En lisant certains posts, je réalise que je n'éprouve pas ce besoin ou cette envie viscérale de porter la vie, de donner naissance. Pourtant, je suis actuellement dans un parcours de PMA, avec un projet de parentalité solide, minutieusement préparé afin de pouvoir accueillir un enfant dans les meilleures conditions. D'un côté, j'ai pu être rassurée sur nos capacités physiques, psychologiques, affectives, et matérielles à accueillir un enfant, mais de l'autre côté, l'angoisse demeure à l'idée d'être enceinte. Je me suis donc posé la question de savoir si j'ai réellement envie d'être parent, et la réponse à cette introspection est complexe. J'ai compris que mon angoisse provient de mon enfance, et n'est donc pas liée à la situation présente, ni à moi, ni à mon compagnon. Je ne parviens pas à mettre cette angoisse de côté afin de pouvoir analyser mon désir de porter la vie, s'il existe. Du coup, il y a, en même temps, une angoisse et un désir, le tout mêlé à l'idée de parentalité. En définitive, au fond de moi, je sais que je serai heureuse d'une grossesse, de porter la vie, et je suis également certaine que je serai un bon parent, mais je sais aussi qu'il est loin d'être certain que ce projet soit réalisable.
L'idée que ce projet n'aboutisse pas m'a beaucoup angoissée et attristée. Je parviens tout juste à entrevoir un autre avenir, sans enfant, après en avoir parlé avec mon compagnon. Cette éventualité m'attriste encore, mais j'essaye de dédramatiser, de me dire qu'il demeure ce très beau "nous", et qu'il ne faut pas vouloir toujours plus, d'autant que ce "plus" ne dépend pas de ma volonté *.
En ce qui concerne le désir d'enfant lui-même, n'étant pas capable de démêler ce qui vient de moi de ce qui vient de mon passé, je me fais confiance, je fais confiance en mes qualités humaines pour être un bon parent, en ma capacité à aimer, et je m'en remets à mon corps et à la médecine pour décider pour moi si j'aurai un enfant ou pas.
Cela paraît sans doute étrange de planifier un projet de parentalité sans désir viscéral de porter la vie, du moins sans la capacité d'identifier ce désir à travers l'angoisse provenant du passé, mais j'ai le sentiment que c'est une bonne décision, une décision juste pour tous, y compris et surtout pour l'éventuel enfant à naître parce qu'il sera accueilli dans l'amour. Finalement, pour moi, la condition première pour planifier une grossesse n'est pas le désir viscéral de porter la vie (je ne sais pas ce que c'est que de ressentir cela), mais la capacité à être de bons parents, la capacité à aimer, à protéger, à éduquer dans la bienveillance, et à être toujours présent-e pour notre enfant. Cette foi en ma capacité d'être un parent aimant n'était pas une évidence pour moi, car les images associées à la parentalité sont négatives, douloureuses, angoissantes, et même violentes. Il m'a fallu comprendre que ces images n'ont rien à voir avec moi, et cela n'a pas été facile ni évident, et je travaille encore là-dessus avec mon psychothérapeute.
En fin de compte, il m'arrive de faire le parallèle entre le choix de mon compagnon et le choix de la parentalité (si celui-ci se réalise), c'est-à-dire un choix qui se base autant sur la raison que sur les sentiments (et en utilisant la raison pour analyser les sentiments, démêler ce qui vient de moi de ce qui vient des autres ou du passé), et qui ne comporte pas en son sein de "coup de foudre" ou, en l'occurrence, d'un "désir viscéral de porter la vie". Je ne sais pas si c'est bien ou pas, c'est juste ainsi pour moi.
* je viens de lire le post de Napirisha :

