Ben… non, c’était pas trop de boulot, j’ai réorganisé avec plaisir ce que j’avais appris ces derniers mois. Juste quelques vérifs et de la mise en page !!
… Mais je me suis du coup lancée dans des explications un peu plus générales… que voici. Attention, la logorrhée est en route !
En dehors du Soleil, de la Lune et des phénomènes atmosphériques, qu’observons-nous dans le ciel exactement ?
Des étoiles, OK.
…
Surtout des étoiles. C’est-à-dire d’autres « soleils », de taille, masse, couleur et constitution variable.
Mais quelles étoiles exactement ?
Celles que nous distinguons à l’œil nu appartiennent toutes à la Voie Lactée, notre galaxie.
Mais ce n’est pas tout : nous ne discernons des étoiles que dans un rayon de quelques milliers d’années-lumière autour de nous, jusqu’à 12 000 pour de rares astres extrêmement brillants, alors que notre galaxie mesure environ 100 000 années-lumière (AL) de diamètre... Au-delà, il faut des optiques un peu plus balèzes que nos yeux.
La très grande majorité des étoiles visibles se trouve en fait dans une sphère d’environ mille AL. Et même en deça de cette distance, beaucoup restent invisibles (en particulier les naines rouges ou brunes, peu ou pas lumineuses, qui sont pourtant bien plus nombreuses que les autres).
Cela signifie aussi que le mythe selon lequel la majorité des étoiles que nous voyons sont mortes est totalement faux : l’image des plus lointaines d’entre elles ne met « que » quelques milliers d’années à nous arriver, et les étapes de la mort d’une étoile prennent plus de temps que cela.
Une étoile déjà morte nous donne donc, au moins, des signes avant-coureurs ! Quelques centaines d’années, pour une étoile, c’est presque du direct…
Ensuite, les étoiles peuvent être plus ou moins regroupées, ce qui permet de prendre des repères.
Certains sont des regroupements purement optiques, ce sont les
constellations - Orion, la Grande Ourse, etc. Les étoiles qui composent ces dessins, même si elles semblent parfois proches, sont en général sur des plans bien différents !
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Par exemple, Alpha et Bêta du Centaure (ciel austral), qui semblent « sœurs » par leur proximité et leur magnitude, se trouvent respectivement à 4 et… 525 AL de nous.
Et, bien que tout bouge dans l’Univers, à l’échelle humaine les mouvements restent négligeables. Au final, la cartographie céleste est restée quasiment identique depuis que les humains l’observent, à quelques exceptions près bien sûr… et avec un décalage, entraîné par la précession des équinoxes (hop, deux hors-sujets évités pour le moment !!).
Parfois aussi, ce sont de vrais regroupements : des
amas, des étoiles proches les unes des autres, liées par la gravité, comme celui des Pléiades qu'on peut repérer dans la constellation du Taureau, pas bien loin d’Orion.
Les Pléiades
Certains d’entre eux, d’ailleurs, sont si lointains qu’ils ressemblent à des étoiles à l’œil nu ; et ce n’est qu’en utilisant un instrument que nous pouvons découvrir leur constitution.
L’amas globulaire M13, Grand Amas d’Hercule, au télescope sans aucun doute !
Nous voyons aussi ce qui apparaît comme une traînée de nuages, qu’on appelle communément la
Voie Lactée, et qui est bien notre galaxie, vue de l’intérieur - ça peut sembler banal, mais j’ai déjà rencontré des gens très instruits qui l’ignoraient : ils vivaient en ville et ne l’avaient jamais remarquée.
A l’œil nu, impossible de distinguer chaque étoile, et c’est ce qui crée cet aspect nébuleux. Si nous nous ne retrouvons pas cette « brume d’étoiles » partout autour de nous, c’est parce que la galaxie a la forme d’une galette : c’est uniquement lorsque nous regardons dans la direction de la « tranche » que l’épaisseur et donc la densité d’étoiles sont suffisantes pour créer l’effet. Si l’on regarde vers les pôles galactiques, c’est-à-dire dans le sens de l’épaisseur, la galaxie ne mesure « que » quelques milliers d’années-lumière…
... et en prime, les étoiles Alpha et Bêta du Centaure dont il était question : ce sont les deux brillantes en bas sur la voie lactée !
… Mais à part ces étoiles voisines ?
Beaucoup plus proches de nous, il y a bien sûr les
planètes. Elles ne font que refléter la lumière du Soleil, mais elles sont si « proches » qu’elles en jettent plus que les étoiles !
Au fait, exit Pluton, qui a été déclassée de son rang de planète, mais c'est une autre histoire...
En prenant l’habitude d’observer le ciel, on comprend leur étymologie d’
astres errants : alors que l’on regarde au même endroit que d’habitude, un nouvel astre s’est invité, qui va plus ou moins vite changer de position au fil des jours.
Si vous voyez briller une étoile plus fort que Sirius (cf plus haut ^^), c’est sans aucun doute une planète :
Vénus,
Mars ou
Jupiter, voire
Mercure.
Saturne brille légèrement moins fort, et Mercure est en fait rarement observable, à cause de sa grande proximité du soleil. Plus loin,
Uranus est à peine visible, et
Neptune n’a été découverte qu’en 1846, en pointant un télescope là où des calculs basés sur les fluctuations de l’orbite d’Uranus avaient prédit l’existence d’une planète !
Parfois, on observe des
comètes, qui passent dans le voisinage avant de s’éloigner à nouveau sur leurs orbites très allongées autour du soleil.
Beaucoup plus souvent, à longueur de temps à vrai dire, des caillasses qui se désintègrent en pénétrant dans l’atmosphère : des
étoiles filantes bien sûr. Et pour les astéroïdes plus gros, des
bolides (c’est plus rare mais ça arrive, j’en ai vu deux ces dernières années).
Et des
satellites artificiels : certains sont parfois bien visibles, et d’autres nous envoient carrément de gros flashs en réfléchissant l’espace d’un instant la lumière du soleil : ce sont les flashs Iridium. Il faut juste regarder au bon endroit, au bon moment (ce que je n’ai encore jamais réussi à faire ^^).
Moins connues, les
nébuleuses : ce terme, bien nébuleux justement, désigne aujourd’hui des nuages de poussières ou de gaz interstellaires (auparavant, c’était le terme convenu pour tous les machins un peu flous et diffus).
Il en existe différentes sortes, qui peuvent résulter d’évènements bien différents et receler des contenus divers. Il peut s’agir des restes d’une supernova passée, d’un halo d’expulsion de gaz provenant d’une étoile mourante, d’une pépinière d’étoiles naissantes…
La nébuleuse d’Orion en mode badass
Certaines sont sombres, opaques : elles ne seront rendues visibles qu’en se détachant sur un fond clair (par exemple la voie lactée) ou par réflexion de l’éclat d’une étoile voisine. D’autres émettent leur propre lumière par ionisation des gaz.
Les variations de forme et de couleur sont innombrables, et parfois surprenantes.
La nébuleuse du Casque de Thor
Quatre d’entre elles sont visibles à l’œil nu dans de bonnes conditions - dont deux depuis la France : la nébuleuse d’Orion, et la nébuleuse de la Lagune dans le Sagittaire.
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Queuwa ?? me direz-vous, mais c’est n’imp, moi quand je regarde le baudrier d’Orion, c’est tout petit, tout flou et tout blanc ! Le ciel est donc aussi photoshopé qu’un mannequin de pub ?
… euh, on pourrait dire ça, mais en fait non. C’est un peu plus compliqué.
Certaines images astronomiques sont effectivement « truquées » au niveau des couleurs, pour faire apparaître des longueurs d’ondes invisibles (ultraviolets par exemple). Mais la plupart ne sont colorées que parce que la photographie « voit » des choses que notre œil ne décèle pas à cette échelle : en dessous d’une certaine luminosité, ce sont uniquement les bâtonnets, et non plus les cônes, qui font le travail sur la rétine. Et les bâtonnets bossent en noir et blanc !
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la Bételgeuse de ma photo d’Orion apparaît plus colorée que ce que nous voyons en réalité, pourtant je n’ai absolument pas retouché les couleurs. C’est pareil pour les nébuleuses, qui nous envoient moins de lumière encore. Un peu frustrant sans doute, mais c’est sans doute pour ça qu’on est vite tenté par la photo !
Ensuite, les photos astronomiques sont généralement une superposition de clichés identiques, desquels on soustrait des « noirs » pour réduire le bruit dû au capteur de l’appareil, et sont retravaillées un minimum ensuite. Au final, oui, on peut parler de retouches, mais celles-ci cherchent à coller au plus près à la réalité en éliminant les facteurs limitant de nos yeux et de nos instruments. A cette distance, comme vers l’infiniment petit d’ailleurs, la réalité, ce n’est plus tout à fait ce que nous voyons…
Et les autres galaxies alors ?
Celles-ci sont bien plus lointaines que nos étoiles… mais bien plus lumineuses aussi, puisqu’elles sont constituées de millions ou de milliards d’astres, ce qui peut nous les rendre observables.
La galaxie du Sombrero (M104), entre la Vierge et le Corbeau.
Dans l’hémisphère Sud, par temps clair et sans pollution lumineuse, deux petits nuages se détachent dans le ciel : il s’agit du Grand et du Petit Nuages de Magellan. Ce sont les plus proches galaxies visibles à l’œil nu

(d’autres plus proches ont été découvertes assez récemment, mais leur situation cachée derrière la voie lactée fait que nous ne pouvons les discerner – d’où leur découverte tardive, d’ailleurs).
D’autres galaxies, plus petites ou plus lointaines, nous apparaissent sous la forme de points lumineux semblables à des étoiles, comme la galaxie d’Andromède située dans la constellation du même nom, ou celle du Sombrero, donc. C’est seulement l’utilisation d’instruments optiques qui nous révèlera leur vraie nature… et nous permettra d’y observer étoiles particulières et nébuleuses étrangères à notre Voie Lactée.
... (abrège !!
)
Maintenant il faut bien avouer : l’observation du ciel à l’œil nu ou avec des instruments amateurs… ne dévoile en fait rien de véritablement spectaculaire ^^ !! Rien de comparable à la galerie de Hubble par exemple.
C’est vrai.
Ce qui est vraiment impressionnant, hypnotisant, ce sont les découvertes, les connaissances, les histoires et l’Histoire qui se sont accumulées autour de ce que nous voyons et qui est si lointain. La conscience des distances et des durées inimaginables du cosmos, et cet aller-retour permanent entre nous et les étoiles, ces entités si lointaines qui n’ont rien de comparable avec l’humanité, mais dont on peut soudainement se sentir si proches…
Et puis, n’en déplaise à St Ex, certes la majorité des étoiles et autres objets ne portent que de tristes lettres ou numéros, mais comme vous avez pu le voir jusqu’ici, on a quand même une belle collection d’appellations intrigantes, poétiques ou légendaires pour les saluer comme il se doit par leur petit nom 
Enfin, je ne peux que vous conseiller (ou plutôt vous reconseiller parce que je pense que j’ai déjà dû la coller ça et là) cette très bonne vidéo sur les distances dans l’Univers :
http://www.youtube.com/watch?v=OfwSELM8YDM
(C’est ce qu’on appelle un petit shoot à bon prix !)
Ah, et quelques outils ?
- Le logiciel téléchargeable gratuitement Stellarium est sans doute la référence pour visualiser le ciel de tel endroit à tel moment, et connaître les étoiles et objets du ciel profond observables.
http://download.cnet.com/Stellarium/300 ... 72276.html
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Pour les pas doués dans mon genre : les commandes sont toutes cachées dans deux volets escamotables contre les bords gauche et bas de la fenêtre ^^
- Vous pourrez aussi avoir l’usage du site
https://www.lightpollutionmap.info qui donne le niveau de pollution lumineuse partout sur la planète, et qui peut vous permettre de repérer les meilleurs sites pas trop loin de chez vous. Il faut savoir qu’à partir du jaune, c’est correct. Les photos que j’ai prises (Orion et la Voie Lactée) viennent d’une zone turquoise, et on peut considérer qu’on y a déjà une très bonne visibilité.