J’ai fini par terminer ce livre aujourd’hui. J’hésitais presque à mettre ma conclusion dans le fil de Jean-Louis, mais j’ai finalement fait le choix de rester dans la logique du titre et de son lien avec le fil. Peut-être ai-je tort.
Le Dr Judson Brewer parle d’une confusion fréquente entre excitation et joie, ce qui rendrait confus, de fait, la reconnaissance de ce qui nous stresse avec ce qui nous excite. Notre boussole intérieure serait ainsi quelque peu inopérante ou mal adaptée, et ce d’autant plus que notre système d’apprentissage depuis l’enfance est vite calqué sur le circuit qui réveille la dopamine, le circuit de la récompense. En cela, bien le connaître est important. Il nourrit en effet les comportements d’approche comme d’évitements = renforcement positif pour obtenir une récompense, ou négatif afin d’éviter une punition.
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Pour le Dr Judson Brewer, muscler notre circuit de récompense de manière inadaptée n’est pas totalement inutile même si c’est contre-productif et crée un comportement d’addiction. En effet, le jour où cela lâche, ou la lassitude arrive, la conscience de cet état de fait et le réveil ou la reconnexion avec notre boussole va permettre de nous mettre en route vers autre chose. La force trop brutale qui peut empêcher de réussir, qui peut nous faire chuter car source de stress peut commencer alors à se transformer. Une souplesse peut enfin émerger, permettant alors l’arrivée progressive de la résilience. L’excitation comme source de bonheur ne fonctionne plus et le cerveau se met alors en position d’apprendre.
Pour lui, l’entraînement à la pleine conscience est un outil d’antirésistance parmi d’autres (même si lui en est très convaincu. Donc si vous êtes allergique à la méditation, ne lisez pas le livre, même s’il n’est vraiment pas dogmatique).
Il propose cet exercice en 3 parties afin d’explorer et non en vue d’atteindre certains résultats. Il s’agit toujours de se mettre en observation afin de ne pas rentrer dans le circuit.
- combien de fois par jours réagissons-nous en prenant les choses personnellement ? Y a-t-il une contraction interne dénotant un craving ou un attachement ?
- quel est le poids du fardeau, et donc notre degré de contraction ?
- enfin combien de temps le portons-nous?
Il conseille d’explorer les mêmes mesures pour voir la progression dans ce qu’il appelle le lâcher-prise, pour lui défini comme l’opposé de la réactivité. Cette façon de faire est pour lui un entraînement en vue d’utiliser au mieux la boussole intérieure permettant ainsi de s’orienter face au stress comme à son contraire, mais en sachant que cela ne va mener
nulle part en particulier.
En conclusion :
Ce médecin pratique lui-même la méditation depuis très longtemps et en tant que scientifique s’est intéressé à son cheminement, sa propre transformation également d’un point de vue expérimental. Il a étudié le bouddhisme de façon pointue, mais je ne l’ai pas trouvé dogmatique, pas non plus hyper « américain happy Life »

. J’ai apprécié sa façon de raconter ses expériences, son cheminement, son angle de réflexion. Il propose un chemin plus que « des recettes qui marcheront forcément », j’ai apprécié également cela. Bon, vers la fin il parle bien de l’application qu’il a créé...

mais elle n’existe pas en français. Alors ça limite...
J’ai trouvé également le livre bien fait, car chaque chapitre évoque certes des addictions qui peuvent sembler « légères » mais en fait, progressivement, la question de ce circuit se retrouve toujours et c’ est bien analysé. Un schéma prend forme peu à peu et le fait que l’addiction est ainsi un problème complexe sur ce chemin pourtant dont le noyau peut paraître « simple » est bien illustré.
Je ne suis pas familière des livres sur ce sujet, je n’ai donc pas de comparaison possible. Par contre, j’ai apprécié de pouvoir faire des liens récurrents avec la question de l’apprentissage en tant que pédagogue. Et vers la fin, d’ailleurs, il a mis quelques extraits d’un article qu’il a écrit avec un psychologue sur les « Avantages psychologiques d’une reconceptualisation de la pratique musicale comme pratique de la pleine conscience » que j’ai vraiment apprécié. Je vais voir si je peux le trouver via le net, et tenter une traduction par un ami professeur d’anglais pour mes collègues. Par ailleurs, il a participé aux conférences TEDX, également, pour info. Enfin, la postface du livre est de John Kabat-Zinn lui-même.
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