en faisant des recherches, j'ai vu que des livres que j'ai lu à ce sujet ont été cité sur le forum, mais je trouve dommage qu'il n'y ait pas de sujet dédié à ce domaine passionnant !
Le 1er que j'ai lu "Les émotions des animaux" de Mark Bekoff (qui a beaucoup étudié le chien, notamment l'appel au jeu) :

- Arguments en faveur des émotions animales ; raisons de leur importance
- Ethologie cognitive : intelligence et affectivité animales
- Les passions animales : ce qu'éprouvent les animaux
- Justice, empathie et fair-play : l'honneur chez les animaux
- Questions délicates : réponse aux sceptiques ; science et incertitude
- Choix éthiques : de l'usage de nos connaissances
«... C'est pourquoi je pose souvent cette question aux chercheurs qui mènent des travaux invasifs avec les animaux, ou aux personnes qui travaillent dans les fermes industrielles : "Feriez-vous la même chose à votre chien ? » (p 23)
« C’est bien parce que les animaux éprouvent des émotions qu’ils nous attirent ainsi. En l’absence de langue commune, les émotions sont peut-être le moyen le plus efficace pour établir une communication entre espèces. Nous pouvons partager nos émotions, nous pouvons comprendre le langage des sentiments ; c’est la raison pour laquelle nous tissons des liens sociaux étroits et durables avec beaucoup d’autres êtres. Les émotions sont le ciment qui nous lie à eux ; elles catalysent et régulent les interactions sociales chez les hommes et les animaux. » (p 52-53)
"Comme le rapportent Felix Warneken et Michael Tomasello, les enfants, dès l'âge de dix-huit mois, peuvent aider les adultes à retrouver un objet égaré. Les jeunes chimpanzés font de même. Cette étude apporte un élément très intéressant : ces petits enfants qui portent encore des couches et qui ne savent pas s'exprimer correctement, apportent leur concours à condition que l'objet leur semble indispensable à l'accomplissement d'une tâche quelconque. Si quelqu'un, par exemple, a perdu par mégarde un bouton de chemise, ils lui viendront en aide ; mais ils ne bougeront pas si cette personne l'a clairement et délibérément jeté par terre. C'est par le langage du corps que les enfants comprennent si quelque chose est utile, et ils ne proposent leur aide qu'en cas de besoin. (page 196)"
Et le 2ème "L'âge de l'empathie" de Frans de Waal (qui a beaucoup étudié les primates) :

« Ce qui m'amène au premier mythe illusoire sur notre état de nature, à savoir le fait que nos ancêtres gouvernaient la savane. Comment des grands singes bipèdes de seulement un mètre vingt de haut en auraient-ils été capables ? Ils vivaient sûrement dans la terreur des hyènes qui avaient alors le gabarit des ours, et des chats à dents de sabre, deux fois plus gros que nos lions. » (p 36)
« La vie sociale découle avant tout de la sécurité. Ce qui m'amène au deuxième mythe illusoire des origines : la société humaine est la création délibérée d'hommes autonomes. L'illusion, ici, est que nos ancêtres n'avaient besoin de personne. Ils vivaient dans l'indifférence. » (p 39)
« Le troisième mythe illusoire des origines veut que notre espèce ait guerroyé depuis son apparition sur le terrain. Dans les années 1960, à la suite des ravages de la Seconde Guerre mondiale, les humains ont été régulièrement qualifiés de "singes tueurs" - par opposition aux authentiques grands singes, tenus pour pacifistes. » (p 41)
« nous manquons de preuves de même nature (par exemple des cimetières avec des armes imbriquées dans de nombreux squelettes) attestant la réalité de la guerre avant la révolution agricole. » (p 42)
« Longtemps avant, nos ancêtres vivaient sur une planète à la population très clairsemée - deux millions d'individus en tout et pour tout. Sa densité ressemblait peut-être à celle des Bushmen, soit plus de vingt-cinq kilomètres carrés par habitant. » (p 42)
« Un nouvel axe de recherche passionnant étudie aujourd'hui les origines de l'altruisme et de l'équité, chez les humains comme chez les animaux. Si l'on donne par exemple à deux singes des récompenses d'une inégalité flagrante pour une tâche identique, le plus mal loti refuse tout bonnement de l'exécuter. Dans notre espèce également, les individus contestent leur part de revenu si la répartition leur paraît injuste. Comme tout revenu, quel qu'il soit, vaut mieux que rien du tout, ni les singes ni les humains ne suivent le principe du profit à la lettre. Lorsqu'ils s'insurgent contre l'absence d'équité, leur comportement confirme que les incitations comptent, mais qu'il existe aussi une aversion naturelle pour l'injustice. » (pages 16-17)
« Les individus s'empressent d'écarter une vérité qu'ils connaissent depuis l'enfance : oui, les animaux éprouvent des sentiments et ont le souci des autres. Comment et pourquoi cette certitude disparaît chez la moitié des humains dès que leur poussent la barbe ou les seins... » (p 196)
« Une petite proportion d'humains naissent avec une déficience génétique qui les rend ouverts à toute proposition et prêts à faire confiance au premier venu. Ils sont affligés du syndrome de Williams, une pathologie causée par la non-expression d'un nombre relativement restreint de gènes sur le septième chromosome. Les patients qui en souffrent sont d'une gentillesse communicative, extrêmement grégaires et incroyablement prolixes. Demandez à un adolescent atteint d'autismes ou de trisomie : "Et si tu étais un oiseau ?", vous n'obtiendrez qu'une réponse très succincte, mais un adolescent présentant le syndrome de Williams vous répondra : "Bonne question ! Je volerais dans l'air comme je veux ! Si je voyais un garçon, j'atterrirais sur sa tête et je gazouillerais !".
Même s'il est difficile de leur résister, ces enfants délicieux n'ont pas d'amis. C'est parce qu'ils font confiance à tout le monde sans discrimination et portent un amour égal à l'univers entier.
Nous nous écartons de ces personnes car nous ignorons si nous pouvons compter sur elles. Seront-elles reconnaissantes pour les services rendus, nous appuieront-elles si nous sommes pris dans une querelle, nous aideront-elles à atteindre nos buts ? Dans tous ces cas, la réponse est probablement négative. Autrement dit, ces personnes n'offrent rien de ce que nous recherchons chez un ami. Il leur manque aussi une compétence sociale de base : savoir déceler les intentions d'autrui. Elles ne présupposent jamais de mauvaises intentions.
Le syndrome de Williams fait partie des méchants tours de la nature ; il montre qu'être ouvert et confiant, ce en quoi ces patients excellent, ne suffit pas à créer des liens durables. Nous attendons des gens qu'ils fassent preuve de discrimination.» (p 246-247)
« Je crois en fin de compte que la répugnance à parler d'émotions animales est moins liée à la science qu'à la religion. Et pas n'importe quelle religion, mais celles qui prirent forme dans des régions caractérisées par une absence d'animaux qui nous ressemblent. Avec des petits singes et des grands singes à chaque tournant, aucune culture de forêt tropicale n'a donné naissance à une religion dissociant les humains de la nature. En Extrême-Orient - comme en Inde, en Chine et au Japon -, où elles sont entourées de primates indigènes les religions ne tracent pas de démarcations entre les humains et les autres animaux. » (p 300)
« Seules les religions judéo-chrétiennes placent les humains sur un piédestal, faisant d'eux la seule espèce dotée d'une âme. »(p 300)
« Même ceux qui reconnaissent que les humains sont un produit de l'évolution continuent de rechercher l'étincelle divine, l'"énorme anomalie" qui a fait de nous l'exception. Le lien religieux se voit relégué depuis longtemps dans le subconscient, pourtant la science poursuit sa quête obstinée d'un quelque chose de spécial dont nous puissions nous enorgueillir en tant qu'espèce. » (p 302)

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