Je réponds uniquement au tout premier post de Diatribe ici (long à lire tout ce sujet, je fais pas à pas). Je commence par deux idées:
I opinion = identité (identité non seulement comme l'expérience qui définit la structure psychique et les opinions, mais aussi comme une "force" qui maintient les opinions fermement de la même manière que si on rentre chez toi et utilise tes affaires sans prêter aucune attention à "toi" tu te sentiras agressée...) (mnémotechnique: "les opinions, c'est comme les trous du cul tout le monde en a un"= c'est le "mien", pas touche...

il faut "dissocier" ses opinions de son identité et ça on ne peut pas le faire avec "toutes" les opinions... sinon ça mène à "dépersonnalisation": on ne sait plus qui on est. Pour continuer la métaphore mnémotechnique ( de "tu fais chier" à "je t'encule", c'est vraiment très facile à comprendre: c'est vraiment culturel comme métaphore), le "stade sadique anal" chez Freud correspondait à l'âge où on prend conscience qu'on a un rôle sur les réactions des autres et leur satisfaction: rétention du sphincter ou "relâchement"; n'être que rétention ou que relâchement c'est ne pas avoir passé ce stade de développement nécessaire à la construction de l'individu, de son "lui"...)
II "penser" différemment de son groupe ou de sa société (les groupes qui assurent ta "sécurité" mais aussi ton statut de créature sociale: les "fous", les "criminels" etc. sont "rejetés" par le social: on les enferme, isole, et les prive des "droits" citoyens) a un prix, ne serait ce que symbolique et identitaire: déjà celui de "penser" hors de ces zones de sécurité dites "universelles" et "inaliénables" qui définissent ton existence métaphysique initialement (naturellement, si on n'est pas mis en position de "rejeté" social, aucune raison de critiquer l'autorité... elle est amalgamée à ton existence assez naturellement: tu ne penses pas initialement tes parents comme criminels ou "méchants" par exemple: la preuve, ils te nourrissent et te protègent, t'éduquent etc. Ils sont pensés comme "justes" et "en harmonie" avec le monde et ce qui le compose, comme un tout unifié, on ne pense pas leurs décalages, faiblesses, échecs).
Ces éléments devraient répondre (par un autre angle) à tes 2 premiers chapitres, sur la subjectivité et sur émotionnel/rationnel (je ne rentre pas dans le débat sur la nature "méchante" de l'homme ou sur le meurtre que tu proposes en exemple, déjà parce que ce ne sont que des exemples et que la manière de les proposer est dans un cadre trop étriqué pour "tirer" quelque chose du débat je pense: les éléments que j'ai donné par exemple devraient changer la manière de les aborder comme débats).
A chacun des exemples que tu donnes pour "émotionnel", tu remarqueras aussi dans le contexte général qu'il y a beaucoup d'agressivité, mauvaise volonté, manipulations rhétoriques des opinions, et qu'il est assez justifié d'être "suspicieux" que de tels débats s'ouvrent. Mais je te suis tout à fait sur l'idée que "suspicieux" n'a pas à être "fermé" et encore moins "violent". Ce que tu reproches aux "émotionnels". Mais ça n'est pas qu'une question d'émotionnalité: d'identité aussi. Certaines personnes n'arrivent à rien en pensant, et donc préfèrent ne pas penser. Ca ne les rend pas moins utiles ou efficientes dans d'autres tâches. Simplement ils auront plus tendance à "suivre" que "questionner" (et énormément de "rebelles" là dedans: pas d'amalgames à faire). Et avec eux le "langage" et la "communication" que tu utiliseras ne sera pas celle du "débat". Parce que ça ne mène nulle part. On communique autrement: en amenant l'attention sur des choses, en les montrant, en illustrant paisiblement et en désamorçant les réflexes "violents".
Pour illustrer: le "nihilisme" n'est pas forcément "nihiliste" ni malveillant: mais il questionne. Questionner c'est paraitre nihiliste. Pour ceux qui comprennent "paraitre" comme synonyme d' "être" (un peu tout le monde à diverses mesures) alors on tient compte de leur vocabulaire. On "montre" ce qui est "visible". Sans questionner, ce qui est définitivement une démarche abstraite pour eux. Voire incompréhensible.
Pour toi, (à considérer ta manière d'amener les questions) je dirais que tu prends peut être trop pour "réalité" les "concepts" désignés par les "mots". Que tu les questionnes ne fait que montrer que tu es en démarche pour en désamorcer certains, mais la route est assez longue, et ne mène je crois (à mon niveau) à aucune certitude autre que "les mots définissent notre façon de penser"... c'est à dire un biais: les mots et les concepts surtout sur le plan des idées (par définition elles sont abstraites... pas aussi vérifiable qu'une chaise) nous biaisent.
Reprenons la "chaise": c'est quoi une chaise? une branche d'arbre, un rocher, du sable sur la plage? toute la plage? un truc à 4 pieds? une table, un tricyle sont une chaise? un homme peut il être une chaise? etc. Il n'y a pas de réponse "absolue". "absolu" est un concept, comme "objectivité". C'est abstrait, ça sert éventuellement à "penser" certaines choses, mais ça biaise aussi: ça ne désigne rien, ça n'existe pas hors du vocabulaire et de la pensée. Donc pour d'autres pensées, d'autres "sujets" de réflexion, ça sera "un problème". Une notion parasite.
Autre exemple: tu parles d"'universel"'. J'imagine donc que tu défendrais qu'universel désigne "une" chose, "quelque" chose. Mais tu montres toi même la complexité et la multiplicité d'"universel". Comment donc ça peut désigner "une" chose? C'est juste impossible, il y a contradiction au sein même de la formulation: pour se rapprocher d'"universel", on "déconstruit" sa verbalisation... sinon on reste dans une approche qui mènera vers une formulation d'"une" vérité... ("pensée unique"...

).
Tu comprends?
Et donc ça signifie en fait qu'on ne peut pas débattre de n'importe quoi avec n'importe qui (ou "rire de n'importe quoi avec n'importe qui..."). Déjà parce que si les gens ne "comprennent pas" qu'il y a décalage intrinsèque entre "mot" et "réalité", entre "culture" et "réel"... eh bien le dialogue est infaisable: ils utilisent des mots "culturels", et pas "pensés". Ils "affirment leur identité" quand tu "questionnes"... Ca ne sera fondamentalement qu'une agression. Et on ne peut pas dire comme Clint Eastwood (le bon la brute et le truand: ça ne marche qu'avec un flingue à la main et les intentions qu'il illustre, comme le "s''il vous plait" d'Al Capone...) "dans le monde, y'a deux types de personnes: ceux qui comprennent et ceux qui comprennent pas": simplement parce qu'on ne comprend pas: on "est" le langage, tous dans une certaine mesure...
Ton 3ème chapitre est assez optimiste (une méthode permettrait de débattre avec tout le monde), comme tu es une questionneuse, je questionne aussi: la méthode t'a permis de "discuter" sous forme "débat" avec quelqu'un (admettons tout le monde), mais est ce que la personne prendra en compte dans ce qu'elle est de ce que toi ou "la conclusion" avez tiré du débat? Ca n'est pas au fond une méthode pour "passer le temps gentiment en parlant du ciel et du beau temps"? pour reprendre une autre métaphore?

(celle de la discussion qui "ne porte à rien": on n'y joue aucun enjeu, ça n'a aucune profondeur, les "mots" ne désignent en fait pas grand chose, on aurait le même résultat en bougonnements ou en chantant (ce qui serait probablement plus fructueux, de fait: la musique influe les caractères...)
Et en gros, tu as fait un travail intéressant en regardant les mécanismes... Ce que je proposais est de considérer dans un cadre plus large: en gros "parler" ne signifie pas "échanger des idées" dans la grande majorité des situations. C'est en fait assez rare. Et probablement pas "pour tout le monde", encore moins "pour tout le monde à tout instant de la vie".
Pas encore lu la suite, je rajouterai ptêtre un truc. Au plaisir de débattre avec toi quand même
