ILLUSTRATION: (extrait de Will Hunting: un entretient à la NSA, ou les limites morales de l'utilisation du savoir)
https://www.youtube.com/watch?v=9JdNGsWiJ-M
QUESTIONS EN VRAC:
-devons-nous nous taire, saboter notre travail, pour que jamais le « pouvoir » de la connaissance n'arrive entre des mains douteuses ?
-Ou au contraire, devons nous rester dans cette pratique théorique charmante et fascinante, malgré ce que ça implique?
-Est-ce de la naïveté de croire que l'homme possède un amour de la connaissance plus grand qu'un amour du pouvoir ?
-Devons-nous prendre cette responsabilité par rapport nos idées et nos inventions, et si oui, comment endosser cette responsabilité?
- Le savoir est une arme, faudrait-il désarmer le monde ?
-Qu'est ce qui revient de notre responsabilité par rapport au savoir ?
-Notre responsabilité serait-elle donc de diffuser ce savoir au plus grand nombre, de le saboter, ou encore de le limiter?
-------------------------------------introduction trop longue et brouillon ci dessous-----------------------------------------
Je propose aujourd'hui de débattre autour du thème « Savoir et responsabilité ».
J'ai hésité avec le terme connaissance, mais le savoir me semble plus large: il englobe les découvertes, les inventions, le savoir dire, le savoir faire. Mais quel rapport avec la responsabilité?
Devant la contingence à laquelle je me confronte dans l'existence, de façon quotidienne, il m'arrive toujours de trouver des excuses. Par exemple, devant l'injustice sociale je me dit « ceci ne me regarde pas », « tu ne changeras pas le monde » « c'est la vie ». Alors, bien souvent, j' »obéis aux ordres », « je fais ce que je dois faire », mais je me plonge tout aussi aveuglément dans mes passions, je fais « ce qui me plaît ». Face a la tristesse de ce monde, et à mon œil las qui voit que ça n'a pas changé en dix mille ans et que l'homme s'entête à vouloir dominer ses congénères (par le mépris dans nos sociétés, par les diverses violences hiérarchiques, par l'augmentation de nos capacités techniques et militaires), je me situe à ce point de non retour où deux choix s'offrent à moi : décider d'agir dans le monde, bien que je sois désespérée qu'il y ait un changement, ou alors rester dans ma « bulle scientifique », décidant que tout cela ne me concerne pas et que n'importe qui pourra m'utiliser comme vache a lait, parce qu' au fond, j'aime faire du lait....
Nous, humains, en tant que détenteurs d'un savoir potentiellement utile, dont nous ignorons parfois les applications atroces qui peuvent en découler, devons-nous nous taire, saboter notre travail, pour que jamais le « pouvoir » de la connaissance n'arrive entre des mains douteuses ? Ou au contraire, devons nous rester dans cette pratique théorique charmante et fascinante, quitte à être un maillon de l'horrible chaîne ? Sommes-nous naïf de croire que l'homme possède un amour de la connaissance plus grand qu'un amour du pouvoir ?
L'esprit humain est producteur de science et de techniques, et les exemples d'inventions détournées pour des fins stratégiques et dominatrices sont légions. Quelle tristesse de regarder une bombe atomique s'écraser sur des millions de vie, et de savoir qu'on en est l'auteur ! Quelle tristesse d'avoir une passion brûlante pour les étoiles, de marcher sur la lune, et de savoir qu'on a appliqué une telle prouesse, non pas pour aller plus loin, pour augmenter la connaissance et la sagesse humaine, mais pour développer une propagande politique ! (comme dirais mon conjoint: l'accélérateur a particule, tu crois vraiment qu'on dépense des millions pour le confectionner et contenter trois petits génies passionnés, ou pour faire des découvertes techniques utilisables au niveau du pouvoir?)
Le monde se frotte les mains en attendant les avancées théoriques et techniques.
Suite a ce constat, ma question est de savoir si nous devons prendre cette responsabilité par rapport nos idées et nos inventions, et si oui, comment endosser cette responsabilité. Le savoir est une arme, faudrait-il désarmer le monde ?
Cependant, Kant avait remarqué un point, en parlant de l'insociable sociabilité : c'est par la mise en concurrence des individus que nos sociétés progresses. Quand on veut dépasser autrui, on met tout en notre pouvoir pour s'améliorer.
La banalité du mal : terme employé par Ahrendt pour parler de ce phénomène : la déresponsabilisation de masse, l'acceptation naïve. Personnellement, je me complet dans ma bulle universitaire, j'adore écrire, me tenir loin des considération sociales. Pourtant, je crois que ma conscience m'empêche d'être tout a fait sereine quand je lis des sociologues qui donnent des solutions « clé en main » pour diriger et manipuler un peuple. Ça me tiraille d'entendre un de mes profs dire « pour éviter une crise dans notre société, il faut empêcher que les gens s’aperçoivent de leur propre malheur. Il faut les divertir. » Et ça me tue que nos travaux de petits rêveurs perdus dans la théorie, soient réutilisés par des enseignants-chercheurs eux même participants à un parti politique, et donnant des arguments tout frais au maire & cie. (pardon de cette généralité, mais ça arrive, et bien souvent...)
Le problème est profond : chaque action que nous faisons sans prendre la responsabilité du bien commun devient, par la négative, cette banalité du mal : depuis l'ouvrier agricole qui pratique l'agriculture extensive car on lui a enseigné de faire comme ça, jusqu'au jeune prodige qui invente une cape d'invisibilité après avoir regardé harry potter, illico reprise par nos armées.... (là j'exagère, ce sont des labos entiers qui ont travaillé dessus, sans doute suite a une demande spécifique de recherche.... mais vous voyez l'idée)
Mais cette vaste question touche aussi a l'indifférence égoïste : oui mais ! Si moi ça me plaît de vivre dans un monde violent mais dans lequel on me permet de continuer les savants fous dans mon coin ? Et si ça me plaît, l'élitisme et la hiérarchie froide, le carriérisme a outrance ? Si je m'y complet ? Est-ce que ça fait de moi un monstre ? (personnellement, il m'arrive dans des élans d'aigreur de penser comme ça.Mais je vous propose ce débat parce que le reste du temps, ça me fusille les neurones.)
Voilà quelques pistes, j'aimerais vraiment beaucoup avoir votre avis sur la question. Qu'est ce qui revient de notre responsabilité par rapport au savoir ?
Je met ici deux citations, :
Henry Ford« Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire.
Car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin. »
…...Si on avait partagé la connaissance du fonctionnement du système bancaire, les gens comprendraient à quel point on les exploite, et ils se révolteraient. Là, le savoir est vraiment une arme de domination.
Cependant, les découvertes scientifiques et sociales peuvent être vues comme bénéfiques (Kant pense comme ça, mais Laborit aussi) :
— Henri Laborit, Mon oncle d'Amérique« Tant qu'on n'aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l'utilisent et tant que l'on n'aura pas dit que jusqu'ici cela a toujours été pour dominer l'autre, il y a peu de chance qu'il y ait quoi que ce soit qui change. »
Notre responsabilité serait-elle donc de diffuser ce savoir au plus grand nombre, de le saboter, ou encore de le limiter? A vous

edit: j'ai lancé des directions diverses.... si vous avez des idées d'autres problématisations autour des termes de savoir et responsabilité, je suis toute ouïe... d'ailleurs, dans ma présentation, une autre question a été soulevée: la responsabilité se limite t-elle au politique? = ça rejoint un peu la question de savoir comment prendre ses responsabilité, et si il existe des types de responsabilités non politiques. (la seule que je vois, c'est la responsabilité du plus faible que soi. Je me sentirais responsable si quelque chose arrivait a mon bébé lapin par exemple
