Poétiquement vôtre

[Invité]

Mediocre odium, quos fortuna favit.

Impossible d'échapper à sa propre destinée.
Les eaux s'écoulent des sources vers les océans,
Et le cours de notre existence ne saurait reposer sur nos seules forces personnelles.

Nul n'a le pouvoir de changer le monde,
Et il revient à chacun de s'en accommoder du mieux qu'il peut.

Je suis ce que je suis,
Et les autres sont tels.
Quoi qu'il apparaisse,
Il n'y a point de faute.

Chacun, à sa place,
Danse dans le flot infini de l'illusion magique ;
Et la vie brève, fugitive, insaisissable,
Parfois amère jusqu'à la racine,
Parfois douce jusqu'au cœur,
Reste un trésor inépuisable.

[Invité]

À l'Aimée

Je ne t’aime pas d’un amour ordinaire,
Et même si nos corps se répondent,
Cela n’est pas la vraie réponse.

Même si je ne suis pas celui que tu attends,
Je t’offre ce que je possède, sans calcul et sans but.

Si je tends la main, ne cherche pas à la saisir,
Regarde, ô mon amie,
Ouvre les yeux,
Regarde bien,
Ma main ne cherche qu’à te montrer une trace ancienne,
Parmi les pierres froides et les herbes folles.

[Miss souris]

Hosen merci du partage. J'aime beaucoup. Le deuxième, je le trouve "juste" beau, le premier me parle beaucoup.

[nemo]

Dans le lacis chromatique de mes pensées fugaces
Elle m’agrippe et me lâche
Fascinante et sournoise.
Je l’observe ébahi que déjà elle s’efface
Derrière ses sœurs séduisantes qui défilent qui défilent
Et lui volent mes mots.
En mon cœur un sentiment s’embrase.
Le cerner à tout prix ou mourir un peu
J’attise, j’attise
Espérant qu’elle repasse
Mais ses sœurs défilent et confisque mes yeux
Mais ses sœurs défilent et les cendres menacent.

[madeleine]

Ça me plaît

[Invité]

Hommage à Nemo :

Dans le lacis des pensées,
Invisible, elle est là.
Je voudrais l’apercevoir,
Mais voilà qu’elle s’efface
Laissant ses sœurs défiler
Séduisantes et fugaces,
Dérobant les mots,
Trompant mon cœur ici-bas.

Un sentiment m’embrase,
La saisir, l’attraper à tout prix,
Quitte à périr dans cet embrasement.

L’embrasser…
Le feu de mon esprit attise
L’espoir qu’elle repasse.
Mais ses sœurs défilent,
Mais ses sœurs défilent,
Et jasent…
Et les cendres menacent.

Je me consume,
Et ne la vois pas.
Pourtant, elle est là.
Invisible, elle brille,
Flamme immobile,
Dans l'obscurité
Des cœurs aveuglés.

[PointBlanc]

L'extinction

Je déposerai mes yeux devant moi
Près de mes yeux ma langue
Et tout ce qui fait mon visage
Et toute ma peau
Serrée en un rouleau étroit

Puis je tirerai hors de moi
Chacun de mes organes
L'un après l'autre
En un long ruban couleur d'aube
Et avec eux me quitteront
La force et le souffle
L'esprit
Tout ce dont on dit que la vie est faite

Et chacun de mes muscles
Avec une patience neuve
Chacun de mes vaisseaux et de mes nerfs


Cela fera sur le sol à mes pieds

Comme un mandala fastueux dont je ne verrai rien
Cependant que mes os
Affaissés à l'écart
goûteront une paix
A quoi je n'aurai nulle part

[Invité]

Puisqu'il n'y a pas de séparation entre ce corps et Bouddha,
À quoi bon chercher [chanter] le nirvana ?

Dazu Huike (VIe siècle)

[dani]

Hors-sujet

PontBlanc....je sais bien que c'est Noël... mais ton texte file les boules

(Oui j'ai (mais si peu ) honte )

[sandrinef]

Merci Point Blanc pour ce partage. J'espère que tu nous en offriras d'autres.

[samjna]

Hors-sujet

PontBlanc....je sais bien que c'est Noël... mais ton texte file les boules

Faut pas avoir les foies puisque c'est la noelle !

Ce n’est qu’un flux de boules qui coule sur la schize,
Un long ver lent qui rampe en toute liberté
Sur un domaine sans bord et qui n’est pas strié:
Il est le sans-repère que nul Point n’apprivoise.

C’est une anatomie disant la foi en crise,
Où les choses ne sont que des viscosités
Qui se mêlent sans fin dans leurs éternités,
En une topologie que Spinoza maîtrise.

Dieu, issu de mon foie à l’odeur délicieuse,
S’écoule vers "mais si", mangé par des "je-nous",
Bons comme l’enfant Jésus au regard de lumière

Qui rassemble en vivant l’esprit et la matière.
Mais Nietzsche le dit mort ; d’autres boules se nouent...
Et deviennent des yeux pour agencer Deleuze.

( j'ai hésité entre "que nul Point n'apprivoise" et "que Point-Blanc réalise" )
https://fr.wikipedia.org/wiki/Corps-sans-organes

[dani]

Hors-sujet

Décidément... je vous aime vraiment beaucoup ... Joyeux Noëlle (car quand le vin est tiré il faut le boire), que c'est bon de vous lire, vous êtes merveilleux

[PointBlanc]

Hors-sujet

Héhé, Samjna

Je crois que ça te vaudra un retour de sonnet après la Nouelle, ça.

[Invité]

Sonnet de Noël

Les boules rondent
Et les chapons grassent
Les lumignons mignonnent
Et les sapins sapinent

Le foie est gras
L'huître gicle
Le cochonnet délaie
Et les cadeaux radotent

Le père farcit
La mère dinde
Et l'enfant paraît

Dans la ronde
Des grâces
Et des raies jouies
Voici venir Noël
Et le Saint-Esprit

[Invité]

allez un autre de saison :

Le temps,
comme une flèche ;
L'adolescence,
Un rêve.
Bouton, fleur, fruit,
Tarie la sève,
Tel est l'hiver.

Rébellion,
Négligence,
Futilités amères.
Poison,
Nuisance,
Le corps,
L'esprit.

Des mots
Figés
Par le gel,
Brisés
Par le silence.

[PointBlanc]

(C'est un peu ma réponse, Hosen.)

L'enfant qui se survit en moi
se rêvait plus vieux que son âge

Et maintenant que je commence
à vieillir pour de bon

Je le surprends souvent
qui regarde par ma fenêtre
en train de sourire à la perspective

A tout ce qui s'inscrit dans le carreau

Tout ce qui s'en éloigne

Au monde peut-être
au monde
qui lui aussi se survit à lui-même

[sanders]

Le chemin devant IL s'étendait avec force.
Se perdre était d'avance un possible peut-être.
Les ornières visibles se disputaient les bosses.
C'était comme une transe immobile et sans maître.

Les maîtres avaient pourtant eu quelques raisons d'être,
Aux lointains matins clairs où le chemin naquit.
Ils avaient fait leur temps avant de disparaître,
L'un creux abrupt et fier, l'autre bosse arrondie.

IL tenait hésitant un œil à sa conscience,
Cherchant parmi les ombres une carte lisible.
IL attendit longtemps. Les cris muets du Silence

Battaient son corps pesant. Un pied contre sa peur
Enfonça au plus sombre un trou qu'il prit pour cible.
Le chemin, du dedans, contempla son labeur.

Hors-sujet

Bon bon bon, aucun respect pour les sonnets ... j'y arrive pas même si c'est la forme qui m'inspire ... Peu de culture poétique par paresse ...
Merci à tous pour vos écrits qui donnent envie de répondre.

[Livingstone]

tiens, eh bien je réponds à PointBlanc, dont le texte en rappelle un à mon souvenir :

L'enfant, sur la balançoire,
se balance encore,
en moi.

[Invité]

The Gate

Self conceived
Self revealed
A gate
Amidst the ocean
Mighty

Tiny or big
Any fish
Swimming across
Turns in a dragon
Instantly

[Invité]

Pêche

Si quelqu’un me demande :
Qu’est-ce que la Vérité ?
Je répondrais :
L’eau a gelé.
L’appât est pris
Dans la glace.
Aucun poisson
N’y mordra.

[RegisRobert]

J'ai déjà griffonné des tas de trucs du genre en trouvant toujours ça peu technique, voire maladroit et peut-être trop enfantin. Mais ce soir j'ai écrit ça. Je vous le soumets avec humilité

► Afficher le texte

L'isolement

Les lèvres nouées et le coeur scellé.
L'inverse, peut-être? Je ne saurais décider.

D'hiver en été, j'avais appris à aimer
D'une passion qui ne pouvait me dévorer.
Observer, analyser, décortiquer.
Pudiquement, je m'y suis réfugié.

Bien des années plus tard,
Le voilà comme un couard
Il devait être mon phare
Mais devint mon cafard.

[Invité]

Pour toi, qui écris

Je te croise
Sur les sentiers des mots

Nos mots se croisent
Sur le chemin

Aujourd’hui demain
Jamais trop tard
Jamais trop tôt
Nos regards
Se croisent
Et nos cœurs
S’ouvrent
Ou se serrent
Comme des mains

Et l’on s’étreint
Comme ça
Pour rien
Sur le chemin

[Nelle]

Merci hosen, c'est beau

[PointBlanc]

L'histoire est fausse
Narcisse n'est pas mort
D'avoir voulu embrasser son reflet
Mais d'avoir cru
Qu'il y avait au fond de l'eau froide

Un monde qui parlait sa langue.

[O'Rêve]

"Qui es-tu ?
Que me veux-tu ?
Tu es froide, glacée.
Dis quelque chose.
Regarde-moi."

La petite chienne s’assoit et se met à pleurer,
A pleurer sans fin.
Elle reconnaît cette froideur,
Cette âme sans couleur.
Le regard de la Dame Blanche.
Un regard terne et blanc,
Le blanc laiteux de l’aveuglement.
Un regard sans expression,
Un regard sans écho.
Un regard vide, retournant les questions.