Publier or not publier, that is chiant

[pairlapinpin]

Salut,

J'écris mal, mais j'aime ça.
J'ai osé lire un texte de mon cru à des personnes l'autre jour, et ils ne m'ont pas ri au nez.
J'ai osé publier un autre texte dans la foulée, et ça a été plutôt bien accueilli par mon entourage.
Pourtant, je trouve encore que ce que j'écris est médiocre, pas travaillé (le travail !), et que, finalement, même si j'y prends plaisir, même si j'ai envie de partager mes écrits, il y a comme une grande naïveté à passer à l'acte. Le monde est peuplé d'écrivains à la plume agile (combien de posts, ici, imposent le respect, je ne compte plus), pourquoi encombrer l'Internet d'écrits pour le moins perfectibles ?
Bien évidemment, je m'offusque devant ce rejet. C'est la peur qui parle, me dis-je, et il faut aller au-delà de la honte possible, ce terreau des regrets, et agir, semer ces graines d'expérience que le lecteur fera pousser de son côté, à sa façon, et qui donnent du sens, ou augmentent le sens, de l'acte d'écrire. Ok, ok, mais ça reste bien minuscule, et d'un style ridicule.
Cet écartèlement classique, ce narcissisme obsédant, ça me gonfle.

Je vous demande pas de me dire quoi faire, mais, vous, qui osez ou n'osez pas publier, comment vivez-vous ce moment de l'exposition à l'autre et du dessaisissement de son « œuvre » ?

Et sinon, ça va toi ?

[Livingstone]

Je vais être limitrophe offtopic, mais pas tant que ça.
extrait :

J'écris mal

et il faut aller au-delà de la honte possible, ce terreau des regrets

Excuse-moi, mais je note une incohérence dans ton post :


Tu le dis drôlement bien, que tu crois que tu écris mal...

edit (reformulation).

[PointBlanc]

Je vous demande pas de me dire quoi faire, mais, vous, qui osez ou n'osez pas publier, comment vivez-vous ce moment de l'exposition à l'autre et du dessaisissement de son « œuvre » ?

Il me semble qu'on se dessaisit de son œuvre dès le moment qu'on considère un texte comme achevé.
De sorte que le moyen de ne jamais s'en dessaisir est de le conserver indéfiniment en chantier.

Pour moi, je n'ai pas de problème à donner à lire ce que j'écris, même par extraits.
D'abord parce que c'est quelque chose que j'aime faire et dont je sais que je le fais bien, en tout cas relativement. Disons que j'ai été suffisamment lu pour être rassuré sur le résultat de mon travail ; je n'ignore pas non plus le temps que j'y passe, ni l'exigence que j'y mets.
Ensuite, parce que je vois justement cela comme un travail, quelque chose que je fais en somme : il n'y a là-dedans rien d'important pour autrui, rien de si important pour moi non plus. C'est une succession de réponses très circonstanciées à des questions anecdotiques, un peu comme le récapitulatif d'une partie d'échecs. On peut prendre ça, le rejeter, le lire distraitement, s'en enthousiasmer pour de mauvaises raisons, avoir mal compris les questions, les réponses.

Je n'ai pas le sentiment de me dessaisir de quoi que ce soit au bout du compte. Je ne m'identifie pas à mes textes. Je veux au contraire arriver au plus près du point où je pourrais les lire comme s'ils étaient d'un autre, et pour moi cela passe par un travail de mise à distance par la langue. Je n'écris pas pour être vu, compris ou connu d'autrui.

[Pimprenelle]

vous, qui osez ou n'osez pas publier, comment vivez-vous ce moment de l'exposition à l'autre et du dessaisissement de son « œuvre » ?

J'écris, très peu pour l'instant, et ai osé "publier" des petits textes trop longs pour la première fois ici...
J'ai risqué AVC, infarctus, rupture d'anévrisme, crise aigüe de spasmophilie (je garde pour moi le reste des symptômes peu ragoûtants... ).

il n'y a là-dedans rien d'important pour autrui

Et j'ai réalisé que cela n'empêcherait pas la terre de tourner, le soleil de briller, la pluie de tomber, l'eau de couler, le vent de souffler, les feuilles de pousser, les oiseaux de chanter, le chat de miauler, la fourchette de piquer, l'aspirateur d'aspirer,...

Je peux mourir rassurée !

[Obsidian]

J'ai été """écrivain""" il y a quelques années. Ça a duré quoi... 6 mois ? Un an ? Je me souviens même plus x)
J'avais commencé sur les conseils de ma prof de français qui trouvait que j'avais réellement un "sacré talent" (et moi, de répondre, en auto-dérision, me pensant incapable de quoi que ce soit : "oh bah oui, c'est connu, je suis vraiment hyper balèze". C'est son regard, sa réaction à ma dernière phrase qui m'a retourné et m'a fait cogité jusqu'à ce que je me lance).

Finalement, je me suis inscrit sur un forum d'histoires d'horreur (Creepy Pasta from the Crypt, "creepypasta" étant un néologisme venant de l'anglais "copy paste" et "creepy", faisant référence aux histoires horrifiques que l'on se partage sur le net). Je me souviens avoir un peu paniqué à l'idée de poster ma première histoire, et de la mettre comme ça, à la vue de tous, prête à se faire juger par trouze million de personnes, novices comme confirmées.
Finalement, j'ai eu de la chance, j'ai plutôt bien réagit aux quelques critiques que j'ai eu sur mes textes (alors qu'en général, je prends assez mal les commentaires qu'on me fait. J'ai rapidement l'impression d'être un gros naze x) ). Mais je pense que les conditions ont participé à leur acceptation. Je m'entendais super bien avec beaucoup de personnes du forum, je m'y sentais bien, complice. En plus, on se parlait via internet, donc leurs regards me touchaient clairement moins que si j'avais lu mes écrits à haute voix (mon dieu, le stress rien que d'y penser )

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Pourtant, je trouve encore que ce que j'écris est médiocre, pas travaillé (le travail !), et que, finalement, même si j'y prends plaisir, même si j'ai envie de partager mes écrits, il y a comme une grande naïveté à passer à l'acte. Le monde est peuplé d'écrivains à la plume agile (combien de posts, ici, imposent le respect, je ne compte plus), pourquoi encombrer l'Internet d'écrits pour le moins perfectibles ?

Aussi étonnant que ça puisse paraitre, c'est maintenant que je ressens ça. Après avoir eu le courage (ou l'insouciance ?) de publier une dizaine de textes sur le net, je me sens incapable d'écrire quoi que ce soit. J'ai encore les idées, mais lorsque j'ouvre un nouveau doc Celtx (c'est mon petit logiciel pour rédiger mes histoires, je n'utilise rien d'autre. Un genre de tic, routine, tout ce que vous voulez), les mots qui sortent me paraissent vides de sens, d'émotions. J'ai envie de marquer les gens. J'ai envie d'écrire quelque chose de grandiose, qui fasse chavirer les coeurs, pleurer de joie ou de tristesse ! Mais ma plume semble bien enfantine... Et relire les commentaires positifs de mes précédents textes ne m'aide pas à retrouver ce sentiment que j'avais à l'époque.

En somme, je me sens un peu bête, je fais le chemin inverse qu'un écrivain parcourt habituellement, et je n'arrive pas du tout à m'en sortir. Je n'ai pas écrit depuis... 3 ou 4 ans.

Un jour peut-être...

[Elhora]

Arfff!!

Grande question.
Point blanc, tu me scotches... Et du coup, qu'écris tu? Je suis intéressée par l’exercice d'arriver à, je cite "je veux au contraire arriver au plus près du point où je pourrais les lire comme s'ils étaient d'un autre, et pour moi cela passe par un travail de mise à distance par la langue." C'est très loin de mon fonctionnement. Du coup, intéressant! Mais tu as une bonne maîtrise des mots et cela t'es acquis, pour être en capacité de faire ça?
"Je n'écris pas pour être vu, compris ou connu d'autrui." C'est intéressant. Mais alors, pourquoi écris-tu? Transmettre une idée? Te détendre? Un peu comme si tu construisais un château avec des allumettes?

Pairlapinpin : Je te comprends. Vraiment. J'adore écrire, j'ai une vraie passion pour l'écriture et j'écris depuis toute môme. Pour autant, je ne pense pas avoir un style extraordinaire ni une merveilleuse maîtrise des mots (j'aimerais bien cela dit, mais on ne choisit pas ) Du coup, je me suis lancée sur un forum d'écriture. J'ai eu des bons retours et d'autres plus négatifs. J'ai tâché surtout d'en faire quelque chose, d'avancer à partir de là et de ne pas m'écrouler complètement parce qu'un de mes textes se faisait lapider. (Bon c'est vrai qu'une fois, on m'en a tellement mis plein la tête que je n'ai plus écrit une ligne pendant trois ans. Mais je n'aurais pas dû accorder autant d'importance aux critiques. Que celui qui ose te dire : "Arrête d'écrire et mets toi à la poterie" soit conspué pour toujours! L'écriture se travaille, comme la couture ou la cuisine ou la poterie! )

Je crois que ce qui est important n'est pas tant de te lancer que de savoir que tu aimes écrire, que tu veux écrire. Il y a des gens qui apprécieront tes textes et d'autres qui détesteront. Et c'est une bonne idée d'aller sur des forums d'écriture (comme Obsidian) et de sympathiser avec les gens avant, comme ça, ils s'efforceront d'avoir un regard bienveillant un minimum.

J'espère que tu t'es lancé et que tu as eu des bons retours.

[PointBlanc]

Bonjour Elhora,

Et du coup, qu'écris tu?

En ce moment, rien. Tu peux trouver quelques échantillons de ce que j'écris ici.

C'est très loin de mon fonctionnement. Du coup, intéressant! Mais tu as une bonne maîtrise des mots et cela t'es acquis, pour être en capacité de faire ça?

Je comprends mal ta question : pour ce que j'en saisis je répondrai que je maîtrise assez les mots pour tenter d'écrire selon ce principe, mais pas assez pour être satisfait du résultat.

Mais alors, pourquoi écris-tu? Transmettre une idée? Te détendre? Un peu comme si tu construisais un château avec des allumettes?

Surtout pas transmettre une idée : je crois de moins en moins que la littérature puisse changer les certitudes de qui que ce soit et fasse autre chose que prêcher à des convaincus.
S'absorber alors, plutôt que se détendre. Comme on dessinerait avec une minutie inutile ou comme on sculpterait de petits objets exprès pour s'épuiser. La comparaison du château d'allumettes me convient bien

[Elhora]

Merci pour ta réponse Point Blanc

Je ne peux malheureusement pas lire ton texte parce que je n'ai pas les autorisations (c'est ce qui s'affiche quand je clique sur le lien. C'est sûrement parce que je viens d'arriver.) Je le lirais dès que je pourrais

Ma phrase n'était pas très claire ( "Du coup, intéressant! Mais tu as une bonne maîtrise des mots et cela t'es acquis, pour être en capacité de faire ça"). Ce que je voulais dire (partant du post de Pairlapinpin) c'est que je présupposais que tu devais être confiant dans tes qualités d'écriture. Mais tu m'expliques que ce n'est pas du tout ça, plus une capacité à mettre de la distance et à te concentrer sur cette tâche (l'écriture) que tu te donnes à réaliser.

Je comprends. Je suis incapable de faire faire ça mais je trouve ça très intéressant. Ca me plairait de pouvoir aborder l'écriture d'un texte en me disant que je suis l'architecte d'un "chateau en allumettes" cela allierait plaisir, concentration, détente et fierté quand on a fini!

Je te rejoins sur le fait qu'on ne peut pas convaincre quelqu'un mais uniquement confirmer et étayer une pensée qu'il aurait déjà. Peut-être peut-on éventuellement informer une personne qui serait curieuse d'un sujet tout en ignorant ses tenants et aboutissants. Cependant, je n'écris pas non plus pour faire passer des idées.

Bonne journée.

[Nej]

J'ai les mêmes craintes que vous ! Et elle s'accroît chaque jour. Rien que pour publier un message ici, c'est la cata ! La preuve, c'est mon tout premier message, après m'être présentée
Je rêve constamment. Alors pour extérioriser ce qui se raconte dans ma tête, j'écris. Mais je ne suis pas très douée, alors j'écris pour moi.
Par contre, je n'arrive pas à partager... Je suis très à l'aise à l'oral, mais moins à l'écrit...

Je crois que le meilleur moyen de se débarrasser d'une peur, c'est de l'affronter. Plus facile à dire qu'à faire, mais faut bien essayer

[soazic]

Bonsoir,

je suis là dedans également, ce qui m'a aidée:
- un draftquest l'an passé, sorte d'atelier d'écriture sous la forme d'un Mooc. Avec des exercices à faire sur nos propres textes et la construction d'un projet (piloté par David Meulemans et Martin Winckler). On est lu et on doit lire les autres. Cela m'a beaucoup aidée et m'aide encore ( je suis loin d'avoir fini, deux projets en construction). Il pourrait être reconduit cette année, je l'espère!! Etre critiqué, avoir les avis, s'encourager, c'est ce qui me manquait -j'ai un blog mais sur un blog on passe, on ne lit pas tout et donc point de critique. Mais le blog est un bon endroit pour poser ses mots de manière anonyme.

- le logiciel Scribbook, gratuit, qui permet de structurer. Là on est tout seul par contre (enfin presque il y a une page fb et le concepteur est dispo, un luxe!) mais c'est je trouve un bon outil.

[Sanael]

Personnellement je trouve que tu écris vraiment très bien !

J'ai toujours été attiré par les mots, les assonances et autres rimes me plaisent. J'ai découvert que je n'étais pas une tanche pour l'écriture lorsqu'en première ES notre prof de français (qui avait fait l'ENS et que je mettais sur un piédestal) nous a demandé de rédiger une introduction à notre anthologie de poésie.

Dans la voiture pour aller chez mes grands-parents paternels (5h de route grosso modo) je me suis lâché sur mon portable et j'ai pondu un texte que je trouvais minable. Au final, il m'aurait valu une des meilleures notes de la classe (bon par contre c'était la mauvaise version du texte ).

Ce qui m'avait fait du mal à l'époque, c'est lorsque j'avais fait lire ce texte à mes parents et à ma sœur qui sont assez fan de littérature. Ils m'ont demandé si c'était bien moi qui avait écrit ce texte, et ils ne me croyaient pas. Bon au final, je ne suis pas trop nul en persuasion, donc ils ont compris et m'ont félicité. Mais breeef, j'adore écrire.

Je ne pense pas avoir une belle syntaxe ou grammaire, je fais pas mal de fautes d'orthographe (moins à l'ordinateur grâce au correcteur évidemment) mais ce sport m'anime de temps à autres.

Concernant la peur de publier, je ne la connais pas, fruit de ma jeunesse ou simple je m'en foutisme qui me caractérise, je ne sais pas. Mais j'ai publié un article de blog par jour pendant un peu plus de 30 jours sur le site Medium, qui est très bien pour le partage de connaissances je trouve.

Mon intuition me dit qu'il faut oser, parce que regretter de ne pas avoir fait quelque chose à 80 ans est je crois le pire des sentiments.