Vaste question...
Pour moi, les seuls qui pourront décider si la technologie est un progrès, ce sont les humains.
Je suis d'accord que la technologie, à la base n'est qu'un outil. Seulement, si l'on considère les appareils connectés, l'intelligence grandissante des robots, téléphones et autres machines, rentre-t-on encore dans la classe outils ?
À chaque fois qu'on évoque ce coté deshumanisant, je repense au film Wall-E, qui est pour moi bien plus qu'un film pour enfant mais un avertissement. Car dans ce film, les humains ont été asservis à la technologie. La technologie fait tout, anticipe leurs besoins, leur fournit tout avant même qu'ils aient à le demander, les préservant ainsi du moindre effort. Mais de la même façon, elle leur a enlevé leur esprit critique, leur esprit d'analyse, leur envie de "faire". Or c'est avenir là pourrait très bien ne pas être qu'une fiction.
Cependant, il suffit de voir ce que la technologie peut apporter à des personnes en difficultés, à des personnes handicapées, aux malades, pour se dire que l'évolution technologique peut être une grande grande avancée dans l'histoire de l'humanité. Et ne soyons pas démago : même pour les bien-portants, ceux qui n'ont pas de problème particulier, la technologie nous apporte un confort de vie que peu aujourd'hui seraient prêt à abandonner.
Je pense que l'on fait face aux mêmes questions et aux même dilemmes que nos grand-parents, arrières-grands-parents, au moment des révolutions industrielles. Dirait-on aujourd'hui que ça n'a pas été un progrès ? Peut-être que ça nous paraît plus important car cette nouvelle révolution technologique est beaucoup plus rapide et que les gens n'ont pas le temps de s'y "habituer". Mais comme toute évolution, il faut faire attention à la direction que l'on souhaite prendre. Et je regrette que nos dirigeants ne soient pas plus informés ou qu'il n'y ait pas plus de discussions avec des personnes compétentes, philosophes, juristes, scientifiques, utilisateurs lambda... sur ces sujets.
Concernant les limites à y apporter, j'ai envie de dire qu'il faudrait peut-être définir plus précisément ce qu'on entend par technologie, quel niveau de granularité. Un exemple qui me vient : les google glass. Est-ce que "google glass" en soi, est une technologie, ou est-ce la technologie est ce qui les compose (caméras, réseau wifi, capteurs divers et variés).
Pourquoi je pose la question ? Parce qu'à mon sens l'utilisation de google glass en tant que tel
(c'est féminin ou masculin google glass
) devrait être encadrée comme l'est celle du téléphone, et peut-être plus. La liberté d'utilisation, ok. Malheureusement, je ne suis pas suffisamment bisounours pour penser que chacun fera une utilisation mesurée et responsable des googles glass. Tout comme il y a des créti*s qui conduisent en regardant un film sur leur tablette, il y aura des créti*s pour conduire avec leurs google glass, ou pour les utiliser sur la voie publique à des fins plus que douteuses. Du coup, je suis pour une étude éthique sérieuse et réfléchie sur la législation autour des google glass. Par contre, les composants en eux mêmes sont utiles pour beaucoup d'autres applications qui, elles, me paraissent justifiées et utiles. Voilà pourquoi je sépare les niveaux de granularité.
Quand à la liberté d'utilisation et le fait de ne pas décider de ce qui est bon pour toi, tel que tu l'évoques Sphax, je suis à la fois d'accord et pas d'accord. Pour moi la liberté ne se résume pas à "est-ce que c'est particulièrement dangereux pour soi et/ou pour les autres". D'une part, parce que si on part de ce principe, on ne devrait même pas restreindre ce qui est dangereux pour soi mais pas pour les autres : Après tout, tu décides de ce que tu fais de ta vie. Du coup, pourquoi interdire la consommation de cocaïne par exemple ? Pourquoi interdire de se balader nu dans la rue ?
Je suis pour une liberté individuelle, bien évidemment, mais je pense qu'il ne faut pas oublier qu'on vit en société. Qu'on le veuille ou non, pour qu'une société fonctionne, il faut un certain nombre de règles. Pour moi, les lois restreignant les libertés doivent se faire aussi pour le bon fonctionnement de la société. C'est un réglage très fin entre liberté individuelle et fonctionnement de la société, les deux partis étant parfois en contradiction.
Cela dit, j'ai peur qu'on s'éloigne un peu du sujet.
Pour conclure, et sur un aspect très nouveau et très sujet à débat : les robots, drones et autres bestioles mécaniques autonomes. Il y a des projets qui sont menés pour réfléchir à l'éthique des agents autonomes. Je connais notamment Ethicaa (
http://ethicaa.org/) mais je suis sure qu'il y en a d'autres. Une recherche approfondie sur cette page peut aider :
http://cordis.europa.eu/projects/home_fr.html
Never tell a young person that anything cannot be done. God may have been waiting centuries for someone ignorant enough of the impossible to do that very thing.
- John Andrew Holmes -