmony Korine
https://www.youtube.com/watch?v=TtTSA8mr6kQ
Tool — Forty Six and Two
https://www.youtube.com/watch?v=GIuZUCpm9hc