Judas Bricot a écrit : ↑lun. 6 août 2018 14:34Le test révèlera tes points forts (il y en a) et tes points faibles (il y en a certainement aussi). C'est très instructif. Par contre, de là à dire si tu es plus intelligente que l'un ou l'autre de tes collègues de promo... je ne sais pas si cela sera possible!
Le QI total, en outre, n'est pas toujours calculable si ton profil est hétérogène et il n'a qu'une valeur indicative (indices de confiance à prendre en compte).
En dépit de la réserve prudente avec laquelle il convient effectivement de l'aborder (ou plutôt : en tenant compte des limites), le test me semble avoir pour intérêt de contribuer à rendre les choses un peu moins subjectives, sous réserve qu'il soit l'une des composantes de la consultation en psychologie, et non le but en soi. Ladite consultation aurait pour vertu de te situer par rapport à cette notion de douance de manière un peu plus précise, ou plus modestement, de manière un peu moins imprécise. Ceci en évitant le côté "blanc ou noir" auquel pourraient laisser penser les distinctions de type "inférieur ou supérieur à cent-trente", "hétérogène ou homogène", "calculable ou non calculable".
Je concède qu'en écrivant ceci, je suis un peu en train de ramener les choses à moi. En l'occurrence, j'avais abordé la chose avec une prudence à la limite de la méfiance, prudence qui fait que si la psychologue a fait preuve d'une certaine assurance à mon endroit en me "diagnostiquant", je continue pour ma part de penser non pas que je suis objectivement et définitivement une personne surdouée, mais plutôt que la douance est jusqu'à présent la description la moins douteuse qui m'ait été proposée.
J'espère que tu me pardonnera la dernière tirade égocentrique (et pourtant je ne suis pas dans l'informatique

) : j'ai consulté parce que j'ai rencontré des difficultés et qu'une partie de mon entourage m'a rappelé qu'on m'avait souvent collé l'étiquette de "précoce" au cours de ma lointaaîîneuh jeunesse. Après avoir résisté tout ce que je pouvais au moyen de mon scepticisme bien ancré, j'ai sollicité un bilan psychologique "le plus complet possible s'il vous plait Madame" dont le but plus ou moins avoué était certes de valider ou d'invalider cette histoire de douance, mais aussi, si l'hypothèse avait été finalement écartée, d'avoir un autre diagnostic.
Ceci pour dire, même si je ne peux à l'évidence me mettre dans ta peau, qu'à mon avis tu pourrais tirer quelque avantage d'une consultation bien menée, débouchant dans le meilleur des cas sur une confirmation ou une infirmation de la douance d'une manière moins vaseuse, plus argumentée, et moins influencée que les impressions des autres étudiants par ce biais que constitue leur obsession de la comparaison et de l'émulation. Et qui, dans le pire des cas (si aucun bilan ne peut être tiré dans l'immédiat) te permettra peut-être tout de même de savoir si c'est bien autour de cette notion de "douance" qu'il convient de creuser ou non.
Quant aux assertions de tes coreligionnaires...
Hypothèse bienveillante : admettons qu'il y ait un "nid" de surdoués dans le coin. La passation du test en question, au moins, et des entretiens l'accompagnant (mais je sais que certains font passer un test de QI "sec" sans autre forme de procès), aurait dû leur donner le sens de la mesure, et la prudence de ne pas se sentir légitimes pour savoir qui est surdoué et qui ne l'est pas. À vrai-dire j'ai plutôt de connaître une majorité de gens, chez les "surdoués avérés", que cette notion d'arborescence laisse perplexes ou dubitatifs (moi, elle m'indispose

), que de gens qui l'assument. De là à jouer les apprentis-sorciers il n'y a qu'un pas : on pourrait en effet imaginer le cocktail détonnant que cela fait, quand on y ajoute l'esprit de compétition stérile que tu décris dans la formation. Crier sa douance sur les toits (ce qui d'emblée me semble plus rare chez le commun des mortels que la réaction inverse consistant à ne pas en parler) peut tout aussi bien servir à survivre dans le panier de crabes, qu'à savoir pourquoi on ne sait plus ou ne veut plus rester dans ledit panier. À vrai-dire, je ne sais pas si j'aurais su réagir sainement à un diagnostic si je l'avais reçu pendant l'enfance, l'adolescence ou les premières années d'études supérieures, au lieu d'avoir attendu la quarantaine ; mais il est vrai que je n'ai jamais eu à affronter pareille ambiance.
Hypothèse moins bienveillante : le "contre-diagnostic" semble t'avoir été asséné avec tant d'assurance et peut-être de suffisance, que je ne puis m'interdire de penser qu'il existe désormais, justement, énormément de bruit médiatique autour de la douance, et aussi... des tests (de QI et d'autres choses) sur internet et dans les magazines, tout un ensemble de pièges à gogos qui peuvent donner l'impression à certaines personnes de maîtriser le sujet. Que des gens fragilisés et peu informés, ou ayant besoin - consciemment ou non - de s'affirmer dans un milieu compétitif, s'emparent du concept pour se faire une carapace de légitimité plus ou moins solide, est un risque.
Je me rends compte que tout ceci est fort long, et que pour le début, j'ai paraphrasé en plus verbeux le propos de Judas, auquel je présente des excuses... Ceci pour dire, au total :
Que le passage par la case "psychologue" n'est certes pas indolore (l'anamnèse, entre autres, étant une épreuve dont j'imagine que peu se sortent sans avoir mouillé quelques mouchoirs), et que la partie "test" s'avère stressante pour certaines personnes - et en plus ça coûte de l'argent ;
Que ce passage permet, sinon de s'abstraire totalement des impressions vagues des autres, tout au moins de diminuer tant qu'il est possible l'influence des biais divers et variés qui président à ce "diagnostic" à la va-vite, dont je ne doute pas qu'il puisse être amical, mais qui ne repose sur rien et te laisse dans un sentiment de doute. Le recours à un professionnel de santé ne donne, convenons-en, pas de certitude absolue dans ce domaine, mais réduit déjà le doute à une proportion plus vivable, ce qui est à mon sens un avantage non négligeable.
Hors-sujet
Pour finir, tout comme Chrissie je trouve la compétition scolaire aberrante : être le meilleur a certes un sens dans le cas précis des admissions par concours où le classement compte, mais ma propre expérience en prépa me ferait plutôt dire que commencer à se mesurer les uns aux autres avant le jour du concours proprement-dit ne sert qu'à se pourrir la vie et à se fatiguer inutilement au risque d'arriver sur les rotules au jour décisif... Et par ailleurs, je remercie les puissances bienveillantes des Cieux, de la Terre et des Enfers*, divinités puissantes qui président au destin des mortels, d'avoir fait que je ne me retrouve jamais dans une sociabilité essentiellement masculine, si la compétition est l'effet fatal du chromosome Y (ou, plus vraisemblablement, d'insupportables pesanteurs socio-culturelles).
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* tant qu'à remercier et à s'attirer la clémence des Dieux, autant viser large.