Je me permets de remonter ce vieux topic car je suis en ce moment dans l’étude (totalement personnelle et subjective, j’en conviens) du MBTI. J’en profite pour tenter de la mettre en lien avec la douance.
Tout d’abord, je remarque souvent (et cela se vérifie sur ce post) que beaucoup de gens pensent qu’ils « changent de type » dans la vie et/ou selon les situations (souvent sur l’axe T/F). En réalité, il faut étudier le système plus en profondeur pour comprendre d’où vient cette impression et pourquoi il est techniquement impossible de changer de type.
Dans la typologie jungienne, les 4 lettres qui constituent un type sont très réductrices (et ça tout le monde l’avait compris) : elles désignent simplement un ordre de préférence des fonctions cognitives. Elles sont au nombre de 4 (S, N, T et F) et leur « classement » (déterminé par les axes I/E et J/P, faut bien qu’ils servent) constitue un système stable tout au long de la vie. Du moins, à partir du moment où la personnalité s’est construite, soit théoriquement à la fin de l’adolescence. La plus « haute » lettre du système représente le point fort, celle dont on a la plus conscience, alors que la lettre la plus « basse » est notre point faible et celle la plus enfouie dans l'inconscient. Par exemple, quelqu’un qui est « NF » aura des compétences « N » et « F » plus développées et utilisera ses compétences « S » et « T » (face cachées de son type) en secondaire. C’est-à-dire qu’il les différenciera plus tardivement dans sa vie et qu’il lui coûtera plus d’énergie de les utiliser. Cela ne l’empêche pas de les utiliser (ce serait embêtant quand même…), cela signifie que l’individu fournit un effort supplémentaire pour activer les zones de cerveau associées, car ces dernières sont naturellement moins performantes. Un peu comme quand on vous présente une épreuve matrices alors que vous avez deux écarts-types de différence entre votre ICV et votre IRP (en faveur de l’ICV) : vous pouvez réussir, mais il faudra vous creuser un peu les méninges. Par contre une épreuve de définition de concept, pfoulàlà quelle blague, où se cache le challenge nom de Dieu ?
Chaque fonction peut être orientée vers l’extérieur (extravertie) ou vers le monde intérieur (introvertie). Une fonction extravertie cherche plutôt la nouveauté, tandis qu’une fonction introvertie cherche ce qui est familier à l’individu, en associant l’information à son système interne (de souvenirs, d’images, de valeurs, de connaissances, etc.). Par exemple, la sensation extravertie s’écrit « Se » (c’est la spécialité de l’ESTP et de l’ESFP) et la sensation introvertie « Si » (c’est le point fort de l’ISTJ et de l’ISFJ). Les types avec une bonne « Se » (les SP) sont plutôt du genre à vivre au jour le jour et à vouloir tester de nouvelles expériences sensorielles (goûter de nouveaux plats, faire plein de sport, des arts plastiques, etc.) tandis que ceux avec une bonne « Si » (les SJ) sont des êtres nostalgiques, attachés aux traditions et à leurs habitudes. Les « Si » prennent les « Se » pour des malades mentaux qui foncent partout, tandis que les « Se » prennent les « Si » pour des coincés très très ennuyeux avec leurs règles restrictives. L’objectif du MBTI, outre une meilleure connaissance de soi, est de résoudre ce genre de conflit en prenant conscience du fonctionnement de l’autre. Soit apprendre à remplacer « Mais il est trop saoulant lui avec ses comportements X ou Y » par « Ah d’accord mais du coup il est comme ça parce que X et Y raison et c’est ainsi qu’il est heureux : je respecte cela ».
- J’entends souvent des gens me dire qu’ils ont changé de type au cours de leur vie. En fait, ces personnes confondent dans le cas présent « changer » et « évoluer/grandir ».
Exemple. Un ESTP (son stéréotype est l’action-man beauf fan de foot) sera un enfant fonceur, vivant dans l’ici est maintenant, car il est dominé par sa sensation extravertie, « Se » (Se = la connexion profonde à l’environnement, le concret, l’instant présent, l’action brute). En revanche, il prendra en vieillissant des traits similaires à son type opposé, l’INFJ (son stéréotype est le vieux sage mystérieux qui lit l’avenir dans l’aura des gens et l’ondulation des rideaux) : il ne sera pas devenu un INFJ pour autant, ce sera juste un ESTP qui aura éveillé ses fonctions cognitives « inférieures », en apprenant à prendre en compte l’avenir et la dimension spirituelle des choses. A l’inverse, l’INFJ aura l’air d’une vieille âme déjà tout jeune, à cause de son intuition introvertie « Ni » prédominante chez lui (Ni = la projection dans l’avenir, la vision qui conduit l’existence, les concepts, les images). Par contre, il aura tendance à beaucoup rêvasser, à être épuisé par le bruit, etc, car sa capacité de connexion à l'environnement et l’instant présent (Se) est sous-développée : en vieillissant, il va s’intéresser à des occupations plus terre-à-terre (comme le bricolage) et sera moins stressé par ce qu’il va se passer dans 57 ans (de toute façon il sera mort).
Les INFJ à mi-vie écrivent des témoignages sur leur blog (les INFJ adorent tenir des blogs, d'ailleurs ils écrivent beaucoup beaucoup... oui, je suis INFJ) qui ressemblent peu ou prou à « J’ai réussi à me connecter à l’instant présent à force de faire du yoga et de peindre des fleurs, je suis heureux d’avoir mûri pour pouvoir ainsi profiter de l’existence. », alors que les ESTP à mi-vie disent « Avant j’enchaînais les conneries, car je ne réfléchissais pas aux conséquences… Et puis un jour, en regardant des bonhommes en maillot courir sur une pelouse, j’ai eu une illumination. J’ai recraché ma bière et je me suis dit : Mais qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que je suis en train de faire ? A partir de maintenant, je vais devenir sage. »
Tadam. Vous noterez la logique implacable : plus on est ancré dans l’instant présent, moins on fait gaffe à l’avenir et plus on est un cérébral qui lit les astres et moins on prend garde à la couleur de la nappe. Et là je n’ai évoqué que leurs fonctions dominantes (la plus développée) et inférieures (la moins développée), le point culminant et le bas-fond de leur système de fonctions : entre les deux il y a les fonctions « auxiliaires » (développée durant l’adolescence) et « tertiaires » (développée vers 20-30 ans) pour agrémenter et rajouter de la profondeur à nos archétypes. Mais ce post sera déjà suffisamment long...
- Autre raison pour laquelle il serait impossible de changer de type : le simple fait de changer une lettre peut impliquer un changement d’orientation des fonctions du système (parfois du système entier !). Par exemple, un INFJ a pour système Ni-Fe-Ti-Se, tandis qu’un INFP a Fi-Ne-Si-Te : malgré leur ressemblance apparente, leur fonctionnement interne est extrêmement différent, ils n’utilisent pas du tout les mêmes procédés de réflexion ! Il me paraît donc absurde que quelqu’un puisse passer de l’un à l’autre parce que son axe J/P a bougé, ou encore dire « je suis un peu des deux ».
Je vais prendre un exemple plus concret : admettons qu’une personne pense être passée d’INTP à INFP. Je cite ce cas, car étrangement je le vois un peu partout et je le retrouve encore ici !
L’INTP est dominé par la pensée introvertie (Ti). Il est régit par un système logique interne. C’est un type très calme et rationnel, qui exprime peu d’émotions en temps normal. Sa fonction inférieure est le sentiment extraverti (Fe), soit la recherche de l’harmonie extérieure (être poli, facile à vivre, essayer d’éviter les conflits, deviner les émotions des autres. La fonction hippie en fait) : mister l’INTP est tellement tourné vers la logique qu’il en oublie de considérer les autres. Il manque de tact, prend ses décisions tout seul sans consulter personne -de toute façon les gens sont idiots et illogiques selon lui, etc. En prenant conscience de cela, l’INTP peut faire un travail sur lui et débarquer en soirée en disant « Salut mes petits chéris, je vous ai préparé des gâteaux et j’ai vraiment hâte de passer une super soirée avec vous <3 ». Ce sera effrayant pour ceux qui ont l’habitude de le voir cracher sur tout avec un air blasé, mais il peut, et ce sera toujours un INTP : mais juste un INTP qui utilise sa fonction inférieure. Généralement, l’INTP est doué pour les raisonnements abstraits et/ou logiques (les mathématiques, l’informatique, la philosophie…).
Prenons maintenant un INFP. L’INFP est dominé par le sentiment introverti (Fi). Là est le gros problème : Fi, ce n’est pas Fe. Fi connecte l’individu à son système de valeur : l’INFP est guidé par celles-ci et filtre le monde à travers elles en posant la question « est-ce bien ou mal ? ». Il recherche l’harmonie intérieure, en essayant de correspondre un maximum à son propre idéal (l’INFP est très exigeant avec lui-même moralement parlant). Fe lui, il s’en fiche que les choses soient bien ou mal : il veut savoir ce qui mettra tout le monde d’accord pour éviter le conflit (tant que cela ne dépasse pas une certaine limite, bien sûr). Et même si c’est mal de son point de vue, Fe ne se sentira pas personnellement offusqué, tant que l’opinion de l’autre ne met personne en danger (autrement là ça ne passe pas : l’harmonie extérieure est perturbée !). Le point faible de l’INFP est la pensée extravertie (Te), la fonction de la planification et du contrôle des gens et des situations : quand il est stressé ou fatigué, il peut devenir agressif et autoritaire. Les INFP sont souvent doués dans les domaines littéraires, linguistiques et artistiques, les sciences humaines et la psychologie. (Par contre j’ai jamais vu un INFP bosser aux experts comptables…)
Petite mise en situation : un INFP et un INTP se baladent dans la rue. Soudain, un intégriste sauvage apparaît et leur vomit un propos raciste. L’INFP va tout d’abord exprimer sa profonde indignation et puis tenter de convaincre l’intégriste qu’il a tort (pour le ramener dans le Bien, le droit chemin, parce que l’INFP sait très bien ou c’est : son cerveau y est directement connecté). Ses valeurs (Fi, alias la base de son identité) seront blessées, il entrera en état de stress et ripostera en faisant preuve d’autorité, de volonté de contrôle de l’opinion de l’autre (Te) pour rétablir la paix dans son petit cœur d’idéaliste. L’INTP, lui, va hausser les épaules et dire « Bah il est con, il est con, tu peux rien y faire. J’ai pas de temps à perdre à me fritter avec un abruti dans son genre. ». L’INTP n’accorde non seulement pas une grande importance aux émotions (c’est même la dernière de ses priorités), mais en plus il ne voit pas l’intérêt de les défendre, car il n’aime pas les conflits (Fe) et a une grande conscience de l’absurdité que représente la tentative de raisonner quelqu'un de très fermé d'esprit (Ti). On obtiendra de lui un soupir de lassitude et une courte réplique du type « Monde pourri ! », tout au mieux.
Bien entendu, n’importe qui peut adopter la réaction d’un autre type : nous ne sommes pas des robots et rien n'est totalement prévisible en nous (là est la limite du MBTI). Il s’agira de déterminer ce qui relève du comportement anecdotique ou de l’adaptation (les types rares comme les « INxx » sont connus pour porter des masques en société… alors s’ils sont surdoués en plus de cela, quel festival !) et ce qui relève du fonctionnement, de la vraie personnalité.
M’enfin… Un jour, j’irai vivre en Théorie. Ça doit être vachement cool et reposant la vie en Théorie.
Ah, du coup je me suis égarée et je n'ai même pas fait de lien avec la douance... Bon tant pis, ce sera pour une prochaine fois !
