A la fac, j'avais tendance à dormir pendant les cours tout en copiant scrupuleusement ce que disait le prof. Passées les premières minutes, une sorte de train-train s'installait dans la voix et le rythme de parole qui avait tendance à m'hypnotiser, ma main passait en mode robot et moi je m'évadais. Lorsque les étudiants bougeaient comme un seul homme à la fin du cours, je ressentais le même sursaut qu'au réveil le matin. J'avais tout noté mais je ne pouvais pas dire quoi.
Au piano, on peut également lire de manière globale, mon prof appelait cela des empreintes. Ce sont des accords connus que l'on a appris au solfège et que l'on retrouve si régulièrement qu'il n'est plus nécessaire de détailler toutes les notes pour pouvoir les jouer. On les reconnaît au premier coup d'oeil. Ca permet de déchiffrer un morceau très rapidement, en fonction de la tonalité, on s'attend plus ou moins au type d'accord que l'on va rencontrer.
Au cours de chaque apprentissage, le réflexe normal consiste en une analyse lente et détaillée de son avancée vers l'inconnu. J'avais lu quelque part l'expression "vision tubulaire" (pour la lecture) parce que l'on est tellement attentif à chaque élément qui se présente que l'on ne voit pas le texte dans son ensemble, le champ de vision est réellement rétréci. Et puis au fur et à mesure, on mémorise des schémas qui permettent d'anticiper, d'établir des liens avec ses propres connaissances, on prend du recul et on commence à voir la scène de manière plus globale et plus large. Si on maîtrise vraiment le sujet, je pense que l'on peut faire autre chose en même temps : lire et écouter de la musique, conduire et oups... !

Mauvais exemple. Sinon euh tricoter et regarder la TV
