
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=uuQ4yL-jyfk[/BBvideo]
Dans cette vidéo, Nicolas Gauvrit, chercheur en psychologie spécialisé dans le haut potentiel, aborde des questions qui me paraissent très pertinentes. Notamment, un problème méthodologique (après tout c'est le thème de la chaine !) et ses conséquences est mis en lumière :
Il est très difficile de mener des études fiables, c'est à dire avec suffisamment de sujets, en contrôlant assez bien toutes les variables qui pourraient biaiser les résultats (sexe, milieu socio-professionnel d'origine, pathologie psychiatrique, etc.) dans le but de mettre en évidence des traits caractéristiques ou des particularités de fonctionnement propre au haut potentiel, car c'est une population très difficile à recruter.
Si on recrute les participants dans une association ou un service de consultation psychologique par exemple, c'est un biais énorme car les personnes en questions ont plus de chance d'avoir des caractéristiques, des motivations ou des difficultés communes. Par exemple, les enfants HPI dont les parents ont formé une association sont recrutables plus facilement et sont plus visible, mais ont plus de chance d'être en difficulté scolaire, difficultés qui ont conduit les parents à rejoindre la dite association.
Si on veut limiter au mieux ce genre de biais il faudrait recruter une population aléatoire, réaliser un bilan intellectuel auprès de tout les participants et n'inclure dans l'étude que ceux qui ont un QI supérieur à 130. On imagine bien que le cout d'une telle étude, si on veut un nombre raisonnable de participant pour mesurer la prévalence des troubles anxieux ou de l'hypersensibilité ou encore des particularités sensorielles chez les personnes HPI, est juste colossal.
La conséquence de ce frein à la recherche est que les "experts" qui ont le plus de visibilité et tentent d'apporter des éléments de réponses aux questions soulevées autour des spécificités de fonctionnement des personnes HPI sont souvent des médecins ou des psychologues dont les surdoués constituent la patientèle et qui livrent, souvent en toute bonne foi, leurs observations et leurs ressentis sur la question.
Mais la population qui fréquente assidument les cabinets de psychologie est globalement plus susceptible d'avoir des difficultés plus importantes que ceux qui estime que cela n'est pas nécessaire ! Grossièrement, les psys voient plutôt les HPI qui vont mal, et dressent un portrait qui prends des airs de description zoologique sur la base de cette population quand même assez restreinte et biaisée.
Sur la question de la sur-représentation des troubles anxieux chez les personnes HP, beaucoup d'études tendent à montrer qu'il ne s'agit pas d'autre chose que d'une idée reçue, et que les surdoués sont autant, voire moins anxieux que la population générale !
Cet article répertorie des études qui vont dans ce sens : http://www.scilogs.fr/raisonetpsycholog ... t-anxieux/
Si les études ne sont pas méthodologiquement parfaites, pour les raisons évoquées ci-dessus, elles sont quand même nombreuses et vont globalement dans le même sens : l'anxiété n'est pas un des "symptôme" de la douance.
D'une manière générale, cela pousse à s'interroger sur la pertinence des descriptions uniformes qui fleurissent dans la littérature spécialisée, dépeignant tant bien que mal un adulte incompris et inadapté souffrant d'une différence sociale délétère. Comme si la douance était une pathologie psychiatrique, ou conditionnait à ce point le comportement et la personnalité d'un individu.
Quelles réponses sont recherchés à travers un tel questionnement ?
Quel est la pertinence de définir le haut potentiel avec des critères d'inadaptation ? Est-ce vraiment une bonne définition de l'intelligence ?
N'en déplaise à Jeanne Siaud-Facchin, on a peut-être finalement le droit d'être intelligent et heureux
