Hello,
Ça fait longtemps que j’avais envie d’essayer un
caisson d’isolation sensorielle (ce n’est pas moi sur cette vidéo

), et ça a été mon cadeau d’anniversaire. Il y a une dizaine de jours, j’ai donc plongé dans un de ces caissons, tout nu et avec des bouchons d’oreille, pour une séance d’une heure. Le fonctionnement, en gros : le caisson est une sorte de baignoire à couvercle, avec une lumière à l’intérieur. Il est rempli d’une eau hyper saturée — en sels ou autres, je ne sais plus — pour avoir une densité qui rappelle celle de la mer morte, densité qui permet de flotter très facilement. La température de l’eau est réglée à la température extérieure de la peau (34°C et quelques) pour que son contact se fasse oublier. La lumière à l’intérieur du caisson est normalement éteinte quand la séance commence mais un utilisateur peu rassuré peut la laisser allumée. De même, une personne claustrophobe peut laisser le caisson entre-ouvert en mettant une cale bloquant sa fermeture complète. Dans le modèle que j’ai testé, le début de la séance est accompagnée d’une musique de type
Nature & Découverte, qui s’estompe après cinq minutes pour laisser l’explorateur plongé dans l’isolement sensoriel total. Elle ne revient qu’à la fin pour gentiment signaler l’heure du retour. Au final, on ne voit rien, on n’entend rien, on ne sent rien, on ne touche rien, on n’entend rien : cinq sens sur cinq, le compte est bon.
Pourquoi aller dans cette boîte ? Dans mon cas par curiosité, mais aussi pour tenter l’expérience reposante ultime, loin du parasitage des sens, voire partir à la dérive tel un yogi chevronné. Pas de claustrophobie ni de crainte particulière dans mon cas, j’ai donc pris la complète : œuf, jambon, fromage, porte fermée et lumière éteinte.
Au début, la musique m’a ennuyé. J’avais hâte qu’elle se termine pour me laisser profiter de l’expérience, qu’elle parasitait totalement. Ces cinq premières minutes m’ont paru longues. Enfin, elle s’est tue et là…
Et là ben j’étais à poil dans de l’eau et dans le noir. Déjà il m’a fallu du temps pour me stabiliser. On flotte dans une mini piscine, et si on bouge un orteil on crée des perturbations qui créent des vagues, et les mouvements de l’eau nous rappellent qu’on est en train de flotter sur du liquide et non dans le vide. Il faut donc atteindre l’immobilité totale pour que l’eau stagne et ne plus ressentir ses mouvements. Malgré cela, je sentais encore son contact, une légère fraîcheur : soit ma peau est un peu plus chaude que la moyenne, soit l’eau n’était pas à la bonne température. Côté isolation phonique, avec le caisson et les bouchons on est bien, il n’y avait que mes acouphènes pour me déranger mais ça, faut faire avec. Si on produit des bruits (plif, plouf, prout, « allô ? ») on les entend, étouffés, mais puisqu’il faut se tenir parfaitement immobile on est censé être silencieux. L’obscurité était complète et je pouvais au choix fermer les yeux ou les ouvrir, pour le même résultat. Je n’ai pas noté d’odeur particulière dans le caisson, il devait bien sentir le plastique ou un truc comme ça, sans compter l’odeur de l’eau ou de ma peau mouillée, mais je ne les ai pas notées. Bref, passé un temps d’adaptation pour trouver le rythme qui va bien, quelque chose d’inattendu a commencé à se produire.
J’ai commencé à me faire chier. J’avais reçu comme consigne de ne pas bouger, d’écouter mon cœur en respirant profondément. La respiration, j’ai maîtrisé. Mais je n’ai jamais réussi à entendre mon cœur, pourtant je suis à peu près sûr qu’il battait. À la limite, si j’avais été fatigué, j’aurais pu piquer un chouette roupillon, mais ce n’était pas le cas. J’ai essayé de faire le vide dans mon esprit, chose que j’arrivais assez bien à faire lors de courts instants de « méditation » précédant certains entraînements d’arts martiaux, mais là ça n’a pas donné grand-chose. J’étais rapidement et systématiquement ramené à l’instant présent. Je suis resté conscient du temps et je pouvais dire, à quelques minutes près, depuis combien de temps j’étais dans mon sarcophage. Quand la musique signalant la fin du « voyage » est arrivée, j’étais prêt et je l’attendais. Je suis sorti, j’ai pris ma douche, me suis rhabillé et je suis sorti de la cabane.
N’étais-je pas assez concentré ? Ou bien est-ce que le voyage mental que l’on m’avait vendu n’était que du pipeau
new age ? Je pense que c’est une expérience similaire à la méditation et qu’il m’aurait fallu plus d’expérience en la matière pour apprécier la chose. Ça m’a donné envie de m’essayer à la méditation. Les témoignages d’expérience extra-corporelles, en caisson ou ailleurs, je n’y crois pas une seconde. Je pense que c’est un bon outil contre le stress, pour se reposer. J’éprouvais une certaine lassitude physique en sortant, tout en étant bien détendu, mais dans mon esprit j’avais un sentiment d’échec. Je me suis dit que j’aurais été aussi bien à m’allonger, sans dormir, sur une couverture sur l’herbe, sous un arbre, dans un coin calme. J’étais accompagné d’une autre personne qui est passée après moi, je n’ai pas commenté mon expérience pour la laisser vivre la sienne et c’est seulement ensuite, en partageant nos retours, que nous avons constaté une expérience similaire.
Bref, l’idée de le tester me plaisait, la séance elle-même m’a passablement ennuyé et je ne suis pas sûr de vouloir le refaire un jour. Je serais curieux d’avoir le retour d’une personne s’y connaissant en méditation ou ayant eu une meilleure expérience avec ces caissons.